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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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à réunir leurs
forces avec l’autorité du sénat. Dioclétien, par de prudentes mesures, diminua
insensiblement le nombre des prétoriens, abolit leurs privilèges [1200] , et leur
substitua deux fidèles légions d’Illyrie, qui, sous les nouveaux titres de
Joviens et d’Herculiens, firent le service des gardes impériales [1201] . Mais le coup
le plus terrible que Dioclétien et Maximien portèrent au sénat, fut la
révolution que, sans bruit et sans éclat, devait nécessairement amener leur
longue absence. Tant que les empereurs résidèrent à Rome, cette assemblée,
souvent opprimée, ne pouvait être négligée. Les successeurs d’Auguste avaient
établi toutes les lois que leur dictait leur sagesse ou leur caprice ;
mais ces lois avaient été ratifiées par la sanction du sénat, dont les
délibérations et les décrets présentaient toujours l’image de l’ancienne
liberté. Les sages monarques qui respectèrent les préjugés du peuple romain,
avaient été en quelque sorte obligés de prendre le langage et la conduite
convenables au général et au premier magistrat de la république. Dans les camps
et dans les provinces ils déployèrent la dignité de souverain ; et, dès
qu’ils eurent fixé leur résidence loin de la capitale, ils abandonnèrent à
jamais la dissimulation qu’Auguste avait recommandée à ses successeurs. En
exerçant la puissance exécutive et législative de l’État, le prince prenait
l’avis de ses ministres, au lieu de consulter le grand conseil de la nation. Le
nom du sénat fut cependant cité avec honneur jusqu’à la destruction totale de
l’empire : ses membres jouissaient de plusieurs distinctions honorables qui
flattaient leur vanité [1202] .
Mais on laissa respectueusement tomber dans l’oubli l’assemblée auguste qui,
pendant si longtemps, avait d’abord été la source et ensuite l’instrument du
pouvoir. Le sénat, n’ayant plus de liaison avec la nouvelle constitution ni
avec la cour impériale, resta sur le mont Capitolin comme un monument
vénérable, mais inutile, d’antiquité.
    Lorsque les souverains de Rome eurent perdu de vue le sénat
et leur ancienne capitale, ils oublièrent aisément l’origine et la nature du
pouvoir qui leur était confié. Les emplois civils de consul, de proconsul, de
censeur et de tribun, dont la réunion y avait formé l’autorité des princes,
rappelaient encore au peuple une origine républicaine. Ces titres modestes
disparurent [1203]  ;
et si le souverain se fit toujours appeler, empereur ou imperator , ce
mot fût pris dans un sens nouveau et plus relevé. Au lieu de signifier le
général des armées romaines, il désigna le maître de l’univers. Au nom
d’empereur, dont l’origine tenait aux institutions militaires on en joignit un
autre qui marquait davantage l’esprit de servitude. La dénomination de seigneur
ou dominus exprimait originairement, non l’autorité d’un prince sur ses
sujets, ou celle d’un commandant sur ses soldats, mais le pouvoir arbitraire
d’un maître sur des esclaves domestiques [1204] .
Considéré sous cet odieux aspect, il fut rejeté avec horreur par les premiers
Césars. Leur résistance devint insensiblement plus faible et le nom moins
odieux. Enfin la formule de notre seigneur et empereur fut non seulement
adoptée par la flatterie, mais encore régulièrement admise dans les lois et
dans les monuments publics. Ces expressions pompeuses devaient satisfaire la
vanité la plus excessive ; et, si les successeurs de Dioclétien refusèrent le
nom de roi,  ce fût moins l’effet de leur modération que de leur délicatesse.
Parmi les peuples qui parlaient latin (et cette langue était celle du
gouvernement dans tout l’empire), le titre d’empereur, particulièrement réservé
aux monarques de Rome, imprimait plus de vénération que celui de roi. Ces
princes auraient été forcés de partager ce dernier nom avec une foule de chefs
barbares, et ils n’auraient pu le tirer que de Romulus ou de Tarquin. Mais
l’Orient avait des principes bien différents. Dès les premiers âges dont
l’histoire fasse mention, les souverains de l’Asie avaient été nommés en grec basileus ou roi ; et, comme cette dénomination désignait dans ces contrées le rang le
plus élevé, les habitants s’en servirent bientôt dans les humbles requêtes
qu’ils portaient au pied du trône romain [1205] .
Les attributs même ou du moins les titres de la divinité furent usurpés

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