Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
par
Dioclétien et par Maximien, qui les transmirent aux princes chrétiens, leurs successeurs [1206] . Au reste, ces
expressions extravagantes perdirent leur impiété en perdant leur signification
primitive. Dès qu’une fois l’oreille est accoutumée au son, un pareil langage
n’excite que l’indifférence, et est reçu comme une protestation de respect
aussi vague qu’exagérée.
    Depuis le temps d’Auguste jusqu’au règne de Dioclétien, les
Romains n’avaient eu pour leurs princes que les égards dus aux simples
magistrats. L’empereur conversait familièrement avec ses concitoyens. Le
manteau impérial ou robe militaire, entièrement de pourpre, était leur
principale marque de distinction ; la toge des sénateurs était simplement
bordée d’une large bande aussi de pourpre, et les chevaliers en portaient une
plus étroite, sur leurs habits [1207] .
L’orgueil, ou plutôt la politique engagea Dioclétien à introduire dans sa cour,
la magnificence des monarques persans [1208] .
Il osa ceindre le diadème, cette marque odieuse de la royauté dont les Romains
avaient reproché l’usage à Caligula comme l’acte de la plus insigne folie. Le
diadème était un large bandeau blanc et brodé de perles, qui entourait la tête
de l’empereur. Dioclétien et ses successeurs portèrent de superbes robes d’or
et de soie, et l’on ne vit qu’avec indignation leurs souliers même couverts de
pierres précieuses. De nouvelles formes et de nouvelles cérémonies rendaient
tous les jours plus difficile l’abord de leurs personnes sacrées. Les avenues
du palais étaient sévèrement gardées par des officiers de différentes écoles (ainsi qu’on commençait à les nommer alors). Les appartements intérieurs
étaient confiés à la vigilance des eunuques dont le nombre et l’influence,
augmentant sans cesse, marquaient visiblement les progrès du despotisme.
Lorsqu’un sujet obtenait enfin la permission de paraître en présence de l’empereur,
il était obligé, quel que fût son rang, de se prosterner contre terre et
d’adorer, selon la coutume des Orientaux la divinité de son seigneur et maître [1209] . Dioclétien
avait l’esprit éclairé avant de monter sur le trône. Dans le cours d’un long
règne ce prince avait appris à se connaître, et il avait apprécié les hommes.
Il est difficile de croire qu’en substituant les manières de la Perse à celles
de Rome, il ait été dirigé par un motif aussi bas que la vanité. Il se flattait
qu’une ostentation de splendeur et de luxe subjuguerait l’imagination de la
multitude ; que le monarque serait moins exposé à la licence grossière des
soldats et du peuple, tant qu’il se déroberait aux regards publics ; et que
l’habitude de la soumission produirait insensiblement des sentiments de
respect. Semblable à la modestie affectée d’Auguste, le faste de Dioclétien fut
une représentation de théâtre. Mais, il faut l’avouer, de ces deux comédies la
première renfermait plus de noblesse et de véritable grandeur que la dernière :
l’une avait pour but de cacher, et l’autre de développer le pouvoir immense que
les empereurs exerçaient sur leurs vastes domaines.
    L’ostentation avait été le premier principe du système de
Dioclétien ; la division en fût le second. Il divisa l’empire, les provinces
et toutes les branches de l’administration civile et militaire. Il multiplia
les roues de la machine politique ; et, si ses opérations. furent moins
rapides elles devinrent plus sûres. Tous les avantages et tous les défauts que
l’on a pu remarquer dans le nouveau système doivent être attribués, en grande
partie, à son premier inventeur. Mais, comme ce plan d’administration fut
perfectionné par degrés, et qu’il ne fut achevé que sous les princes suivants,
nous examinerons l’édifice lorsque nous serons arrivés au temps où il fut
entièrement fini [1210] .
Réservant donc pour le règne de Constantin une description plus exacte du
nouvel empire, nous nous contenterons de tracer les traits principaux et
caractéristiques du tableau dessiné par la main de Dioclétien. Ce prince avait
associé trois collègues au pouvoir suprême. Persuadé que les talents d’un seul
homme ne suffisaient pas pour défendre de si vastes domaines, il ne considéra
pas seulement l’administration réunie de quatre souverains comme un expédient
momentané, Dioclétien en fit une loi fondamentale de la constitution. Il

Weitere Kostenlose Bücher