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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’un état futur de récompenses et de punitions,
étaient au nombre de- ces nouveaux articles de leur croyance. Comme les
pharisiens, par l’austérité de leurs mœurs, avaient attiré dans leur parti le
corps de la nation juive, sous le règne des princes et des pontifes Asmonéens,
l’immortalité de l’âme devint l’opinion dominante de la synagogue. L’humeur des
Juifs n’était pas capable de se contenter de cet acquiescement froid et languissant
qui aurait pu satisfaire l’esprit d’un polythéiste ; dès qu’ils eurent
admis l’idée d’une vie à venir, ils l’embrassèrent avec tout le zèle qui avait
toujours caractérisé la nation. Au reste, leur zèle n’ajoutait rien à
l’évidence ni à la probabilité de cette doctrine ; et il était encore
nécessaire que le dogme de la vie et de l’immortalité, qui avait été dicté par
la nature, approuvé par la raison, et adopté par la superstition, reçût de
l’autorité et de l’exemple de Jésus-Christ la sanction de vérité divine.
    Lorsque la promesse d’un bonheur éternel fut offerte aux
hommes, sous la condition d’adopter la croyance et d’observer les préceptes de
l’Évangile, il n’est pas étonnant qu’une proposition si avantageuse ait été
acceptée par un grand nombre de personnes de toutes les religions, de tous les
états, et de toutes les provinces de l’empire romain. Les premiers chrétiens
avaient pour leur existence présente un mépris, et ils attendaient
l’immortalité avec une confiance dont la foi douteuse et imparfaite des siècles
modernes saurait donner qu’une bien faible idée. Dans la primitive Église,
l’influence de la vérité tirait une force prodigieuse d’une opinion
respectable, par son utilité et par son ancienneté, mais qui n’a pas été
justifiée par le fait. On croyait universellement que la fin du monde et le
royaume des cieux étaient sur le point d’arriver. L’approche de ce merveilleux
événement avait été prédite par les apôtres ; leurs plus anciens disciples
en avarient conservé la tradition ; et ceux qui expliquaient littéralement
les paroles de Jésus-Christ lui-même, étaient obligés de croire que le Fils de
l’Homme allait bientôt paraître dans les nuages, et qu’il descendrait de
nouveau sur la terre avec tout l’éclat de sa gloire, avant l’extinction totale
de cette génération qui avait été témoin de son humble état dans le monde, et
qui pouvait attester les calamités des Juifs sous Vespasien et sous l’empereur
Adrien. Dix-sept siècles révolus nous ont appris a ne pas trop presser le
langage mystérieux des prophéties et de l’Apocalypse ; mais cette erreur,
tant que les sages décrets de la Providence qui permis qu’elle subsistât dans
l’Église, produisit les effets les plus salutaires sur la foi et sur la
conduite des chrétiens, qui vivaient dans l’attente auguste de ce moment où le
globe lui-même et toutes les différentes races des mortels trembleraient à
l’aspect de leur divin juge [1408] .
    L’ancienne doctrine des millénaires, qui eut tant de
partisans, tenait intimement à l’opinion de la seconde venue du Messie. Comme
les ouvrages de la création avaient été fais en six jours, leur état actuel
était fixé à six mille ans [1409] ,
selon une tradition attribuée au prophète Élie. Par la même analogie on
prétendait que cette longue période, alors presque accomplie [1410] , de travaux et
de disputes, succèderait un joyeux sabbat de dix siècles, et que Jésus-Christ,
suivi de la milice triomphante des saints et des élus échappés à la mort ;
ou miraculeusement rappelés à la vie, régnerait sur la terre jusqu’au temps
désigné pour la dernière et générale résurrection. Cet espoir flattait
tellement l’esprit des fidèles, que la nouvelle Jérusalem , siége de ce
royaume de félicité, fut bientôt ornée de toutes les peintures les plus
séduisantes de l’imagination.  Dans ce séjour délicieux, où les habitants
devaient conserver leurs sens et toutes les facultés de la nature humaine, un
bonheur qui aurait consisté seulement dans des plaisirs purs et spirituels,
aurait paru trop raffiné. Le jardin d’Éden et les amusements de la vie
pastorale ne convenaient plus aux progrès que la société avait faits sous
l’empire romain. Une ville fut donc bâtie, brillante d’or et de pierres
précieuses ; partout aux environs la terre produisait d’elle-même avec

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