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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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leurs têtes de guirlandes de fleurs. Cet usage innocent, qui formait un
spectacle agréable, aurait pu être toléré comme une institution purement civile
; mais il se trouvait malheureusement que les portes étaient sous la protection
des dieux pénates, que le laurier était consacré à l’amant de Daphné, et que
ces guirlandes de fleurs, quoique souvent le symbole de la joie ou de la
tristesse avaient été employées, dans leur première origine, au service de la
superstition. Ceux des chrétiens qui se déterminaient à suivre, sur ce point,
les coutumes de la patrie et les ordres du magistrat, éprouvaient de terribles
agitations : en proie aux plus sombres alarmes, ils redoutaient les reproches
de leur conscience, les censures de l’Église et l’annonce de la vengeance
divine [1397] .
    Tels étaient les soins pénibles qu’il fallait prendre, pour
garantir la pureté à l’Évangile du souffle empoisonné de l’idolâtrie. Les
partisans de l’ancienne religion observaient avec indifférence les rites
publics ou particuliers qu’ils tenaient de l’éducation et de l’habitude ; mais
toutes les fois que ces cérémonies superstitieuses se présentaient, elles
fournissaient aux chrétiens une occasion de s’opposer avec force aux .anciennes
erreurs, et de déclarer leurs sentiments. Ces protestations fréquentes
affermissaient leur attachement à la foi ; et à mesure que leur zèle
s’augmentait, ils soutenaient, avec plus d’ardeur et avec des succès plus
marqués cette guerre sainte, qu’ils avaient entreprise contre l’empire des
démons.
    II . Les écrits de Cicéron [1398] peignent des
couleurs les plus vives l’ignorance, les erreurs et l’incertitude des anciens
philosophes, au sujet de l’immortalité de l’âme. Ils voulaient armer leurs
disciples contre la crainte de la mort ; ils leur inculquaient cette idée
simple, mais triste,  que le coup fatal de notre dissolution nous délivre des
calamités de la vie, et que ceux qui ont peu de temps à exister ont si peu de
temps à souffrir. Rome et la Grèce renfermaient cependant un petit nombre de
sages qui avaient conçu une idée plus relevée, et à certains égards, plus juste
de la nature humaine, quoique dans leurs sublimes recherches, leur raison ait
souvent pris pour guide leur imagination, et que leur imagination ait été
dirigée par la vanité. Lorsqu’ils contemplaient avec complaisance l’étendue de
leurs puissances intellectuelles ; lorsque dans les spéculations les plus
profondes, ou dans les études les plus importantes, ils exerçaient les diverses
facultés de la mémoire de l’imagination et du jugement ; lorsque enfin ils
méditaient sur cet amour de la gloire, qui les transportait dans les siècles
futurs, bien au-delà des limites de la mort et du tombeau , ils ne pouvaient
consentir à se confondre avec les animaux des champs, ni se résoudre à supposer
qu’un être, dont la dignité leur inspirait l’admiration la plus vive, fût
réduit à une petite portion de terre et à une durée de quelques années. Pour
appuyer des sentiments si favorables à l’excellence de notre espèce, ils
appelèrent à leur secours la science, ou plutôt le langage de la métaphysique.
Ils découvrirent bientôt que, comme aucune des propriétés de la matière ne peut
s’appliquer aux opérations de l’esprit, l’âme devait être une substance différente
du corps, pure, simple et spirituelle, incapable de dissolution, et susceptible
d’un degré plus parfait de bonheur et de vertu, après être sortie de sa prison
corporelle. Les philosophes qui marchèrent sur les traces de Platon, tirèrent
de ces principes nobles et spécieux une conclusion qu’il eût été très difficile
de justifier, puisque, non contents d’établir l’immortalité de l’âme, ils
prétendaient prouver son éternité antérieure, et qu’ils penchaient à la
regarder comme une portion de cet esprit infini, existant par lui-même, qui
remplit et soutient l’univers [1399] .
Un système si élevé au-dessus des sens et de l’expérience de tous les hommes
pouvait amuser le loisir d’un philosophe ; peut-être aussi, dans le
silence de la solitude, cette doctrine consolante offrait-elle quelquefois un
rayon d’espoir à la vertu découragée. Mais la faible impression qui avait été
communiquée dans les écoles, se perdait bientôt au milieu du tumulte et des
agitations de la vie active. Nous connaissons assez les actions,

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