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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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principes bien différents :
la force de la phalange consistait en seize rangs de longues piques, de manière
à former la palissade la plus serrée [60]  ;
mais la réflexion et l’expérience prouvèrent que cette masse immobile était
incapable de résister à l’activité de la légion [61] .
    La cavalerie, sans laquelle la force de la légion serait
restée imparfaite, était divisée en dix escadrons : le premier, comme
compagnon de la première cohorte, consistait en cent trente-deux hommes, et les
neuf autres chacun en soixante-six ; ce qui faisait en tout, pour nous servir
des expressions modernes, un régiment de sept cent vingt-six chevaux. Quoique
naturellement attaché à sa légion respective, chaque régiment de cavalerie en
était séparé, suivant les occasions, pour être rangé en ligne, et faire partie
des ailes de l’armée [62] .
Sous les empereurs, la cavalerie était bien différente de ce qu’elle avait été
dans son origine. Du temps de la république, elle était composée des jeunes
gens les plus distingués de Rome et de l’Italie, qui, en remplissant ce service
militaire, se préparaient à acquérir les dignités de sénateur et de consul, et
sollicitaient, par leurs exploits, les suffrages de leurs concitoyens [63] . Mais depuis le
changement qui était survenu dans les mœurs et dans le gouvernement, les plus
riches citoyens de l’ordre équestre se consacrèrent à l’administration de la
justice et à la perception des revenus publics [64] .
Ceux qui embrassaient la profession des armes étaient aussitôt revêtus du
commandement d’une cohorte [65] ou d’un escadron [66] .
Trajan et Adrien tirèrent leur cavalerie des mêmes provinces et de la même
classe de leurs sujets, qui fournissaient des hommes aux légions : on
faisait venir des chevaux d’Espagne et de la Cappadoce. Les cavaliers romains
méprisaient cette armure complète dans laquelle la cavalerie des Orientaux était
comme emprisonnée : la partie la plus importante de leur armure défensive
consistait dans un casque, un bouclier ovale, de petites bottes et une cotte de
mailles ; une javeline et une longue et large épée étaient leurs
principales armes offensives. Il parait qu’ils avaient emprunté des Barbares
l’usage des lances et des massues de fer [67] .
    La sûreté et l’honneur de l’empire étaient confiés
principalement aux légions ; mais la politique de Rome ne dédaigna rien de
tout ce qui pouvait lui être utile à la guerre. On faisait régulièrement des
levées considérables dans les provinces dont les habitants n’avaient point
encore mérité la distinction honorable de citoyens. On permettait à des princes
ou à de petits États dispersés le long des frontières d’acheter, par un service
militaire, leur liberté et leur sûreté [68] .
Souvent même, soit par force, soit par persuasion, on déterminait des Barbares
que l’on redoutait à envoyer l’élite de leurs troupes épuiser, dans les climats
éloignés, leur dangereuse valeur contre les ennemis de l’empire [69] . Tous ces
différents corps étaient connus généralement sous le nom d’auxiliaires. Quoique
leur nombre variât selon les temps et les circonstances, il était rarement
inférieur à celui des légions [70] .
Les plus courageux et les plus fidèles de ces auxiliaires étaient placés sous
le commandement des préfets et des centurions, et sévèrement instruits à la
discipline des Romains ; mais ils retenaient, pour la plupart, les armes
que leur rendaient propres, soit la nature de leur pays, soit les habitudes de
leur première jeunesse ; et, par ce moyen, comme à chaque légion était
attaché un certain nombre d’auxiliaires, chacune renfermait toutes les espèces
de troupes légères, avait l’usage  de toutes les armes de trait, et pouvait
ainsi opposer à chaque nation la même discipline et les mêmes armes qui la
rendaient formidable [71] .
La légion n’était pas dépourvue de ce que l’on pourrait appeler, dans nos
langues modernes, un train d’artillerie ; elle avait toujours à sa suite
dix machines de guerre de la première grandeur, et cinquante-cinq plus petites,
qui toutes lançaient, selon diverses directions, des pierres et des dards avec
une violence irrésistible [72] .
    Le camp d’une légion romaine ressemblait  à une ville
fortifiée [73] .
Aussitôt que l’espace était tracé, les pionniers avaient soin d’aplanir le
terrain, et d’écarter tous les

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