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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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observer
que les jardins et le cirque de Néron sur le Vatican, qui furent arrose du sang
des premiers chrétiens, sont devenus bien plus fameux encore par le triomphe de
la religion persécutée, et par l’abus qu’elle à fait de ses victoires. Sur le
même terrain [1595] les pontifes chrétiens ont élevé dans la suite un temple qui surpasse de
beaucoup les antiques monuments de la gloire du Capitole. Ce sont eux qui,
tirant d’un humble pêcheur de Galilée leurs prétentions à la monarchie
universelle, ont succédé au trône des Césars ; et qui, après avoir donné
des lois aux conquérants barbares de Rome, ont étendu leur juridiction
spirituelle depuis la côte de la mer Glaciale jusqu’aux rivages de l’océan
Pacifique.
    Avant de perdre entièrement de vue la persécution de Néron,
nous croyons devoir ajouter un petit nombre de remarques qui pourront servir à
lever les difficultés que présente le récit de cet événement et à jeter quelque
lumière sur l’histoire postérieure de l’Église.
    1° Le scepticisme le plus hardi est forcé de respecter la
vérité de ce fait extraordinaire et l’intégrité de ce passage célèbre de
Tacite. La vérité en est attestée par le témoignage de Suétone. Cet auteur
exact et soigneux parle des châtiments, que Néron infligea aux chrétiens, secte
d’hommes qui avaient embrassé une superstition nouvelle et malfaisante [1596] . La pureté du
texte de Tacite se trouve garantie par la conformité des plus anciens
manuscrits, par le caractère inimitable du style de ce grand écrivain, par la
réputation qui préserva ses ouvrages des interpolations d’une pieuse fraude, et
par la substance de sa narration, où il accuse les chrétiens des crimes les
plus atroces, sans donner à entendre que le don des miracles, où même l’art de
la magie, les élevât au-dessus des autres hommes [1597] .
    2° Cependant Tacite n’était né probablement que quelques
années avant l’incendie de Rome [1598] ,
et ne pouvait connaître que par la lecture et par la conversation un fait
arrivé dans son enfance. Avant de se montrer en public il attendit
tranquillement que son génie fût parvenu à toute sa maturité ; et il avait
plus de quarante ans, lorsqu’un tendre respect pour la mémoire du vertueux
Agricola lui arracha la première de ces productions historiques qui feront les
délices, et l’instruction de la postérité la plus reculée. Des qu’il eut essayé
ses forces, dans la vie de son beau-père et dans la description de la Germanie,
il conçut et il exécuta enfin un ouvrage plus difficile, l’histoire de Rome en
trente livres, depuis la chute de Néron jusqu’à l’avènement de Nerva :
l’administration du dernier de ces princes ramerait un âge de justice et de
prospérité, dont Tacite réservait le tableau pour l’occupation de sa vieillesse [1599] . Mais lorsqu’il
eut envisagé son sujet de plus prés, jugeant peut-être qu’il était à la fois
plus honorable et moins dangereux, de décrire les vices des tyrans qui
n’existait plus, que de célébrer les vertus d’un prince vivant, il aima mieux
rapporter en forme d’annales les actions des quatre premiers successeurs
d’Auguste. Rassembler les événements qui s’étaient passés durant une période de
quatre-vingts ans, les disposer, les peindre dans un ouvrage immortel dont
chaque phrase renferme les observations les plus profondes et les images les
plus brillantes, c’était une entreprise qui devait suffire pour exercer le
génie de Tacite lui-même, pendant la plus grande partie de sa vie. Dans les
dernières années du règne de Trajan, tandis que le monarque victorieux étendait
la puissance de Rome au-delà de ses anciennes limites, l’historien peignait,
dans le second et dans e quatrième livre de ses Annales, la tyrannie de Tibère [1600]  ; et
l’empereur Adrien monta probablement sur le trône avant que Tacite, selon la
marche de son ouvrage, pût parler de l’incendie de Rome, et de la cruauté de
Néron envers les malheureux chrétiens. A soixante ans de distance, l’annaliste
se trouvait forcé d’adopter les relations des contemporains ; mais le
philosophe, en exposant l’origine, les progrès et le caractère de la nouvelle
secte, devait naturellement se conformer moins aux idées du siècle de Néron
qu’aux notions ou aux préjugés du temps d’Adrien.
    3° Tacite laisse très souvent à la curiosité ou à la
pénétration du lecteur, le

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