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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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diminuant sans cesse, qui suivait
toujours la loi de Moïse, en vain s’efforçaient-ils de déguiser leur origine :
la marqué de la circoncision [1611] prouvait d’une manière décisive qu’ils étaient Juifs ; et les magistrats
romains n’avaient pas assez de loisir pour examiner la différence de leurs
dogmes religieux. Au milieu des chrétiens qui furent amenés devant le tribunal
de l’empereur, ou, ce qui semble plus probable, devant celui du procurateur de
la Judée, on vit paraître plusieurs personnes distinguées par une naissance
plus véritablement noble que celle des plus grands monarques. Ces accusés
étaient les petits-fils de l’apôtre saint Jude, qui était lui-même frère de
Jésus-Christ [1612] .
Leur droit naturel au trône de David aurait pu leur attirer le respect du
peuple et exciter la jalousie du gouverneur. Mais la bassesse de leur extérieur
et la simplicité de leurs réponses lui persuadèrent bientôt qu’ils n’avaient ni
le désir ni le pouvoir de troublez la paix de l’empire. Ils avouèrent de bonne
loi qu’ils descendaient des anciens rois de la Palestine, et qu’ils étaient
proches parents du Messie ; mais, renonçant à toute vue temporelle, ils
déclarèrent que le royaume, dont ils attendaient pieusement la possession,
était d’une nature purement spirituelle et angélique. Lorsqu’on les interrogea
sur leur fortune et sur leurs occupations, ils montrèrent leurs mains endurcies
par des travaux journaliers, et ils protestèrent qu’ils tiraient toute leur
subsistance de la culture d’une ferme qui, située prés du village de Cocaba,
avait environ trente-neuf πλεθρα (vingt-quatre
acres anglaises) d’étendue [1613] ,
et dont le produit se montait à neuf mille drachmes, environ trois cents livres
sterling. Les petits-fils de saint Jude furent renvoyés avec compassion et avec
mépris [1614] .
    L’obscurité de la maison de David pouvait la mettre à l’abri
des soupçons d’un tyran ; mais le lâche Domitien, toujours prêt à répandre
le sang de ceux des Romains qu’il craignait, qu’il haïssait, ou qu’il estimait,
fut alarmé de sa propre famille. Des deux fils de Flavius Sabinus [1615] son oncle,
l’aîné fut bientôt convaincu d’avoir eut intention de conspirer ; le plus
jeune, nommé  Flavius Clemens, dut quelque temps sa sûreté à son manque de
courage et de talent [1616] .
L’empereur accorda d’abord sa faveur et sa protection à un parent si peu
dangereux. Après lui avoir fait épouser sa propre nièce, Domitilla, il désigna
pour ses successeurs au trône les enfants nés de ce mariage. Leur père fut
revêtu du consulat, mais Clemens avait à peine fini le terme de sa magistrature
annuelle, que, sur un léger prétexte, il fut condamné et exécuté. Domitilla fut
reléguée dans une île déserte sur la côte de Campanie [1617]  ; et l’on
décerna la peine de confiscation ou même de mort contre plusieurs personnes
enveloppées dans la même accusation. Le crime qu’on leur reprochait était celui
d’ athéisme et de mœurs judaïques [1618] ; association
singulière d’idées, qui ne peut s’appliquer, avec quelque vraisemblance, qu’aux
chrétiens, connus d’une manière obscure et fort imparfaite par les magistrats
et par les écrivains de ce siècle. Sur la foi d’une interprétation si probable,
l’Église, trop empressée d’admettre les soupçons d’un tyran, comme une preuve
du crime honorable des accusés, a placé Clemens et Domitilia parmi ses premiers
martyrs et la cruauté de Domitien a été flétrie du nom de seconde
persécution ; mais cette persécution, si on peut l’appeler ainsi, ne fut
pas de longue durée. Peu de mois après la mort de Clemens et le bannissement de
sa femme, Étienne, un des affranchis de Domitilla, et qui avait gagné la faveur
de sa maîtresse, mais qui n’en avait sûrement pas embrassé la foi assassina
l’empereur dans son palais [1619] .
Le sénat condamna la mémoire de Domitien ; ses actes furent annulés, les
exilés rappelés ; sous l’administration douce de Nerva, les innocents
furent rendus à leur rang et à leur fortune [1620]  ; et même
les plus coupables obtinrent leur pardon ou échappèrent à la rigueur de la
justice.
    II . Dix ans après environ, sous le règne de Trajan,
Pline le Jeune fut nommé par ce prince, son maître et son ami, gouverneur de la
Bithynie et du Pont. Pline se trouva bientôt dans un grand embarras, lors

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