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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sinueuse du
Bosphore se prolonge l’espace d’environ seize milles [1779] , et sa largeur
la plus ordinaire peut se calculer à peu près à un mille et demi. Les nouveaux
forts d’Europe et d’Asie sont construits sur les deux continents et sur les
fondements des deux temples célèbres de Sérapis et de Jupiter Urius. Les
anciens châteaux, ouvrages des empereurs grecs, défendent la partie la plus
étroite du canal ; dans un endroit où les deux rives opposées ne sont qu’à cinq
cents pas de distance l’une de l’autre. Ces citadelles furent rétablies et
fortifiées par Mahomet II ; quand il médita le siége de Constantinople [1780] . L’empereur
ottoman ignorait très probablement que prés de deux mille ans, avant lui,
Darius avait choisi la même position pour lier ensemble les deux continents par
un pont de bateaux [1781] .
À peu de distance des anciens châteaux on découvre la petite ville de
Chrysopolis ou Scutari, qu’on peut regarder comme le faubourg de Constantinople
du côté de l’Asie. Le Bosphore, à l’endroit où il commence à s’élargir du côté
de la Propontide, passe entre Byzance et Chalcédoine. La dernière de ces villes
fut bâtie par les Grecs, quelques années avant l’autre ; et l’aveuglement
qui fit négliger à ses fondateurs les avantages de la côte opposée, a été
tourné en ridicule par une expression de mépris qui a passé en proverbe [1782] . Le port de
Constantinople, qu’on peut regarder comme un bras du Bosphore, fut connu très
anciennement sous le nom de la corne d’or . La courbe qu’il décrit a à
peut près la figure du bois d’un cerf, ou plutôt encore de la corne, d’un bœuf [1783] . L’épithète d’or
fait allusion aux richesses que tous les vents amènent des pays les plus
éloignés dans le port vaste et sûr de Constantinople. Le Lycus, formé par
l’union de deux petits ruisseaux, verse constamment dans ce port une quantité
d’eau douce qui en nettoie le fond et attire dans cet asile commode les bancs
de poissons que les retours périodiques amènent constamment dans ces parages.
Comme le flux et le reflux sont peu sensibles dans ces mers, la profondeur
invariable des eaux permet, dans tous les temps,  de décharger les marchandises
sur le quai, sans le secours de bateaux et on a vu en quelques endroits les
plus gros vaisseaux rester à flot, tandis que leur proue était appuyée contre
les maisons [1784] .
De la bouche du Lycus à l’entrée du port, ce bras du Bosphore a plus de sept
milles de longueur. L’entrée a environ cinq cents verges de largeur. On y
pouvait tendre, dans le besoin, une forte chaîne de fer pour défendre le port
et la ville des attaques d’une flotte ennemie [1785] .
    Entre le Bosphore et l’Hellespont, les côtes de l’Europe et
de l’Asie renferment, en s’éloignant l’une de l’autre, la mer de Marmara,
connue des anciens sous le nom de Propontide . La navigation, depuis la
sortie du Bosphore jusqu’à l’entrée d’e l’Hellespont, est d’environ cent vint
milles. Les vaisseaux qui dirigent leur course à l’occident, en traversant la
mer de Marmara, peuvent suivre les côtes escarpées de la Thrace et de la
Bithynie, sans jamais perdre de vue la cime orgueilleuse de l’Olympe, toujours
couverte de neige [1786] .
Ils laissent à leur gauche un golfe enfoncé au fond duquel était située la
ville de Nicomédie, où Dioclétien avait fixé sa résidence impériale, et ils
dépassent les petites îles de Cyzique et de Proconnèse, avant de jeter l’ancre
à Gallipoli, où la mer, qui sépare l’Europe de l’Asie, se rétrécit de nouveau
et forme un étroit canal.
    Les géographes qui ont examiné avec le plus d’intelligence
et de soin, la forme et l’étendue de l’Hellespont, évaluent à environ soixante
milles le cours sinueux de ce détroit célèbre, et portent à peu près, à trois
milles sa largeur ordinaire [1787] .
La partie la plus étroite du Canal se trouvé au nord des anciens forts
ottomans, entre les villes de Sestos et d’Abydos : ce fut là que
l’aventureux Léandre brava le danger, et passa la mer à la nage, pour posséder
sa maîtresse [1788] .
Ce fut dans ce même endroit où les bancs des deux rives, sont au plus à cinq
cents pas l’une de l’autre [1789] ,
que Xerxès plaça ce merveilleux pont de bateaux, pour faire passer en Europe un
million sept cent mille Barbares [1790] .
Une mer resserrée dans des limites si étroites ne semble

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