Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
européenne ;
et même ceux de la côté asiatique [1807] .
Mais les faubourgs de Péra et de Galata, quoique situés au-delà du port,
peuvent être regardés comme faisant partie de le ville [1808] , et cette
augmentation peut, en quelque façon, justifier un historien de Byzance, qui
donne à cette ville, où il est- né, seize milles grecs ou quatorze milles
romains de circonférence [1809] .
Cette étendue paraît assez digne d’une résidence impériale ; cependant,
Constantinople le cède, à cet égard, à Babylone, à Thèbes [1810] , à l’ancienne
Rome, à Londres, et même à Paris [1811] .
Le maître du monde romain, aspirant à élever un monument
éternel à la gloire de son règne, pouvait y employer les richesses, les
travaux, et tout ce qui restait encore de génie à des millions de sujets
obéissants. On peut se faire une idée des trésors que la magnificence
impériale consacra à la construction de Constantinople, par la dépense des
murs, des portiques et des aqueducs, dont les frais se montèrent à deux
millions cinq cent mille livres sterling [1812] .
Les forêts qui couvraient les rives de l’Euxin, et les fameuses carrières de
marbre blanc qui se trouvaient dans la petite île de Proconnèse, fournirent une
quantité inépuisable de matériaux, qu’un court trajet de mer transportait sans
peine dans le port de Byzance [1813] .
Une multitude de manœuvres et d’artisans hâtaient, par leurs travaux assidus,
la fin de cette entreprise. Mais l’impatience de Constantin lui fit bientôt
découvrir que, dans l’état de décadence où se trouvaient les arts, le nombre et
le génie de ses architectes ne répondaient point à la grandeur de ses
desseins ; il ordonna aux magistrats des provinces les plus éloignées de
former des écoles, de payer des professeurs, et d’engager, par l’espoir des
récompenses et des privilèges, les jeunes gens qui avaient reçu une éducation
distinguée [1814] ;
à se livrer à l’étude et à la pratique de l’architecture. Les constructions de
la nouvelle ville furent exécutées par des ouvriers tels que le règne de
Constantin pouvait les fournir ; mais elles furent décorées par les mains
des artistes les plus célèbres du siècle de Périclès et d’Alexandre. Le pouvoir
d’un empereur romain n’allait pas jusqu’à ranimer le génie de Phidias et de
Lysippe ; mais les immortelles productions qu’ils avaient léguées à la
postérité, furent livrées sans défense à l’orgueilleuse avidité du despote. Par
ses ordres, les villes de la Grèce et de l’Asie furent dépouillées de leurs
plus riches ornements [1815] .
Les trophées des guerres mémorables ; les objets de la vénération
religieuse, les statues les plus précieuses des dieux et des héros, des sages,
et des poètes de l’antiquité, contribuèrent à l’embellissement de la superbe
Constantinople, et ont fait dire à l’historien Cedrenus [1816] , avec une sorte
d’enthousiasme, qu’il semblait ne plus rien manquer à la ville que les âmes des
hommes illustres que représentaient ces admirables monuments ; mais ce
n’est ni dans la ville de Constantin, ni dans un empire sur le déclin, à une
époque où l’esprit humain languissait sous le joug du despotisme religieux et
civil, qu’il fait chercher l’âme d’Homère et celle de Démosthène.
Pendant le siége de Byzance, la tente du conquérant avait
été placée sûr le sommet de la seconde colline ; et, pour perpétuer le
souvenir de sa victoire, il fit de cet emplacement le principal Forum [1817] . Cette place
semble avoir été construite sur une forme circulaire, ou plutôt
elliptique ; les deux entrées, qui se faisaient face, formaient deux arcs
de triomphe : les portiques qui l’environnaient de tous côtés étaient
remplis de statues. Au milieu du Forum s’élevait une colonne très haute,
dont le fragment mutilé est aujourd’hui dégradé par la triviale dénomination de pilier brûlé . La base de cette colonne était un piédestal de marbre
blanc, de vingt pieds d’élévation. Elle était composée de dix blocs de porphyre,
chacun environ de dix pieds de hanteur, et de trente trois de circonférence [1818] . La statue
colossale d’Apollon était placés sur le sommet de la colonne, à cent vingt
pieds de terre. Elle était de bronze, et avait été apportée d’Athènes, où d’une
ville de Phrygie : on prétendait qu’elle était l’ouvrage de
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