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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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moissons de présents, par des taxes, et par un
casuel considérable. Quoique les empereurs n’eussent plus rien à craindre de
l’ambition de leurs préfets, ils n’en avaient pas moins l’attention de
contrebalancer le pouvoir de cette grande charge, par la brièveté et l’incertitude
de sa durée [1878] .
    Rome et Constantinople, à raison de leur importance, furent
les seules villes sur lesquelles les préfets du prétoire n’eurent aucune
autorité. L’expérience avait démontré que la marche ordinaire des lois était
très lente pour conserver l’ordre  et la tranquillité dans des villes d’une si
vaste étendue, et elle avait fourni à la politique d’Auguste un prétexte pour
établir à Rome un magistrat qui contint une populace licencieuse et turbulente
par la terreur d’un pouvoir et de châtiments arbitraires [1879] . Valerius
Messala fut décoré le premier du titre de préfet de Rome , afin que la
réputation dont il jouissait diminuât ce que ses fonctions avaient d’odieux.
Mais ce citoyen distingué [1880] ne les exerça que peu de jours ; et il déclara en quittant sa place, comme il
convenait à l’ami de Brutus, qu’on ne lui ferait jamais accepter une autorité
incompatible avec la liberté publique [1881] .
A mesure que le sentiment de cette liberté s’éteignit, on sentit mieux les
avantages de l’ordre et le préfet, qui avait semble d’abord n’être destiné qu’à
contenir par la crainte les esclaves et les gens sans aveu, fut autorisé à
étendre sa juridiction civile et criminelle sur l’ordre équestre, et sur les
familles nobles de Rome.
    Les préteurs qu’on choisissait tous les ans pour juger
d’après les lois et l’équité, ne purent disputer longtemps la possession du Forum à un magistrat puissant et permanent, qui avait l’oreille et la confiance du
prince. Leurs tribunaux furent déserts, et leur nombre, qui avait varié de
douze à dix-huit [1882] ,
tomba insensiblement à deux ou trois, dont les importantes fonctions se
réduisirent à la dispendieuse nécessité de donner des fêtes au peuple [1883] . Quand la
dignité des consuls fût réduite à une vaine pompe qui se déployait rarement
dans la capitale, les préfets prirent leur place dans le sénat et furent
bientôt regardés comme les présidents ordinaires de cette auguste assemblée. Il
leur venait des appels de pays éloignés de cent milles ; et l’on reconnut,
comme un principe de jurisprudence, qu’ils étaient les chefs de toute autorité
municipale [1884] .
Le gouverneur de Rome avait pour l’aider dans l’administration de ses pénibles
travaux, quinze officiers, dont quelques-uns avaient été originairement ses
égaux, ou même ses supérieurs. Les principaux départements de ces officiers
étaient le commandement d’une nombreuse garde établie pour prévenir les vols,
les incendies et les désordres nocturnes ; les distributions de grains et
de denrées ; le soin du port, des aqueducs, des égouts, du lit et de la navigation
du Tibre ; l’inspection des marchés, des théâtres et des travaux publics
et particuliers. Leur vigilance devait porter sur les trois principaux objets
d’une police régulière : la sûreté, l’abondance et la propreté. Le
gouvernement, pour prouver son attention à conserver la magnificence et les
monuments de la capitale, payait un inspecteur particulier pour les statues :
il était le gardien de ce peuple inanimé, qui, selon le calcul extravagant d’un
ancien écrivain, n’aurait été guère inférieur en nombre aux habitants de Rome.
Trente ans après la fondation de Constantinople, on y créa un magistrat de la
même espèce, et il eut les mêmes fonctions. On établit une parfaite égalité
entre les deux préfets municipaux, et entre les quatre préfets du prétoire [1885] .
    Ceux qui dans la hiérarchie impériale étaient distingués par
le titre de respectables , formèrent une classe intermédiaire entre les illustres préfets, et les honorables magistrats des provinces. Les proconsuls de
l’Asie, de l’Achaïe et de l’Afrique, réclamèrent la préséance dans cette
classe : on l’accorda au souvenir de leur ancienne dignité ; et
l’appel de leurs tribunaux à ceux des préfets fut presque la seule marque qui
restât de leur infériorité [1886] .
Le gouvernement civil de l’empire fût distribué en treize grands diocèses, qui
contenaient chacun l’étendue d’un grand royaume. Le premier de ces

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