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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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leur arrondissement [1892] , 
ou d’acheter des esclaves, des terres ou des maisons dans l’étendue de leur
juridiction [1893] .
Malgré ces précautions rigoureuses, Constantin, après trente-cinq ans de règne,
déplore encore l’administration vénale et oppressive de la justice, et se
plaint avec indignation de ce que les juges vendent eux-mêmes ou font vendre
publiquement leurs audiences, leur diligence ou leurs délais, et enfin leurs
sentences définitives. La répétition de lois et de menaces impuissantes prouve
la durée et peut-être l’impunité de ces désordres [1894] .
    Comme les magistrats civils étaient pris parmi les
jurisconsultes, les célèbres Institutes de Justinien s’adressent à la jeunesse
de ses états qui se dévouait à l’étude dé la jurisprudence romaine et le
souverain daigne animer leur zèle, en promettant de récompenser leur
intelligence et leurs talents, par des charges dans le gouvernement. Les
éléments de cette science lucrative étaient enseignés dans toutes les grandes
villes de l’Orient et de l’Occident; mais l’école la plus fameuse était celle
de Béryte [1895] ,
sur la côte de Phénicie. Elle fleurit pendant plus de trois siècles après
Alexandre Sévère, qui fut probablement le fondateur d’une institution si
avantageuse à son pays natal. Après un cours régulier d’instruction qui durait
cinq ans, les étudiants se dispersaient dans les provinces pour y chercher la
fortune et les honneurs, et ils trouvaient une source inépuisable d’affaires
dans un grand empire déjà corrompu par la multiplicité des lois, des
professions et des vices. Le tribunal du préfet du prétoire de l’Orient
employait seul cent cinquante avocats, dont soixante-quatre jouissaient de
privilèges particuliers. On en choisissait deux tous les ans, auxquels on
donnât pour appointements soixante livres d’or pour plaider les causes du
trésor. Pour premier essai, on les faisait servir d’assesseurs aux magistrats
dans quelques occasions, et on leur faisait souvent occuper ensuite le tribunal
devant lequel ils avaient plaidé. Ils obtenaient le gouvernement d’une
province, et par leur mérite, leur réputation ou la faveur, ils arrivaient
successivement aux dignités illustres de l’État [1896] . On ne pouvait
guère espérer que des hommes accoutumés, dans la pratique du barreau, à
regarder le raisonnement comme l’arme de la dispute, et à interpréter les lois
au gré de leur intérêt, se dépouillassent de cet esprit dangereux et méprisable
en passant à l’administration publique. Il y a eu sans doute dans les temps
anciens et modernes, des avocats qui ont honoré leur profession en remplissant
les postes les plus importants avec autant de sagesse que d’intégrité ; mais,
dans le déclin de la jurisprudence romaine, la promotion ordinaire des hommes
de lois ne pouvait produire que honte et que désordre. La noble et séduisante
éloquence avait été longtemps le patrimoine particulier de la noblesse ;
mais elle s’était corrompue dans la bouche des affranchis et des plébéiens [1897] , qui, avec plus
d’artifice que d’habileté, en faisaient un trafic sordide et funeste.
Quelques-uns d’entre eux cherchaient à pénétrer dans l’intérieur des familles
pour y fomenter les discordes. Ils encourageaient les procès, et se préparaient
d’amples moissons à eux et à’ leurs confrères. D’autres, enfermés dans leur
demeure, ne soutenaient la dignité de leur état de professeurs des lois qu’en
fournissant à de riches clients des subtilités pour obscurcir la vérité la plus
évidente, et des arguments pour colorer les plus injustes prétentions. Parmi
ces avocats, les plus distingués et les plus en vogue étaient ceux qui
faisaient retentir le Forum de leur verbeuse, et déclamatoire rhétorique. Aussi
indifférents pour leur réputation que pour la justice, ils sont représentés
pour la plupart comme des guides infidèles, qui conduisaient leurs clients à
travers un dédale de dépenses, de délais, d’espérances trompées, d’où, après
des années d’attente, ils ne les laissaient sortir que quand leur patience, et
leur fortune étaient presque épuisées [1898] .
    Dans le système politique d’Auguste, les gouverneurs, ceux
du moins des provinces impériales, étaient investis de tous les pouvoirs de la
souveraineté. Ministres de la paix et de la guerre, eux seuls accordaient les
récompenses et infligeaient les

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