Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
cent soixante mille livres sterling. Quand
cette dépense  surpassait les facultés de la libéralité des deux magistrats, le
trésor impérial y suppléait [1867] .
Dès que les consuls avaient rempli ces devoirs d’usage, ils pouvaient rentrer
dans l’obscurité de la vie privée, pour jouir, tout le reste de l’année, du
spectacle de leur oisive grandeur. Ils ne présidaient plus aux conseils de la
nation ; ils ne se mêlaient plus ni de la paix ni de la guerre. Leurs
talents, à moins qu’ils ne possédassent quelque autre emploi plus effectif,
étaient plus d’aucune utilité et leur nom ne servait guère qu’à indiquer la
date de l’année où ils s’étaient  assis sur le siège des Marius et des Cicéron.
On conserva cependant jusque dans les derniers temps de la servitude romaine un
grand respect pour ce nom sans autorité. Il flattait encore autant, et
peut-être plus la vanité, qu’un autre titre avec plus de pouvoir : celui de
consul fut constamment le principal objet de l’ambition et la récompense la
plus estimée de la fidélité et de la vertu. Les empereurs eux-mêmes, qui
méprisaient l’ombre illusoire de la république, croyaient ajouter à leur
majesté et à la vénération du peuple, toutes les fois qu’ils se faisaient
revêtir des honneurs annuels du consulat [1868] .
    La distinction la plus orgueilleuse et la plus complète qui
ait jamais existé, chez une nation entre la noblesse et le peuple, est sans
doute celle des patriciens et des plébéiens, telle qu’elle fut établie dans les
premiers temps de la république. Les richesses et les honneurs, les dignités de
l’État et les cérémonies de la religion, étaient presque exclusivement entre
les mains des premiers, qui, conservant avec un soin insultant la pureté de
leur race [1869] ,
tenaient leurs clients, dans le plus humiliant vasselage. Mais ces
distinctions, si incompatibles avec le génie d’un peuple libre, furent
anéanties, après de longs débats, par les efforts constants des tribuns. Des
plébéiens actifs et heureux acquirent des richesses, aspirèrent aux honneurs,
méritèrent des triomphes, contractèrent des alliances, et devinrent, après
quelques générations, aussi vains et aussi arrogants que les anciens nobles [1870] . D’un autre
côté, les premières familles patriciennes, dont le nombre ne fut jamais
augmenté tant que subsista la république, s’éteignirent, ou par le cours
ordinaire de la nature, ou par les ravages des guerres civiles et étrangères ;
ou bien elles disparurent faute de mérite et de fortuné, et se mêlèrent
insensiblement à la masse du peuple [1871] .
Il en restait peu qui pussent faire remonter clairement leur origine aux
premiers temps de Rome, ou même à l’enfance de la république, lorsque César et
Auguste, Claude et Vespasien firent d’une partie des sénateurs un nombre de
nouvelles familles patriciennes, dans l’espoir de perpétuer cet ordre, qu’on
regardait encore comme respectable et sacré [1872] . Mais ces
nouvelles créations, dans lesquelles la famille régnante était toujours
comprise, se trouvaient bientôt effacées par la fureur des tyrans, par les
fréquentes révolutions, par le changement des mœurs, par le mélange des nations
étrangères [1873]  ;
et lorsque Constantin monta sur le trône, on ne se souvenait plus guère que par
une tradition vague et imparfaite que les patriciens avaient été les premiers
des Romains. Le projet de former un corps de noblesse qui pût contenir
l’autorité du monarque, dont elle fait la sûreté, ne convenait, ni au caractère
ni à la politique de Constantin ; mais quand il se le serait sérieusement
proposé, il eût peut-être été au-dessus de sa puissance de ratifier, par une
loi arbitraire, une institution qui ne peut attendre sa sanction que de l’opinion
et du temps. Il fit revivre, à la vérité, le titre de patriciens , main
comme une distinction personnelle et point héréditaire. Ils ne le cédaient qu’à
la supériorité passagère des consuls, jouissaient de la prééminence sur tous
les grands officiers de l’État, et de leur entrée libre chez le prince dans
tous les temps. Ce rang honorable était accordé à vie ; et comme il était
ordinairement conféré à des ministres et à des favoris qui avaient blanchi dans
la cour impériale, la véritable étymologie du mot fut corrompue par l’ignorance
et par la flatterie ; et les patriciens de Constantin furent

Weitere Kostenlose Bücher