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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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deux
armées. Elles désiraient le combat avec une ardeur égale, mais après une légère
résistance, les Barbares prirent la fuite en désordre soit qu’ils ne pussent
soutenir le choc des Romains, où dans l’intention de fatiguer les pesantes
légions, qui, bien qu’accablées par la soif et par la chaleur, les poursuivrent
dans la plaine, et taillèrent en pièces un corps de cavalerie pesamment armée
qui avait été posté devant la porte du camp pour protéger la retraite.
Constance, entraîné lui-même dans la poursuite tâchait inutilement d’arrêter
l’impétuosité de ses soldats, en leur représentant les dangers de la nuit qui
approchait, et la certitude de compléter leur succès au point du jour. Se fiant
plus à leur propre valeur qu’à l’expérience où à l’habileté de leur chef, ils
imposèrent silence par leurs clameurs à ses sages remontrances, s’élancèrent
dans le fossé, et se répandirent dans les tentes pour y réparer leurs forces
épuisées et jouir du fruit de leurs travaux. Mais le prudent Sapor guettait le
moment de la victoire. Son armée, dont la plus grande partie, secrètement
postée sur les hauteurs, était restée spectatrice du combat, s’avança en
silence à la faveur de l’obscurité, et les archers persans, guidés par la
clarté du camp, lancèrent une grêle de traits sur cette foule en désordre. Les
historiens [2036] avouent avec sincérité qu’il y eut un grand carnage de Romains, et que le reste
des légions fugitives n’échappa qu’avec des peines et des fatigues
intolérables. Les panégyristes mêmes conviennent que la gloire de l’empereur
fut obscurcie par la désobéissance de ses soldats, et ils tirent un voile sur
les détails de cette retraite humiliante. Cependant un de ces orateurs
mercenaires, si jaloux de la renommée de Constance, raconte avec le plus froide
indifférence une action, si barbare, qu’au jugement de la postérité, elle doit
imprimer sur l’empereur une tache infiniment plus honteuse que celle de sa
défaite. Le fils de Sapor, et l’héritier de sa couronne, avait été pris dans le
camp des Perses. Ce jeune infortuné, qui aurait obtenu la compassion de
l’ennemi le plus sauvage, fut fustigé, mis à la torture, et publiquement
exécuté par les barbares Romains [2037] .
    Quelques avantages que Sapor eût obtenus par neuf victoires
consécutives qui avaient répandu chez les nations la renommée de sa valeur et
de ses talents militaires, il ne pouvait cependant espérer de réussir dans ses
desseins, tant que les Romains conserveraient les villes fortifiées de la
Mésopotamie, et surtout l’ancienne et forte cité de Nisibis. Dans l’espace de
douze ans. Nisibis, regardée avec raison, depuis le temps de Lucullus, comme le
boulevard de l’Orient, soutint trois siéges mémorables contre toutes les forces
de Sapor ; et le monarque humilié après avoir inutilement renouvelé ses
attaques à trois reprises différentes de soixante, quatre-vingts et cent jours,
fut contraint de se retirer trois fois avec perte et ignominie [2038] . Cette ville,
vaste et peuplée, était située a environ deux journées du Tigre, dans le milieu
d’une plaine agréable et fertile, au pied du mont Masais. Un fossé profond
défendait sa triple enceinte construite en briques [2039] , et le courage
désespéré des citoyens secondait la résistance intrépide du comte Lucilianus et
de la garnison. Les habitants de Nisibis étaient animés par les exhortations de
leur évêque [2040] ,
endurcis à la fatigue des armes par l’habitude du danger, et persuadés que
l’intention de Sapor était de les emmener captifs dans quelque pays éloigné, et
de repeupler leur ville d’une colonie de Persans. L’événement des d’eux
premiers sièges avait augmenté leur confiance et irrité l’orgueil du grand roi,
avec toutes les forces réunies de la Perse et de l’Inde, s’avançait une
troisième fois pour attaquer Nisibis. L’intelligence  supérieure des Romains
rendait inutiles toutes les machines ordinaires, inventées pour battre ou pour
saper les murs ; et bien des jours s’étaient passés sans succès, quand Sapor
prit une résolution digne d’un monarque oriental, qui croit que tout, jusqu’aux
éléments, doit se soumettre à son pouvoir. A l’époque de la fonte des neiges en
Arménie, la rivière de Mygdonius, qui sépare la ville de Nisibis de la plaine,
forme, comme le Nil [2041] ,
une inondation sur les

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