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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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invariable fidélité sa personne et ses
troupes pour l’aider à prendre de l’usurpateur de  la Gaule, une juste et
sévère vengeance. Mais ses Légions furent plus séduites qu’irritées par l’exemple
de la rébellion ; leur commandant manqua bientôt ou de fermeté ou de fidélité,
et son ambition s’autorisa de l’approbation de la princesse Constantina. Cette
femme ambitieuse et cruelle, qui avait obtenu de Constantin le Grand, son père,
le titre d’Augusta, plaça de ses propres mains le diadème sur la tête du
général d’Illyrie, et semblait attendre de sa victoire l’accomplissement des
espérances désordonnées qu’elle avait perdues par la mort d’Annibalianus son
époux. Mais ce fut peut-être sans l’aveu de Constantina que le nouvel empereur
fit une alliance honteuse, quoique nécessaire, avec l’usurpateur de l’Occident,
dont la pourpre avait été teinte si récemment du sang de son frère [2049] .
    Des événements de cette importance, et qui menaçaient si
sérieusement l’honneur et la sûreté de la maison impériale, rappelèrent les
armés de Constance de la guerre de Perse, où elles avaient perdu beaucoup de
leur réputation. Laissant à ses lieutenants le soin des provinces orientales,
qu’il confia bientôt après à son cousin Gallus, qu’il fit passer de la prison
sur le trône, il marcha vers l’Europe, agité par la crainte et par l’espérance,
par la douleur et par l’indignation. Arrivé à Héraclée en Thrace, il donna
audience aux ambassadeurs de Magnence et de Vetranio. Le premier auteur de la
conspiration, Marcellinus, qui avait, en quelque façon, donné la pourpre à son
nouveau maître, s’était audacieusement chargé de cette dangereuse commission et
ses trois collègues avaient été choisis dans le nombre des illustres de
l’État et de l’armée. On leur recommanda d’adoucir Constance sur le passé et de
l’épouvanter sur l’avenir. Ils étaient autorisés a lui offrir l’alliance et
l’amitié des princes d’Occident, à cimenter leur union par un double mariage de
Constance avec-la soeur de Magnence, et de Magnence avec l’ambitieuse
Constantina, et à reconnaître par un traité la prééminence qui appartenait de
droit à l’empereur d’Orient. Dans le cas où son orgueil ou une délicatesse mal
placée lui ferait refuser des conditions si équitables, les députés avaient
ordre de lui représenter qu’il courait inévitablement à sa ruine ; s’il
provoquait le ressentiment des souverains de l’Occident et les obligeait à
employer contre lui des forces supérieures, leur valeur, leurs talents
militaires, et, les légions qui avaient fait triompher tant de fois le grand
Constantin. Ces propositions, appuyées de tels arguments, méritaient une
attention sérieuse : Constance différa sa réponse jusqu’au lendemain ; et
comme il sentait l’importance de justifier aux yeux du peuple la nécessité
d’une guerre civile, il tint le discours suivant à son conseil, qui l’entendit
avec une crédulité réelle ou affectée.
    Cette nuit, dans mon sommeil, l’ombre du grand Constantin
m’est apparue : il tenait embrassé le corps sanglant de mon frère ; j’ai
reconnu sa voix, elle  criait vengeance. Mon père m’a défendu de désespérer de
la république, et m’a promis que les armes couronneraient la justice de ma
cause d’un prompt succès et d’une gloire immortelle .
    L’autorité de cette vision, ou plutôt celle du prince qui la
racontait, fit taire les doutes et cesser les négociations. Les conditions
ignominieuses de la paix furent rejetées avec mépris ; on renvoya un des
ambassadeurs chargé de la dédaigneuse réponse de Constance ; les trois autres furent
mis aux fers comme indignes de jouir de leurs privilèges, et les puissances
rivales se préparèrent à une guerre implacable [2050] .
    Telle fut la conduite, et tel était peut-être le devoir du
frère de Constans vis-à-vis du perfide usurpateur des Gaules. Le caractère et
la situation de Vetranio admettaient plus de ménagements ; la politique de
l’empereur d’Orient s’occupa de désunir ses ennemis, et de priver les rebelles
des forces de l’Illyrie. Il réussit aisément à tromper la franchise et la
simplicité de Vetranio, qui, flottant quelque temps entre l’honneur et
l’intérêt, découvrit au monde l’inconstance de son caractère, et fut
insensiblement en dans les pièges d’une négociation artificieuse. Constance

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