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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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jusqu’au jugement définitif. La recherche sévère que firent le
substitut du préteur et le proconsul d’Afrique, le rapport des deux évêques
visiteurs qu’on avait envoyés à Carthage, les décrets des conciles d’Arles et
de Rome, et le jugement suprême de Constantin dans son sacré consistoire, furent
tous en faveur de Cécilien. Les chefs du clergé et les magistrats civils le
reconnurent unanimement pour le véritable et légitime primat de l’Afrique. On
mit ses évêques suffragants en possession des honneurs et des revenus de
l’Église, et ce ne fut pas sans peine que Constantin se borna à exiler les
chefs de la faction des donatistes. On peut présumer de l’attention avec
laquelle leur cause fut examinée, que les lois de l’équité présidèrent au
jugement. Il est possible aussi que, comme les prélats le prétendirent, Osius,
favori de l’empereur, ait abusé de son influence sur son maître en trompant sa
crédulité. Il est possible que le mensonge et la corruption aient fait
condamner l’innocent ou aggraver la condamnation du coupable. Au reste, si une
injustice de cette espèce eût terminé une dispute dangereuse, on pourrait la
classer parmi les inconvénients attachés à une administration arbitraire,
auxquels la postérité ne prend point de part.
    Cependant cet évènement, qui paraît à peine digne d’une
place dans l’histoire, fut la source d’un schisme qui désola, durant plus de
trois siècles, la province d’Afrique, et n’y fut anéanti qu’avec le
christianisme même. Les donatistes, enflammés du zèle inflexible du fanatisme
et de la liberté, refusèrent d’obéir aux usurpateurs dont ils rejetaient
l’élection et l’autorité spirituelle. Exclus de la société civile et religieuse
de tout le genre humain, ils excommunièrent audacieusement le genre humain, qui
embrassait la cause impie de Cécilien et celle des traîtres dont il avait reçu
sa prétendue ordination. Ils assuraient avec confiance, et avec une sorte de
triomphe, que la succession apostolique était interrompue, que la criminelle
contagion du schisme enveloppait tous les évêques de l’Europe et de l’Asie, que
les prérogatives de l’Église catholique n’appartenaient plus qu’au petit nombre
de fidèles africains qui seuls avaient conservé la pureté de leurs préceptes et
de leur discipline. A cette théorie sévère ils joignirent les pratiques les
moins charitables. Tous les prosélytes qui leur venaient même des provinces les
plus reculées de l’orient recevaient une seconde fois le baptême et
l’ordination [2309] .
Les donatistes regardaient ces sacrements comme nuls lorsqu’ils avaient été
administrés par des hérétiques ou des schismatiques. Ils assujettissaient les
évêques, les jeunes filles et même les enfants à une pénitence publique, avant
de les admettre à leur communion. S’ils obtenaient une église occupée
précédemment par leurs adversaires les catholiques, ils purifiaient ce profane
édifice avec autant de soin qu’un temple souillé par le culte des idoles. On
lavait le pavé, on abattait les murs, et l’on brûlait l’autel ordinairement
construit en bois. On fondait les vases sacrés, et les saintes hosties étaient
jetées aux chiens avec toutes les cérémonies ignominieuses qui devaient
enflammer et perpétuer l’animosité des factions religieuses [2310] . Malgré cette
aversion irréconciliable, les adhérents des deux partis, confondus et divisés
dans toutes les villes de l’Afrique, conservaient le même extérieur, le même
langage, le même zèle, le même culte et la même doctrine. Proscrits par les
chefs de l’Église et du gouvernement civil, les donatistes se maintinrent
cependant en nombre supérieur dans quelques provinces, particulièrement en Numidie
; et quatre cents évêques reconnaissaient l’autorité de leur primat. Mais
l’invincible esprit de secte dévorait les entrailles de la secte même, et
l’Église schismatique était déchirée par des dissensions intestines. Le quart
des évêques donatistes suivait la doctrine indépendante des maximianistes. Le
sentier étroit et solitaire que leur avaient marqué leurs premiers conducteurs
les éloignait de plus en plus du genre humain ; et la petite secte à peine
connue sous le nom de rogatiens, affirmait avec assurance que si le Christ
descendait du ciel pour juger les humains, il ne reconnaîtrait la pureté de sa
doctrine que dans quelques villages

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