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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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personnes de la mystérieuse Triade ou Trinité [2336] . L’avide
curiosité travaillait avec ardeur à découvrir les secrets de l’abîme, et
l’orgueil des professeurs et de leurs disciples se contentait d’une science de
mots. Mais le plus savant des théologiens de la chrétienté, le grand saint
Athanase lui-même avoue ingénument [2337] que, quand il se fatiguait l’esprit à méditer, sur la divinité du logos ,
il sentait ses vains et pénibles efforts repoussés par une résistance
invincible ; que plus il réfléchissait, moins il comprenait, et que plus il
écrivait, moins il se trouvait en état d’exprimer ses idées. Dans cette
recherche, nous sommes forcés à chaque pas de sentir et d’avouer la
disproportion immense qui existe entre l’objet et les bornes de l’intelligence
humaine. Nous pouvons bien parvenir à abstraire dans nôtre pensée ces notions
du temps, de l’espace et de la matière, si étroitement liées à toutes les
perceptions de nos connaissances expérimentales. Mais lorsque nous prétendons
raisonner sur une substance infinie, ou sur une génération spirituelle,
aussitôt que d’une idée négative nous voulons déduire quelques conclusions
positives, nous retombons dans l’obscurité, dans l’incertitude et dans des
contradictions inévitables. Comme ces difficultés naissent de la nature du
sujet, elles accablent également sous leur inébranlable poids le philosophe et
le théologien ; mais nous observerons deux circonstances essentielles et
particulières, qui distinguent la doctrine catholique des opinions de l’école
platonicienne.
    I . Une société choisie de philosophes, dont
l’éducation libérale avait éveillé la curiosité, pouvait méditer en silence
discuter paisiblement, dans les jardins d’Athènes ou dans la bibliothèque
d’Alexandrie, les questions abstraites de la métaphysique. Ces spéculations
élevées, qui ne pouvaient ni convaincre l’esprit, ni agiter les passions des
platoniciens eux-mêmes, n’étaient considérées, qu’avec la plus froide
indifférence par les gens oisifs, par les hommes occupés, et même par ceux qui
se livraient à l’étude [2338] .
Mais lorsque, la révélation eut fait du logos un article de foi, dès
qu’il devint l’objet de l’espoir et du culte des chrétiens, les prosélytes de
ce système mystérieux se multiplièrent rapidement dans toutes les provinces de
l’empire romain. Les personnes qui, par leur âge, leur sexe ou leurs
occupations, étaient le moins capables de juger, celles qui n’avaient aucune
habitude des méditations abstraites, aspirèrent à contempler l’essence de la
nature divine : et Tertullien [2339] se glorifie avec emphase de ce qu’un artisan chrétien peut répondre, sans
hésiter à des questions qui auraient embarrassé tous les sages de la Grèce.
Quand il s’agit de sujets si éloignés de notre portée, la différence de l’homme
du génie le plus sublime à l’homme le plus borné, doit être considérée comme
infiniment petite. On pourrait toutefois calculer les degrés de la faiblesse
par ceux de l’obstination et de la suffisance dogmatique. Au lieu de continuer
à traiter ces questions comme un amusement propre à remplir les moments d’oisiveté
on les regarda comme la plus sérieuse affaire de cette vie, et comme une
préparation indispensable pour la vie à venir. Une théologie à laquelle il
était important de croire, dont on ne pouvait douter sans impiété, et qu’il
pouvait même être dangereux de ne pas bien comprendre, devint le sujet familier
des méditations et des conversations du peuple. Le zèle ardent de la dévotion
enflamma la froide indifférence de la philosophie, et les métaphores mêmes du
langage usité servirent à corrompre le jugement et à tromper l’expérience. Les
chrétiens, tout en abhorrant le mode impur de génération admis dans la
mythologie des Grecs [2340] ,
raisonnaient cependant d’après l’analogie établie entre le Père et son fils. La
qualité de fils semblait nécessiter une soumission perpétuelle envers l’auteur
volontaire de son existence [2341] .
Mais comme l’acte de la génération est supposé dans le sens le. plus
métaphysique et le plus abstrait, transmettre tous les avantages d’une nature
égale [2342]  ;
ils n’osaient point fixer des bornes au pouvoir ou à l’existence du fils d’un
père éternel et tout puissant. Les chrétiens de Bithynie déclarèrent devant le
tribunal

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