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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’expressions violentes, Constantin défend
absolument les assemblées des hérétiques et confisque toutes les propriétés de
leurs communautés, au profit, soit du fisc, soit de l’Église catholique. Il
paraît que cette sévérité était tombée principalement sur les disciples de Paul
de Samosate, sur les montanistes de Phrygie, parmi lesquels se soutenait sans
interruption une suite de prophètes enthousiastes, sur les novatiens qui
rejetaient rigoureusement. L’efficacité temporelle du repentir, sur les
marcionites et les valentiniens, auxquels s’étaient insensiblement ralliés tous
les gnostiques de l’Égypte et de l’Asie, et peut-être sur les manichéens, qui
avaient nouvellement apporté de la Perse un système où les dogmes des Orientaux
se mêlaient avec art à ceux du christianisme [2303] . On a suivit
avec ardeur et avec succès le projet d’anéantir le nom, ou du moins d’arrêter
les progrès de ces hérésies détestées. Quelques-unes des lois pénales portées
contre les sectaires furent copiées des édits de Dioclétien contre les
chrétiens, et cette façon de convertir fut approuvée par les évêques qui
avaient gémi sous l’oppression et réclamé alors les droits de l’humanité. On
peut cependant juger, d’après deux circonstances qui eurent lieu alors, que
l’esprit de Constantin n’était pas entièrement perverti par le fanatisme. Avant
de condamner les manichéens et les sectes qui en dépendaient, il fit examiner
avec le plus grand soin leurs préceptes religieux ; et se méfiant, selon toute
apparence, de ses conseillers ecclésiastiques, il chargea de cette commission
délicate un magistrat civil dont les lumières et la modération avaient mérité
son estime, et dont le caractère vénal lui était probablement inconnu [2304] . L’empereur,
bientôt convaincu qu’il avait injustement proscrit la foi orthodoxe et la
morale pure des novatiens qui différaient de l’Église dans quelques articles de
discipline, peut-être peu essentiels au salut, les exempta, par un édit
particulier, des peines de la loi générale [2305] .
Il leur permit de bâtir une église à Constantinople, honora les miracles de
leurs saints, invita l’évêque Acesius au concile de Nicée, et se permit
seulement, sur la rigidité de sa doctrine, ces railleries douces et familières
qui, de la bouche d’un souverain, sont reçues avec éloge et reconnaissance [2306] .
    Les plaintes et les accusations mutuelles dont le trône de
Constantin fut assailli dès que la mort de Maxence eut soumis l’Afrique à son
autorité, étaient peu propres à édifier un prosélyte incertain. Il apprit avec
étonnement que les provinces de ce vaste pays, depuis les confins de Cyrène
jusqu’aux colonnes d’Hercule, étaient déchirées par des dissensions religieuses [2307] . Cette discorde
venait d’une double élection dans l’Église de Carthage, considérée par son rang
et par ses richesses, comme le second siége ecclésiastique de l’Occident. On
avait nommé deux primats d’Afrique, Cécilien et Majorin. Depuis la mort du
dernier, sa place était occupée par Donat, dont les talents supérieurs et les
vertus apparentes étaient le plus ferme soutien de son parti. L’avantage que
Cécilien aurait pu tirer de la priorité de son ordination, disparaissait par la
précipitation illégale ou au moins inconvenante avec laquelle on l’avait élu
sans attendre l’arrivée des évêques de Numidie. L’autorité de ces évêques, qui,
au nombre de soixante dix, condamnèrent Cécilien et consacrèrent Majorin, se
trouve aussi affaiblie par l’indigne réputation d’une partie de ces prélats,
par des intrigues de femmes, des marchés sacrilèges, et par les procédés
tumultueux qu’on reproche à ce concile de Numidie [2308] . Les évêques
des deux factions soutenaient avec un égal emportement que leurs adversaires
avaient perdu tous leurs droits, et s’étaient publiquement déshonorés en
livrant les saintes Écritures aux officiers de Dioclétien. Leurs reproches
mutuels et l’histoire de cette négociation obscure donnent lieu de croire que
la dernière persécution avait aigri le zèle des chrétiens d’Afrique sans
réformer leurs mœurs. Cette Église divisée n’était plus capable de porter un
jugement impartial. On discuta successivement la cause dans cinq tribunaux
formés par le choix de l’empereur ; et l’affaire dura plus de trois ans depuis
le premier appel

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