Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
ennemis plus
obstinés et plus implacables ; et, quoiqu’il déployât toutes les ressources de
l’éloquence pour leur inspirer la concorde ou du moins la paix, il fut
parfaitement convaincu, avant de Ies congédier ; qu’il ne devait pas craindre
l’union des chrétiens. : L’impartial Ammien attribue cette clémence affectée au
désir de fomenter les divisions intestines de l’Église ; et le projet insidieux
de miner les fondements du christianisme s’unissait d’une manière inséparable
dans le cœur de Julien à son zèle déclaré pour le rétablissement de l’ancienne
religion de l’empire [2599] .
    Dès l’instant où Julien monta sur le trône, il prit, selon
l’usage de ses prédécesseurs, le titre de souverain pontife, non seulement
comme le plus honorable de ceux qui se trouvaient attachés à la dignité
impériale, ruais comme le signe d’un emploi important et sacré dont il voulait
remplir les devoirs avec une pieuse exactitude. Les affaires de l’État ne lui
permettant pas d’assister chaque jour aux cérémonies religieuses du culte de
ses sujets, il dédia une chapelle domestique au soleil, sa divinité tutélaire ;
ses jardins étaient remplis de statues et d’autels consacrés aux dieux, et
chaque appartement du palais paraissait un temple magnifique. Tous les matins
il offrait un sacrifice au père de la lumière : il versait le sang d’une autre
victime lorsque le soleil se plongeait au -dessous de l’horizon ; et son
infatigable dévotion prodiguait ensuite, à différentes heures, des honneurs
particuliers à la lune, aux étoiles et aux génies de la nuit. Aux fêtes
solennel-les, il ne manquait pas d’aller au temple du dieu et de la déesse dont
on célébrait la fête, et tâchait d’animer, par l’exemple de son zèle, la
religion du peuple et des magistrats. Loin de chercher à maintenir le pompeux
appareil d’un monarque distingué par l’éclat de la pourpre et entouré des
boucliers d’or de ses gardes, il sollicitait avec une ardeur respectueuse les
moindres offices du culte des dieux. Au milieu de cette foule sacrée, mais
licencieuse, des prêtres, des ministres inférieurs, et des danseuses dévouées
au service du temple, l’empereur se chargeait d’apporter le bois, d’allumer le
feu, d’égorger la victime, de plonger ses mains sanglantes dans les entrailles
de l’animal, d’en tirer le cœur et le foie, et d’y lire, avec toute l’habileté
d’un aruspice, les présages imaginaires des événements futurs. Parmi les païens
mêmes, les hommes sages blâmaient une superstition extravagante qui affectait
de mépriser les lois de la prudence et celles de la bienséance. Sous le règne
d’un prince qui pratiquait rigoureusement les maximes de l’économie, les
dépenses du culte religieux consumaient une ; grande partie du revenu public.
Les climats les plus éloignés envoyaient sans cesse des oiseaux rares qu’on
immolait sur les autels des dieux. Souvent on vit Julien sacrifier cent bœufs
en un même jour et sur un seul de ces autels, et c’était une plaisanterie
populaire que s’il revenait triomphant de la guerre de Perse, il éteindrait la
race des bêtes à cornes. Ces frais eux-mêmes paraîtront peu considérables, si
on les rapproche des magnifiques présents qu’il offrit de sa main ou qu’il
adressa à tous les lieux de dévotion célèbres dans l’empire romain, ou des
sommes employées à la réparation et à l’établissement des anciens temples qui
avaient souffert, soit, à la longue, des insensibles outrages du temps, soit,
récemment, des rapines des chrétiens. Les villes et les familles, excitées par
l’exemple, les sollicitations et la libéralité du souverain, reprenaient
l’usage des cérémonies qu’elles avaient négligées. Toutes les parties du
monde , s’écrie Libanius avec un pieux transport, étalaient le triomphe
de la religion. On jouissait partout de l’agréable coup d’œil des autels où
brûlait le feu sacré, des victimes qui versaient leur sang, de la fumée de
l’encens et du cortége pompeux des prêtres et des prophètes, désormais sans
crainte et à l’abri du danger. La voix de la prière et le son de la musique
frappaient les oreilles sur le sommet des plus hautes montagnes, et le même
bœuf qu’on offrait aux dieux en holocauste, servait à la table de leurs joyeux
adorateurs [2600] .
    Mais tout le génie et toute la paissance de l’empereur ne
suffisaient pas pour

Weitere Kostenlose Bücher