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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qu’il composa au milieu
des préparatifs de la guerre de Perse, contenait la substance des arguments
qu’il avait longtemps médités dans soie esprit [2594] . L’impétueux
saint Cyrille d’Alexandrie [2595] ,
son adversaire, en a transcrit et conservé quelques morceaux qui offrent un
singulier mélange d’esprit et de savoir, de subtilité et de fanatisme.
L’élégance du style et la dignité de l’auteur recommandaient ses écrits à
l’attention publique [2596] ,
et le mérite et la réputation de ce prince le plaçaient dans la liste impie des
ennemis du christianisme au-dessus du nom célèbre de Porphyre. Il séduisit,
scandalisa ou alarma les fidèles ; et ceux des païens qui osèrent quelquefois
encore s’engager dans cette lutte inégale, tirèrent du livre populaire de leur
noble missionnaire un fonds, inépuisable d’objections captieuses. Mais, en se
livrant à ces coudes avec assiduité, l’empereur des Romains contracta les
préventions et les passions peu généreuses d’un théologien polémique ; il se
crut dès lors engagé à soutenir et a propager ses opinions religieuses, et,
s’applaudissant en secret de la force et de la dextérité avec lesquelles il
maniait les armes de la controverse, il en vint facilement à soupçonner la
sincérité ; de ses antagonistes ou à mépriser la faiblesse de leur jugement
lorsqu’ils résistaient obstinément au pouvoir de sa raison et de son éloquence.
    Les chrétiens, qui voyaient l’apostasie de Julien avec
horreur et avec indignation, pensaient avoir plus lieu de craindre son pouvoir que
ses arguments. Les païens, instruits de la ferveur de son zèle, attendaient
peut-être avec impatience le moment prochain où ils pourraient allumer contre
les ennemis des dieux les bûchers de la persécution ; ils se flattaient
peut-être que la haine ingénieuse du prince inventerait quelque genre de mort
ou quelque torture nouvelle inconnue à la fureur grossière et, inexpérimentée
de ses prédécesseurs. Mais la prudente humanité d’un empereur [2597] qui s’occupait
de sa réputation, de la paix publique, et des droits du genre humain, trompa,
du moins en apparence, l’espoir et la crainte des factions religieuses.
Instruit par l’histoire et la réflexion, Julien croyait que si une violence
salutaire guérit quelquefois les maladies du corps, le fer et le feu ne peuvent
arracher de l’esprit les opinions erronées. On peut-en effet traîner une
victime au pied des autels ; mais son cœur continue d’abhorrer et de désavouer
le sacrilège dont on a rendu sa main coupable. La tyrannie irrite et fortifie
l’opiniâtreté religieuse, et dès que la persécution se calme, ceux qui ont cédé
rentrent dans leur secte comme pénitents, et ceux qui ont résisté sont honorés
comme des saints et des martyrs. Julien sentait qu’en adoptant la cruauté
infructueuse de Dioclétien et de ses collègues, il flétrirait sa mémoire et
augmenterait le triomphe de l’Église catholique, à qui la rigueur des
magistrat4 paiera avait donné de la force et des prosélytes. Pénétré de ces
maximes, et craignant de troubler le repos d’un règne mal affermi, il entonna le
monde romain par une loi digne d’un homme d’État et d’un philosophe. Julien
accorda une tolérance universelle à tous les sujets de l’empire, et la seule
gêne qu’il imposa aux chrétiens, fut de leur ôter le pouvoir de tourmenter ceux
de leurs concitoyens qu’ils flétrissaient des noms adieux d’idolâtres et
d’hérétiques. On permit ou plutôt on ordonna aux païens d’ouvrir tous leurs
temples [2598] ,
et on les affranchit en même temps des lois oppressives et des vexations
arbitraires qui les avaient accablés sous le règne de Constantin et de ses
fils. Par le même édit, les évêques et les ecclésiastiques que le monarque
arien avait bannis, furent rappelés et rétablis dans leurs églises ; les
donatistes, les novatiens, les macédoniens, les eunomiens, et ceux qui, plus heureux,
adhéraient à la doctrine du concile de Nicée, partagèrent la même faveur.
L’empereur, qui comprenait leurs discussions théologiques, et qui s’en moquait,
invita au palais les chefs des sectes ennemies, afin de jouir du spectacle de
leurs violentes altercations ; et plusieurs fois les clameurs de la controverse
l’obligèrent à s’écrier : Écoutez-moi ; les Francs et les Allemands m’ont
écouté . Mais il s’aperçut bientôt qu’il avait affaire à des

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