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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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trésors de
l’empire romain, adaptait sans peine à toutes les classes de chrétiens ses
arguments, ses promesses et ses récompenses [2615] ; et le mérite
d’une conversion bien placée suppléait, dans son esprit, aux défauts du
candidat, ou même expiait le délit du criminel. Comme les armées sont l’agent
le plus irrésistible de l’autorité absolue, Julien eut un soin particulier de
corrompre la religion de ses troupes. Toutes ses mesures, si elles ne s’y
prêtaient pas de bon cœur, devenaient dangereuses et inutiles ; la disposition
naturelle des soldats rendit cette conquête aussi aisée qu’elle était
importante. Les légions de la Gaule se dévouèrent à la foi ainsi qu’à la
fortune de leur chef victorieux, et, même avant la mort de Constance, il eut la
satisfaction d’annoncer à ses amis qu’elles assistaient, avec une dévotion
fervente et un appétit vorace, aux hécatombes de bœufs gras qu’il offrait
continuellement dans son camp [2616] .
Les armées de l’Orient, accoutumées à marcher sous l’étendard de la croix et
sous celui de Constance, exigèrent une méthode plus adroite et plus
dispendieuse. Aux fêtes solennelles, l’empereur recevait l’hommage et
récompensait le mérite de ses guerriers. Les enseignes militaires de Rome et de
la république environnaient son trône ; on avait effacé du labarum le
saint nom du Christ ; et les emblèmes de la guerre, de la majesté du prince et
de la superstition païenne, se trouvaient si habilement confondus, que le sujet
fidèle encourait le reproche d’idolâtrie lorsqu’il saluait respectueusement la
personne ou l’image de son souverain. Tous les soldats passaient en revue, et
chacun recevait de la main de Julien un don proportionné à son rang et à ses
services ; mais on existait auparavant qu’il jetait des grains d’encens dans le
feu qui brûlait sur l’autel. Quelques chrétiens résistèrent, d’autres se
repentirent ; mais le plus grand nombre, séduit par la vue de l’or, et intimidé
par la présence de l’empereur, contractait l’engagement criminel, et toutes les
considérations possibles de devoir et d’intérêt assuraient pour l’avenir leur
persévérance dans le culte des dieux. Julien, en usant souvent de ces
artifices, et en prodiguant des sommes qui auraient payé le service de la
moitié des peuples de la Scythie, obtint à son armée la protection imaginaire
des digue, et s’acquit plus réellement le firme appui des légions romaines [2617] . Il est
d’ailleurs plus que vraisemblable que le rétablissement du paganisme et la
faveur qu’on lui accordait firent connaître une multitude de prétendus
chrétiens qui, dans des vues temporelles, s’étaient soumis à la religion du
règne précédent, et retournèrent ensuite, avec la même flexibilité de
conscience, au culte qu’embrassèrent les successeurs de Julien.
    Tandis que le zélé monarque s’occupait sans relâche du
rétablissement et de la propagation de la religion de ses aïeux, il forma
l’extraordinaire projet de relever le temple de Jérusalem. Dans une épître
adressée aux Juifs [2618] dispersés dans les provinces de l’empire, il plaint leur infortune, condamne
leurs oppresseurs, lotie leur constance, déclare qu’il les protégera, et se
flatte de cette pieuse espérance qu’à son retour de la guerre de Perse, il lui
sera permis d’adorer avec reconnaissance le Tout-Puissant dans sa sainte ville
de Jérusalem. La superstition aveugle et la servitude abjecte de ces infortunés
proscrits pouvaient exciter le mépris d’un empereur philosophe : mais leur
haine implacable pour les disciples du Christ leur valut l’amitié de Julien. La
stérile synagogue abhorrait et enviait la fécondité de l’Église rebelle ; le
pouvoir des Juifs n’égalait pas leur méchanceté ; mais leurs plus graves
rabbins approuvaient le meurtre secret d’un apostat [2619] , et leurs
clameurs séditieuses avaient souvent éveillé l’indolence des magistrats païens.
Devenus, sous le règne de Constantin, sujets de leurs enfants révoltes, ils ne
tardèrent pas à éprouver toute la dureté de la tyrannie domestique. Les princes
chrétiens annulèrent peu à peu les immunités civiles que leur avait accordées
ou assurées Sévère, et une émeute imprudente, qui s’éleva parmi ceux de la
Palestine [2620] ,
sembla justifier les vexations lucrative qu’inventèrent les évêques et les
eunuques de la cour de Constance. Le

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