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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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réformer
l’administration de l’empire. Il invita les sujets qui avaient été ou opprimés
ou molestés sous le règne de Julien, de quelque classe qu’ils fussent, à présenter
publiquement leurs accusations. Un silence général attesta l’intégrité sans
tache du préfet, le respectable Salluste [2872] ,
et, malgré ses pressantes sollicitations pour qu’il lui fût permis de se
retirer des affaires ; Valentinien le retint à la cour avec les plus honorables
protestations d’estime et d’amitié. Mais parmi les favoris de l’avant dernier
empereur, plusieurs avaient abusé de sa crédulité ou de sa superstition, et ils
ne pouvaient plus espérer ni le secours de la faveur, ni même celui de la justice [2873] . On destitua la
plus grande partie des ministres du palais et des gouverneurs de provinces ;
mais Valentinien sut séparer de la foule coupable les officiers qui s’étaient
distingués par leur mérite ; et il parait que, malgré les clameurs du zèle et
du ressentiment, cette réforme fût conduite avec sagesse et modération [2874] . Les
réjouissances du nouveau règne éprouvèrent une interruption passagère par
l’indisposition soudaine et suspecte des deux empereurs. Dès que leur santé fut
rétablie, ils quittèrent Constantinople au commencement du printemps, et
terminèrent solennellement le partage de l’empire dans le château ou le palais
de Mediana, à trois milles de Naissus [2875] .
Valentinien céda à son frère la riche préfecture de l’Orient ; depuis le
Bas-Danube jusqu’aux confins de la Perse, et se réserva les préfectures
guerrières de l’Illyrie, de l’Italie, et de la Gaule, depuis l’extrémité de la
Grèce jusqu’au rempart de la Calédonie, et depuis .le rempart de la Calédonie
jusqu’au pied du mont Atlas. L’administration des provinces continua à se
diriger d’après les mêmes hases’ ; mais deux cours et deux conseils obligèrent
de doubler le nombre des généraux et des magistrats ; on eut égard, dans la
répartition, des emplois, au mérite et à la situation particulière de chacun,
et l’on créa sept maîtres généraux tant de cavalerie que d’infanterie. Après
avoir paisiblement terminé cette affaire importante Valentinien et Valens
s’embrassèrent pour la dernière fois. L’empereur de l’Occident établit à Milan
sa résidence momentanée, et le souverain de l’Orient partit pour
Constantinople, chargé du gouvernement de cinquante provinces dont il ignorait
absolument la langue [2876] .
    La tranquillité de l’Orient ne tarda pas à être troublée par
une révolte, et la puissance de Valens fut menacée par les audacieuses
entreprises d’un rival dont sa parenté avec Julien [2877] faisait tout le
mérite, comme elle avait été tout son crime. Procope s’était rapidement élevé
du poste obscur de tribun au commandement de l’armée de Mésopotamie, et
l’opinion publique le désignait déjà comme le successeur d’un prince qui
n’avait point d’héritiers. Ses amis, ou ses ennemis, répandaient, sans aucun
fondement, que Julien l’avait secrètement revêtu de la pourpre à Carrhes, dans
le temple de la Lune [2878] .
Il tâcha de désarmer les soupçons de Jovien par une conduite soumise et
respectueuse ; et, après avoir quitté sans résistance son commandement
militaire, il alla, suivi de sa mère et de sa famille, cultiver l’ample
patrimoine qu’il possédait dans la province de Cappadoce. L’apparition d’un
officier et d’une troupe de soldats vint le troubler cruellement dans ses
innocentes occupations. Ils étaient chargés par Valens et Valentinien
d’arracher l’infortuné Procope des bras de ses parents, et de le conduire soit
à une prison perpétuelle, soit à une mort ignominieuse. Sa présence d’esprit
lui procura quelque délai et une mort plus éclatante. Sans faire la moindre
résistance à l’ordre des empereurs, il demanda quelques moments pour embrasser
sa famille en larmes ; et, tandis qu’il endormait la vigilance de ses gardes
par un repas splendide, il eut l’adresse de gagner la côte de la mer Noire,
d’où il passa dans la province du Bosphore. Procope resta plusieurs mois caché
dans cette triste région, exposé à tous les maux de l’exil, de la solitude et
du besoin ; aigrissant ses peines par les réflexions d’un caractère
naturellement mélancolique, et sans cesse agité de la crainte, trop bien
fondée, que les Barbares, venant par hasard à découvrir

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