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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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intrigue, il fut appelé, dans la quarante-troisième année de son âge, au
gouvernement absolu de l’empire romain.
    Le vœu des ministres et des généraux aurait eu peu de
valeur, s’il n’eût été confirmé par l’approbation de l’armée. Le vieux
Salluste, instruit par une longue expérience des caprices inattendus qui
peuvent déterminer une assemblée populaire, proposa de défendre, sous peine de
mort, à tous ceux dont le militaire pouvait former un parti de se présenter à
la cérémonie de la prochaine inauguration. Telle était cependant encore
l’influence de l’ancienne superstition, qu’on augmenta d’un jour le dangereux
intervalle qui devait s’écouler jusqu’à cette cérémonie, parce que celui qu’on
avait choisi tombait sur l’intercalaire de l’année bissextile [2867] . Quand le
moment fut jugé favorable, Valentinien se montra sur un tribunal élevé.
L’assemblée applaudit à un choix si judicieux, et l’empereur se revêtit
solennellement de la pourpre et du diadème aux acclamations de toute l’armée
rangée en ordre autour du tribunal ; mais au moment où il étendait la main pour
haranguer les soldats, un murmure inquiet sembla s’élever par hasard dans les
rangs ; il augmenta, et d’impérieuses clameurs se firent bientôt entendre et
pressèrent le nouveau monarque de se nommer sur-le-champ un collègue. Le calme
intrépide de Valentinien ayant ramené la multitude au silence et au respect, il
lui adressa le discours suivant : Camarades, vous étiez encore les maîtres,
il y a peu d’instants, de ne point m’élever à l’empire ; jugeant, par l’examen
de ma vie, que j’étais digne de régner, vous m’avez placé sur le trône, et
c’est à moi dorénavant à m’occuper de l’intérêt et de la sûreté de la
république. Le gouvernement de l’univers est sans contredit un fardeau trop
pesant pour les mains d’un faible mortel. Je connais les bornes de mon
intelligence ; je sais que ma vie est incertaine, et, loin de refuser les
secours d’un digne collègue, je les solliciterai avec empressement ; mais
quand la discorde peut être funeste, on ne doit se déterminer dans le choix
d’un ami sincère, qu’après de mûres délibérations, et c’est à moi seul à les
faire. Pour vous, soyez soumis et raisonnables ; allez vous reposer et vous
tranquilliser dans vos quartiers. Vous pouvez compter sur la gratification
d’usage à l’avènement d’un nouvel empereur [2868] . Fiers de leur
choix, satisfaits à la fois et tremblants, les soldats, étonnés reconnurent la
voix d’un maître ; la violence de leurs clameurs fit place à un respectueux
silence, et Valentinien, environné des aigles des légions et des différentes
bannières de la cavalerie et de l’infanterie, fut conduit, par un cortège
militaire, au palais impérial de Nicée. Le nouvel empereur, sentant combien il
était important d’empêcher que les soldats n’en vinssent à quelque déclaration
un peu trop hardie, assembla les chefs pour les consulter ; et Dagalaiphus,
avec une noble franchise lui exprima en peu de mots leurs véritables sentiments
: Très excellent empereur , lui dit-il, si vous songez seulement à votre
famille, vous avez un frère ; si vous aimez la république, cherchez autour de
vous le plus digne d’entre les Romains [2869] .
L’empereur, dissimulant son mécontentement sans rien changer à ses projets, se
rendit, à, petites journées, de Nicée à Nicomédie, et enfin à Constantinople.
Dans un des faubourgs de cette capitale [2870] ,
trente jours après son élévation, il donna le titre d’Auguste à son frère
Valens. Les patriotes les plus hardis se soumirent en silence à sa volonté
absolue, convaincus qu’en s’y opposant ils se sacrifieraient eux-mêmes sans
être de la moindre utilité à leurs concitoyens. Valens était dans la
trente-sixième année de son âge ; mais ses talents ne s’étaient fait connaître
dans aucun emploi civil ou militaire, et son caractère personnel ne donnait pas
au monde de -grandes espérances. Il avait cependant une qualité qui le rendit
cher à Valentinien, et conserva la paix intérieure de l’empire : sa
reconnaissance et son attachement pour son bienfaiteur, furent toujours
invariables, Valens reconnut docilement, dans toutes les circonstances de sa
vie, la supériorité du génie et de l’autorité de son frère [2871] .
    Avant de partager les provinces, Valentinien voulut

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