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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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funeste de là
colère du ciel ou de la dépravation des hommes [2886] , les recherches
rigoureuses que Valens et Valentinien firent durant leur règne sur le crime de
la magie [2887] .
Ne craignons pas de nous laisser aller à un noble orgueil en voyant tous les
pays éclairés de l’Europe rejeter aujourd’hui un préjugé odieux et cruel,
adopté autrefois dans toutes les parties du monde et dans tous les systèmes
d’opinions religieuses [2888] .
Toutes les nations et toutes les sectes de l’empire romain admettaient avec la
même crédulité et la même horreur la réalité de cet art infernal [2889] , capable de
suspendre le cours éternel des planètes et la liberté des opérations de
l’esprit humain. Tous les peuples redoutaient la puissance mystérieuse des mots
magiques et des enchantements, des herbes puissantes et des cérémonies
exécrables qui pouvaient ôter ou rendre la vie, enflammer les passions de
l’âme, anéantir les œuvres de la création, et arracher à la résistance des
démons les secrets de l’avenir. Ils étaient assez inconséquents pour supposer
que cette suprême puissance sur le ciel, la terre et les enfers, pouvait être
exercée par de misérables sorciers ambulants, qui, l’employant seulement pour
satisfaire aux plus vils motifs d’intérêt ou de méchanceté, passaient leur vie
obscure dans la misère et le mépris [2890] .
Les lois de Rome et l’opinion publique condamnaient également la magie ; mais
comme cet art tendait à satisfaire les plus impétueuses passions du cœur
humain, continuellement proscrit, il ne cessait point d’être pratiqué [2891] . Une cause
imaginaire peut produire des effets sérieux et funestes. D’obscures prédictions
sur la mort d’un empereur ou le succès d’une conspiration ne pouvaient avoir
d’autre objet et d’autre effet que d’animer l’espoir de l’ambition et de rompre
les liens de la fidélité ; et le crime d’intention, que poursuivaient les lois
contre la magie, se trouvait aggravé par les crimes réels de sacrilège et de
lèse-majesté [2892] .
Ces vaines terreurs troublaient la paix de la société et le bonheur des citoyens.
La flamme qui fondait naturellement une figure de cire pouvait devenir très
dangereuse en effrayant l’imagination de celui que, pour servir les projets de
la haine, cette figure était destinée à représenter [2893] . De l’infusion
des herbes auxquelles on supposait une influence surnaturelle, on pouvait
aisément passer à l’usage d’un poison plus réel, et l’imbécillité, des hommes
servit quelquefois de masque et d’instrument aux crimes les plus atroces. Des
que les ministres de Valens et de Valentinien eurent encouragé le zèle des
délateurs, ils se trouvèrent forcés de recevoir l’accusation d’un crime trop
souvent mêlé aux événements de la vie domestique d’un crime d’une nature moins
cruelle et moins odieuse mais auquel cependant la pieuse et excessive rigueur
de Constantin avait infligé la peine de mort [2894] . Ces
dangereuses et incohérentes complications du crime de lèse-majesté avec celui
de magie, de l’empoisonnement et de l’adultère, présentaient des gradations
infinies de culpabilité ou d’innocence, et une foule de circonstances
atténuantes et aggravantes que la violence et la corruption des juges semblent
avoir confondues. Ils découvrirent aisément que la cour impériale n’estimerait
leur adresse et leur intelligence qu’en proportion du nombre des sentences capitales
émanées de leurs tribunaux. Ne se déterminant à absoudre qu’avec la plus grande
répugnance, ils cherchaient ardemment, dams des témoignages ou parjures ou
forcés par les tourments, de quoi prouver le crime le, moins probable contre le
citoyen le plus estimé. La suite de chaque procédure fournissait à chaque
moment de nouveaux sujets de poursuite criminelle ; l’audacieux délateur, dont
l’imposture avait été découverte, se retirait avec impunité ; mais la
malheureuse victime qui trahissait ses complices réels ou prétendus obtenait
rarement la vie pour prix de son infamie. Jeunes gens et vieillards étaient
traînés, chargés de chaînes, de l’extrémité de l’Italie et de l’Asie au
tribunal de Rome ou d’Antioche ; les sénateurs, les matrones et les philosophes,
expiraient dans les tortures et dans les supplices les plus ignominieux. Les
soldats chargés de garder les prisons déclaraient, avec des murmures
d’indignation et

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