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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sang des
plus illustres citoyens ; honoré de l’approbation de l’empereur, il obtint
encore pour récompense la préfecture de la Gaule. Deux ours féroces et énormes,
connus l’un sous le nom d’ Innocence , l’autre sous celui de Mica aurea ,
méritaient seuls de partager, dans le cœur du monarque, la faveur de Maximin [2901] . Valentinien
avait fait placer les cages de ces gardes fidèles auprès de sa chambre coucher
; et il se plaisait à leur voir déchirer et dévorer les membres palpitants des
malfaiteurs qu’on abandonnait à leur rage. L’empereur des Romains présidait à
leur régime et à leurs exercices ; et lorsque, par un long cours de services
dignes de récompense, Innocence eut mérité sa retraite, ont rendit ce
fidèle animal à la liberté des forêts où il avait pris naissance [2902] .
    Mais lorsque les terreurs de Valens et les fureurs de
Valentinien faisaient place à des sentiments plus calmes, les tyrans de
l’empire devenaient les pères de la patrie. L’empereur d’Occident était alors
capable d’apercevoir d’un coup d’œil ce qui convenait à ses intérêts où à ceux
du public, et d’y travailler diligemment. Le souverain d’Orient, qui imitait
docilement la bonne et la mauvaise conduite de son frère, se laissait
quelquefois guider par le sage et vertueux Salluste. Ces deux princes
conservaient sous la pourpre la chaste et frugale simplicité de leur vie
privée, et, sous leur règne, les citoyens n’eurent ni à gémir ni à rougir des
plaisirs de la cour. Ils réformèrent peu à peu un grand nombre des abus du
règne de Constance ; ils adoptèrent et perfectionnèrent les projets de Julien
et de son successeur ; et l’esprit général ainsi que le ton de leurs lois
pourraient donner à la postérité la plus avantageuse opinion de leur caractère
et de leur gouvernement. Ce n’est pas du maître d’ Innocence que nous
aurions dû espérer un tendre intérêt pour le bien-être de ses sujets. Cependant
Valentinien condamna l’exposition des enfants nouveau-nés [2903] , et plaça dans
quatorze quartiers de Rome quatorze médecins savants, auxquels il accorda un
revenu et des privilèges. Un soldat ignorant eut le bon sens de pourvoir, par
d’utiles et généreuses fondations, à l’éducation de la jeunesse, et de prêter
ainsi un appui aux sciences alors sur leur déclin [2904] . Il voulut
qu’on enseignât les règles de la grammaire et de l’éloquence, en grec et en
latin, dans les capitales de toutes les provinces ; et comme on accordait
aux différentes écoles un local et des privilèges en proportion de la grandeur
des villes ou elles étaient situées, les académies de Rome et de Constantinople
réclamèrent une juste prééminence. Les fragments des édits de Valentinien
peuvent nous donner une idée de l’école de Constantinople, qui fut
perfectionnée peu à peu par de nouveaux règlements. Cette école consistait en
trente et un professeurs destinés à des instructions différentes ; un pour la
philosophie, deux pour la jurisprudence, cinq sophistes et dix grammairiens
pour la langue grecque ; trois orateurs et dix grammairiens pour la langue
latine, outre sept scribes ou antiquaires, comme on les appelait alors, dont
les plumes actives fournissaient aux bibliothèques publiques des copies nettes
et exactes de tous les auteurs classiques. Les règles de conduite prescrites
aux étudiants sont curieuses, en ce qu’elles présentent l’esquisse de la
première discipline de nos universités modernes. On exigeait de chaque étudiant
une attestation du magistrat de sa province natale. Son nom, sa profession, sa
demeure, étaient inscrits exactement sur le registre public. On prenait grand
soin que la jeunesse destinée à l’étude ne perdit pas son temps dans les fêtes
et les spectacles ; et le terme final de l’éducation était fixé à l’âge de
vingt ans. Le préfet de la ville exerçait son autorité sur les étudiants ; il avait
le droit de punir les indociles et les paresseux par des châtiments corporels
ou par l’expulsion ; et il faisait tous les ans au grand-maître des offices un
rapport sur l’exactitude et les talents des écoliers, afin que l’on bût les
employer utilement au service public. Les institutions de Valentinien
contribuèrent à faire jouir les citoyens de tous les bienfaits de l’abondance
et de la tranquillité. Les villes se virent protégées par des défenseurs [2905] élus par le
peuple pour

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