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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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lui servir de tribuns ou d’avocats pour défendre ses droits, pour
porter ses plaintes devant les tribunaux et jusqu’au pied du trône. Accoutumés
pendant une grande partie de leur vie à l’économie sévère qu’exige une fortune
médiocre, les deux empereurs suivaient avec soin l’administration des finances
; mais en examinant avec attention le gouvernement des deux empires, on
apercevait entre eux une différence dans la recette et dans la dépense des
revenus. Valens était persuadé que la libéralité d’un monarque entraîne
inévitablement l’oppression de ses sujets, et il ne fut jamais tenté de
sacrifier leur bonheur présent à leur grandeur et, à leur prospérité future.
Loin d’augmenter le poids des taxes qu’on avait insensiblement doublées dans
l’espace de quarante ans ; il supprima dès les premières années de son règne un
quart des tributs de l’Orient [2906] .
Valentinien paraît avoir été moins sensible aux peines de ses peuples et moins
attentif à les soulager. Il put réformer les abus de l’administration fiscale ;
mais il exigea toujours sans scrupule une forte partie de la propriété
publique, convaincu que cette partie des revenus, destinée à entretenir le luxe
des particuliers, serait employée plus avantageusement, à la défense de l’État
et à l’amélioration de ses diverses parties. Les sujets de Valens
applaudissaient à une indulgence dont ils retiraient tout l’avantage, et le
mérite plus solide et moins brillant de Valentinien ne fut senti et avoué que
par la génération suivante [2907] .
    C’est principalement par sa constante impartialité dans un
siècle de controverses et de factions religieuses, que le caractère de
Valentinien mérite des louanges. Son jugement sain n’était ni éclairé, ni
corrompu par l’étude, et il écarta toujours, avec une respectueuse indifférence
; les questions subtiles des débats théologiques. Le gouvernement de la terre
demandait tous ses soins et satisfaisait, son ambition. En se rappelant qu’il
était un disciple de l’Église, il n’oublia jamais qu’il était le souverain du
clergé. Son zèle pour le christianisme avait éclaté, sous le règne d’un apostat
; il accorda à tous ses sujets le droit qu’il avait réclamé pour lui-même, et
ses peuples reconnaissants purent jouir sans inquiétude d’une tolérance
générale accordée par un prince violent, mais incapable de crainte et de
dissimulation [2908] .
La protection des lois mettait également à l’abri du pouvoir arbitraire et des
insultes du peuple ; les juifs, les païens et toutes les différentes sectes
comprises sous la dénomination de chrétiens. Valentinien permettait tous les
cultes et ne défendait que ces pratiques secrètes et criminelles qui cachent
des vices et des désordres sous le masque de la religion. L’art de la magie
était poursuivi rigoureusement et puni avec sévérité ; mais, par une
distinction particulière, l’empeseur admettait l’ancienne méthode de divination
approuvée par le sénat et exercée par les aruspices de Toscane. Du consentement
des hommes, les plus raisonnables d’entre les païens, il avait proscrit la
licence des sacrifices nocturnes ; mais il se rendit, sans la moindre difficulté,
aux représentations de Prætextatus, proconsul de l’Achaïe, qui l’assura que
priver les Grecs de l’inappréciable jouissance des mystères d’Éleusis, serait
leur ôter toutes les joies et les consolations de la vie. La philosophie peut
seule prétendre (et peut-être encore n’est-ce qu’une des vaines prétentions de
la philosophie) à détruire de sa main bienfaisante les funestes principes du
fanatisme, si profondément enracinés dans le cœur humain ; cependant cette
trêve de douze ans, soutenue par le gouvernement sage et ferme de Valentinien,
adoucit les habitudes, et diminua les préjugés, des factions religieuses, en
les forçant à suspendre la répétition de leurs insultes réciproques.
    Le protecteur de la tolérance était malheureusement trop
éloigné de la scène ou la controverse exerçait ses fureurs avec le plus de
violence. Dès que les chrétiens de l’Occident eurent échappé aux embûches du
concile de Rimini, ils retombèrent heureux et tranquilles dans le paisible
sommeil de l’orthodoxie ; et les faibles restes du parti d’Arius qui existaient
encore à Milan ou à Sirmium, excitaient moins de ressentiment que de mépris.
Mais dans les provinces de

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