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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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persécuteur, et le caractère d’un prince dont les vices et les
vertus tiraient également leur source d’un esprit faible et d’un naturel
pusillanime, mérite peu qu’on cherche à l’excuser. Cependant un examen fait de
bonne foi peut donner lieu de présumer que ses ministres ecclésiastiques
allèrent souvent au-delà des ordres et même de l’intention de leur maître, et
que les faits ont été fort exagérés par les déclamations véhémentes, et par la
docile crédulité de ses antagonistes [2912] .
1° Le silence de Valentinien doit faire présumer que les actes partiels de
sévérité qu’on exerça au nom et dans les provinces de son collègue se bornèrent
à quelques déviations obscures et peu considérables du système de tolérance
généralement établi ; et le judicieux historien qui a donné des louanges à la
constante impartialité du frère aîné, ne parle point de la persécution de
l’Orient, dont il aurait naturellement formé un contraste avec la tranquillité
des États de Valentinien [2913] .
2° Quand les rapports vagues d’un temps éloigné mériteraient une plus entière
confiance, on peut juger sainement du caractère ou du moins de la conduire de
Valens par sa transaction particulière avec l’éloquent Basile, archevêque de
Césarée, que les trinitaires choisirent pour leur chef après la mort de saint
Athanase [2914] .
L’histoire détaillée de cette négociation a été composée par les amis et les
admirateurs de saint Basile ; cependant, après avoir élagué les ornements de
rhétorique et les miracles, on demeure tout étonné de l’indulgence inattendue
du tyran arien qui admira la fermeté de l’archevêque. En employant la violence,
on craignit de faire révolter toute la province de Cappadoce [2915] . L’archevêque,
qui soutenait la dignité de son rang et la vérité de ses opinions avec un
orgueil inflexible, conserva paisiblement sa liberté de conscience et la
possession de son archevêché. L’empereur assista dévotement au service divin
dans la cathédrale, et, au lieu d’une sentence de bannissement, souscrivit une
donation considérable en faveur d’un hôpital que saint Basile avait fondé
récemment dans les environs de Césarée [2916] .
3° Je n’ai pas pu découvrir que Valens ait publié contre les disciples de saint
Athanase de loi équivalente à celle que Théodose promulgua depuis contre les
ariens ; et l’édit qui excita les plus violentes clameurs ne paraît pas fort
répréhensible. L’empereur avait observé qu’un grand nombre de ses sujets,
autorisant leur paresse du prétexte de la dévotion, s’associaient aux moines
d’Égypte ; il chargea le comte de l’Orient d’aller les tirer de leur désert, et
de forcer ces déserteurs de la société à renoncer à leurs possessions
temporelles ou à remplir les devoirs d’hommes et de citoyens [2917] . Les ministres
de Valens paraissent avoir étendu le sens de cette loi pénale, puisqu’ils se permirent
d’enrôler les moines jeunes et vigoureux dans l’armée impériale. Un détachement
de trois mille hommes, composé de cavalerie et d’infanterie, marcha
d’Alexandrie dans le désert voisin de Nitrie [2918] , qu’habitaient
cinq mille moines. Des prêtres ariens servirent de guides aux soldats, et
l’histoire rapporte qu’il fut fait un grand carnage dans les monastères qui
voulurent résister aux ordres de leur souverain [2919] .
    L’empereur Valentinien donna le premier exemple des
règlements sévères au moyen desquels la sagesse des législateurs modernes a mis
des bornes à l’opulence et à l’avarice du clergé. On lut publiquement dans les
églises de la ville un édit adressé à Damase, évêque de Rome [2920] , par lequel le
monarque recommandait aux moines et aux ecclésiastiques de ne point, fréquenter
la demeure des veuves et des vierges, et chargeait les magistrats civils de la
punition de leur désobéissance. Il ne fût plus permis au directeur de recevoir
aucun don, legs ou héritage de sa fille spirituelle. Tout testament contraire à
cet édit était déclaré nul ; on confisquait la donation illégale au profit du
trésor. Un règlement postérieur semble comprendre les religieuses et les
évêques ; toute personne attachée à l’ordre ecclésiastique devint inhabile à
recevoir des dons testamentaires et fut bornée aux droits d’une succession
légitime. Comme chargé de maintenir, parmi ses sujets le bonheur et les

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