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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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vertus
domestiques, Valentinien crut devoir appliquer ce remède sévère au désordre qui
commençait à se faire sentir. Dans la capitale de l’empire les filles des
familles nobles et opulentes héritaient d’une propriété considérable et
indépendante. Un grand nombre de ces dévotes prosélytes avaient embrassé la
doctrine chrétienne, non pas avec la conviction tranquille du discernement mais
avec la chaleur d’une passion, et peut-être avec la vivacité de la mode. Elles
sacrifiaient les plaisirs du luxe et de la parure, et le désir de passer pour
chastes les faisait renoncer aux douceurs de la vie conjugale. Elles
choisissaient quelque ecclésiastique d’une sainteté réelle ou apparente pour
diriger leur conscience timorée et amuser la tendre inquiétude d’un cœur
désœuvré ; et la confiance illimitée qu’elles accordaient trop légèrement, les
exposait à l’abus qu’en faisaient trop souvent des enthousiastes ou des
hypocrites qui accouraient, de l’extrémité de l’Orient pour jouir, sur un
théâtre plus brillant, des privilèges de la profession monastique. En renonçant
aux plaisirs du monde, ils en obtenaient insensiblement les plus précieux
avantages : le vif attachement, peut-être d’une femme jeune et belle,
l’abondance recherchée d’une maison opulente, et l’hommage respectueux des
esclaves, des affranchis et des clients d’une famille de sénateurs. Les dames
romaines dissipaient insensiblement leurs immenses fortunes en aumônes
inconsidérées, en pèlerinages dispendieux ; et le moine rusé qui s’assurait,
dans le testament de sa fille spirituelle, une partie et quelquefois la
totalité de sa fortune, osait encore déclarer, avec la fausse douceur de
l’hypocrisie, qu’il n’était que l’instrument de la charité et l’intendant des
pauvres. Le métier [2921] lucratif et honteux que les ecclésiastiques exerçaient pour dépouiller les
héritiers naturels, enflamma l’indignation même d’un siècle superstitieux. Même
des plus respectables pères de l’Église latine avouèrent que l’ignominieux édit
de Valentinien était juste et nécessaire, et que les prêtres chrétiens avaient
mérité de perdre un privilège conservé aux comédiens et aux prêtres des idoles.
Mais la sagesse et l’autorité du législateur remportent rarement la victoire
sur la vigilance adresse de l’intérêt personnel, et saint Jérôme et saint
Ambroise pouvaient acquiescer patiemment à l’équité d’une loi ou impuissante ou
salutaire. Si les ecclésiastiques se trouvaient arrêtés dans la poursuite de
leurs avantages particuliers, il était probable que leur louable industrie se
tournerait alors à augmenter le patrimoine de l’Église, et à cacher ainsi leur
avidité sous le manteau du patriotisme et de la piété [2922] .
    Damase, évêque de Rome, ayant été forcé de publier la loi
par laquelle Valentinien châtiait l’avidité du clergé, eut l’adresse ou le
bonheur d’attirer dans son parti le savant et zélé saint Jérôme, dont la
reconnaissance a célébré le mérite et le caractère très suspect du prélat romain [2923] . Mais les vices
fastueux de l’Église de Rome, au temps de Valentinien et de Damase, sont
détaillés d’une manière curieuse par Ammien, dont les observations impartiales
se trouvent fortement exprimées dans le passage suivant : Le préfet
Juventius faisait jouir ses provinces de l’abondance et de la paix ; mais la
tranquillité de son gouvernement fut bientôt troublée par la sédition sanglante
d’une multitude égarée. L’ardeur avec laquelle Damase et Ursin se disputaient
le siége épiscopal surpassait la mesure ordinaire de l’ambition humaine ; ils
s’attaquaient avec la fureur attachée aux partis, et ne se soutenaient qu’au
prix du sang et de la vie de leurs adhérents. Le préfet, ne pouvant ni
réprimer, ni apaiser le tumulte, fut contraint, par la force de se réfugier
dans les faubourgs. Après un combat opiniâtre, la faction de Damase obtint une
victoire complète. On trouva le lendemain cent trente-sept corps morts [2924] dans la
basilique de Sicinius [2925] ,
où les chrétiens tenaient leurs assemblées religieuses, et la fermentation des
esprits tarda longtemps à se calmer. : Quand je considère l’éclat de la
capitale, je ne suis point surpris qu’une acquisition si précieuse enflamme le
désir des hommes ambitieux, et produise les débats les plus violents et tes
plus

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