Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
crime à
l’instigation des Romains [2935] ;
cet oubli des lois de la justice et de l’humanité découvrait les craintes
secrètes que leur inspirait la faiblesse d’un empire sur son déclin. Les
conseils publiés n’adoptent guère le secours du poignard, tant qu’ils peuvent
se reposer sur la puissance de l’épée.
Au moment où les Allemands paraissaient le plus humiliés de
leurs derniers revers, l’orgueil de Valentinien reçut une mortification dans la
surprise de Mogontiacum ou Mayence, la principale ville de la Haute-Allemagne.
Au moment où les chrétiens, sans défiance, célébraient une de leurs fêtes,
Rando, l’un des chefs allemands, guerrier habile et hardi, qui avait longtemps
médité son entreprise, passa subitement le Rhin, entra dans la ville dépourvue
de tout moyen de défense, et emmena une multitude d’esclaves des deux sexes.
Valentinien résolut de tirer une vengeance sanglante de tout le corps de la
nation. Le comté Sébastien reçut ordre d’entrer dans le pays avec les bandes
d’Italie et d’Illyrie, probablement du côté de la Rhétie. L’empereur accompagné
par son fils Gratien, passa le Rhin à la tête d’une puissante armée, dont les
deux ailes étaient soutenues par Jovin et par Sévère, maîtres généraux de la
cavalerie et de l’infanterie de l’Occident. Dans l’impuissance de s’opposer à
la destruction de leurs villages ; les Allemands campèrent sur la cime d’une
montagne presque inaccessible dans le duché de Wurtemberb, et attendirent
courageusement l’attaque des Romains. L’intrépide curiosité avec laquelle
Valentinien persistait à découvrir quelque sentier sans défense, pour y faire
monter ses soldats, pensa lui coûter la vie. Une troupe de Barbares sortit
précipitamment de son embuscade, et l’empereur, obligé de fuir de toute la
vitesse de son cheval dans une descente raide et glissante, laissa derrière lui
celui qui portait son armure et son casque enrichi d’or et de pierres
précieuses. Au signal de l’assaut, les Romains environnèrent la montagne de
Solicinium, et montèrent de trois côtés. Chaque pas qu’ils parvenaient à gagner
augmentait leur ardeur et abattait le courage de leurs ennemis. Lorsque toutes
leurs forcés occupèrent le plateau, leur impétuosité précipita les Barbares
vers le bas de la montagne, du côté du nord, où le comte Sébastien était posté
pour couper leur retraite. Après cette brillante victoire, Valentinien retourna
dans ses quartiers d’hiver à Trèves, où il permit à la joie publique de se
manifester par la magnifique représentation des jeux triomphaux [2936] . Mais le sage
monarque, au lieu d’entreprendre la conquête de l’Allemagne, réserva toute son
attention pour l’importante et difficile défense des frontières de la Gaule,
contre un ennemi dont les forces étaient sans cesse recrutées pair une foule
d’intrépides volontaires qui accouraient sans cesse des tribus les plus
reculées vers le nord [2937] .
Depuis les sources du Rhin jusqu’au détroit de l’Océan, l’empereur fit
construire, sur les bords de ce fleuve, une chaîne de forts et de tours :
habile dans les arts mécaniques, il inventa de nouvelles fortifications et de
nouvelles armes. De nombreuses levées de Romains et de jeunes Barbares furent
sévèrement disciplinées, et soigneusement instruites dans tous les exercices
militaires. Malgré l’opposition des Barbares, dont quelques-uns se permirent
seulement de modestes représentations, et quelques autres, de violentes
attaques, Valentinien acheva la barrière du Rhin, qui assura la tranquillité de
la Gaule durant les neuf dernières années de son règne [2938] .
L’empereur, qui avait adopté les sages maximes de
Dioclétien, s’appliquait à fomenter et à renouveler les discordes intestines
qui animaient les unes contre les autres les différentes peuplades de la
Germanie. Au milieu du quatrième siècle ; les Bourguignons, peuple errant,
nombreux, et descendant des Vandales [2939] ,
occupaient sur les deux rives de l’Elbe les contrées Peut-être de la Lusace et
de la Thuringe. Leur nom obscur devint’ insensiblement celui d’un puissant
royaume, et est enfin demeuré à une province florissante. Le contraste dei
gouvernement civil et de la constitution religieuse, est la particularité la
plus remarquable dans les usages des anciens Bourguignons. Leur roi ou général
était connu sous la dénomination d’ Hendinos ,
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