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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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souvent dans des entreprises militaires, prenaient mutuellement
le plus vif intérêt les unes aux autres. Ils chérirent longtemps l’opinion
d’une origine commune ; et les missionnaires de l’île des Saints, qui
répandirent le christianisme dans le nord de la Bretagne, persuadèrent aux
habitants que leurs compatriotes irlandais étaient en même temps les véritables
ancêtres et les pères spirituels de la race écossaise. Cette tradition vague et
obscure a été conservée par le vénérable Bède, qui a répandu un peu de lumière
sur l’obscurité du huitième siècle. Les moines et les bardes, deux espèces
d’hommes qui ont également abusé du privilège de la fiction, ont accumulé un
tas de fables sur ce faible fondement. La nation écossaise a reconnu avec un
orgueil mal entendu son origine irlandaise, et les annales d’une longue suite
de rois imaginaires ont été embellies par l’imagination de Boëce et l’élégance
classique de Buchanan [2954] .
    Six ans après la mort de Constantin, les incursions funestes
des Pictes et des Écossais exigèrent la présente du plus jeune de ses fils, qui
régnait sur l’empire d’Occident. Constans visita la Grande-Bretagne : mais nous
pouvons juger de l’importance de ses exploits par le langage de son
panégyriste, qui ne célèbre que son triomphe sur les éléments, ou, en d’autres
termes, le bonheur qu’il eut de passer sans peine et sans danger du port de
Boulogne à celui de Sandwich [2955] .
L’administration corrompue et sans vigueur des eunuques de Constans, aggrava
les calamités d’une province accablée au dehors, par la guerre et au dedans par
la tyrannie. Les vertus de Julien ne la soulagèrent que passagèrement ; son
absence et sa mort enlevèrent bientôt à la Bretagne, son bienfaiteur. L’avarice
des commandants militaires retenait les sommes d’or et d’argent recueillies
avec peine dan le payas, ou accordées par la libéralité de la cour pour le paiement
des soldats. On vendait publiquement les décharges ou du moins les exemptions
du service militaire. La détresse des soldats, indignement privés de la faible
portion de subsistance que leur accordait la loi, les forçait à déserter en
grand nombre. Tous les liens de la discipline étaient relâchés, et les grands
chemins étaient infestés de voleurs [2956] .
L’oppression des bons citoyens et l’impunité des scélérats contribuaient
également à répandre dans l’île l’esprit de mécontentement et de révolte ; et
tout sujet ambitieux, tout exilé sans ressource, aurait pu aisément se flatter
de renverser le gouvernement faible et odieux de la Bretagne. Les tribus
guerrières de la partie septentrionale, qui détestaient l’orgueil et la
puissance du roi du monde, suspendirent leurs dissensions particulières ; et
les Barbares des côtes et de l’intérieur, les Pictes, les Écossais et les
Saxons, inondèrent rapidement, avec une violence irrésistible, tout le pays
depuis le mur d’Antonin jusqu’à la côte maritime de Kent. La riche et fertile
province de Bretagne [2957] possédait abondamment tous les moyens de luxe et de jouissances que ces
Barbares ne pouvaient se procurer ni par le commerce ni par leur propre
industrie ; et, en déplorant là discorde éternelle des humains, le philosophe
sera, je crois, forcé de convenir que l’avidité du butin est un motif de guerre
plus raisonnable que la vanité de la conquête. Depuis le siècle de Constantin
jusqu’à celui des Plantagenêts, les Calédoniens, pauvres et audacieux se
montrèrent sans cesse animés de l’amour du pillage ; et le même peuple chez qui
la généreuse humanité semblait avoir inspiré les chants ossianiques, se
déshonorait par une ignorance sauvage des vertus pacifiques et des lois de la
guerre. Les Pictes et les Écossais [2958] ont troublé longtemps la tranquillité de leurs voisins méridionaux, qui ont
peut-être exagéré leurs cruels ravages ; et les Attacottes [2959] , une de leurs
tribus guerrières, d’abord ennemis et ensuite soldats de Valentinien, sont
accusés, par un témoin oculaire, d’un goût de préférence pour la chair humaine.
Quand ils cherchaient une proie dans les bois, ils attaquaient, dit-on, le
berger plutôt que ses troupeaux ; et ils choisissaient les parties les plus
charnues et les plus délicates des hommes et des femmes, pour en faire leurs
abominables repas [2960] .
S’il a réellement existé une race d’anthropophages dans

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