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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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provinces de
Numidie et de Mauritanie, et il semblait hésiter seulement s’il prendrait le
diadème d’un roi maure ou la pourpre d’un empereur romain. Mais les imprudents
et malheureux Africains s’aperçurent bientôt que dans cette révolte précipitée
ils n’avaient pas assez consulté leurs forces et l’habileté de leur chef. Avant
qu’il eût pu se procurer des nouvelles certaines de la nomination du général
destiné par l’empereur d’Occident à marcher contre lui, et du rassemblement
d’une flotte de vaisseaux de transport à l’embouchure du Rhône, il apprit tout
à coup que le grand Théodose, suivi d’un petit corps de vétérans avait déjà
débarqué près d’Igilgilis ou de Gigeri, sur la côte d’Afrique, et le timide
usurpateur se sentit écrasé sous l’ascendant de tant de vertu et de génie
militaire. Quoiqu’il lui restât des troupes et des trésors, désespérant bientôt
de la victoire, il eut recours aux artifices employés par le rusé Jugurtha dans
le même pays et dans une situation semblable. Il essaya de tromper, par une
soumission apparente la vigilance du général romain, de séduire ses troupes, et
de traîner la guerre en longueur en engageant successivement les tribus
indépendantes à épouser sa querelle ou à faciliter sa fuite. Théodose imita la
conduite de son prédécesseur Metellus et obtint les mêmes succès. Lorsque
Firmus, d’un ton de suppliant, vint déplorer sa propre imprudence et solliciter
humblement la clémence de l’empereur, le lieutenant de Valentinien le reçut
amicalement et ne s’opposa point à sa retraite ; mais il eut soin d’exiger des
gages solides et utiles de son sincère repentir, et les insidieuses protestations
du prince maure ne lui firent pas ralentir un seul instant ses opérations
militaires. Théodose découvrit par sa vigilance une conspiration, et satisfit,
sans beaucoup de répugnance, à l’indignation du peuple, qu’il avait secrètement
excitée. On abandonna, selon la coutume, une partie des complices de Firmus à
la fureur des soldats ; d’autres, en plus grand nombre, eurent les deux mains
coupées ; et vécurent pour servir d’exemple par le spectacle horrible de leur
mutilation. A la haine que ressentaient les rebelles contre leur ennemi, se
mêla bientôt la crainte, et à la crainte qu’il inspirait à ses soldats se
mêlait une respectueuse admiration. Au milieu des plaines immenses de Gétulie
et des innombrables vallées du mont Atlas, il était impossible d’empêcher la
fuite de Firmus et si l’usurpateur avait pu lasser la patience de son
adversaire, il aurait vécu dans la profondeur de quelque solitude en attendant
une révolution plus heureuse. Mais la persévérance de Théodose ne se démentit
point, et il poursuivit sans relâche la résolution de terminer la guerre par la
mort du rebelle et la destruction de toutes les tribus d’Afrique qui
partageaient son crime. A la tête d’un petit corps de troupes qui excédait
rarement trois mille cinq cents hommes, le général romain s’avança dans le cœur
du pays avec une prudence inébranlable, également éloignée de la témérité et de
la crainte. Il eut quelquefois, à repousser des armées de vingt mille Maures.
L’impétuosité de ses attaques portait le désordre parmi les Barbares indisciplinés
; et ses retraites, toujours faites à temps et en bon ordre, déconcertaient
toutes leur mesures. Ils étaient continuellement déjoués par les ressources de
cet art militaire qu’ils ne connaissaient point, et ils sentirent et
reconnurent la justice de la supériorité que s’attribuait le chef d’une nation
civilisée. Lorsque Théodose entra dans les vastes États d’Igniazen, roi des
Isaflenses, l’orgueilleux sauvage lui demanda d’un air insultant son nom et
l’objet de son expédition : Je suis , lui dit le comte d’un ton imposant
et dédaigneux, je suis le général de Valentinien, monarque de l’univers ; il
m’envoie ici pour poursuivre et punir un brigand sans ressources. Remets le à
l’instant entre mes mains, et sois assuré que si tu n’obéis pas au commandement
de mon invincible souverain, toi et ton peuple vous serez entièrement
exterminés . Dès qu’Igniazen fut bien persuadé que son ennemi avait les
moyens et la volonté d’exécuter sa terrible menace, il consentit à acheter une
paix nécessaire par le sacrifice d’un fugitif coupable. Les gardes placés pour
s’assurer de Firmus lui

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