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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les troupeaux qui accompagnent les armées tartares, offrent une
provision assurée et toujours croissante de lait et de viandes fraîches.
L’herbe croit très vite et très abondamment dans presque tous les terrains
incultes, et il y a peu de contrées assez stériles pour que le vigoureux bétail
du Nord rie trouve pas à y pâturer : d’ailleurs, la patiente abstinence des
Tartare et leur peu de délicatesse servent à ménager les munitions. Ils mangent
également les animaux tués pour leur nourriture, et ceux qui sont morts de
maladie ; ils ont un goût de préférence pour la chair du cheval, proscrite dans
tous les temps par les nations civilisées de l’Europe et de l’Asie ; et ce goût
particulier facilite leurs expéditions militaires. Dans leurs incursions les
plus rapides et les plus éloignées, chaque cavalier scythe mène toujours avec
lui un second cheval, et ces relais servent, dans l’occasion, ou à hâter la
marche ou à apaiser la faim des Barbares. Le courage et la pauvreté trouvent
bien des ressources. Lorsque les fourrages commencent à s’épuiser autour du
camp des Tartares, ils égorgent, la plus grande partie de leurs troupeaux, et
conservent la viande, qu’ils font fumer ou sécher au soleil. Dans la nécessité
imprévue d’une marche rapide, ils font provision d’une quantité de petites
boules de fromage, ou plutôt de lait caillé durci, qu’ils délaient au besoin
dans de l’eau, et cette nourriture peu substantielle suffit pour soutenir
pendant plusieurs jours la vie et même le courage de leurs patients guerriers.
Mais cette extraordinaire abstinence, digne d’être approuvée du stoïcien, et
peut-être même enviée par l’ermite, est ordinairement suivie des plus curieux
accès de voracité. Les vins des climats plus fortunés sont le présent le plus
agréable, la denrée la plus précieuse que l’on puisse offrir à des Tartares ;
et ils n’ont encore exercé leur industrie qu’à extraire du lait de jument une
liqueur fermentée, qui possède à un très haut degré la faculté de les enivrer.
Semblables aux animaux de proie, les sauvages, soit de l’Ancien ; soit du
Nouveau Monde, éprouvent les vicissitudes de la famine et de l’abondance ; et
leurs estomacs endurcis souffrent sans beaucoup d’inconvénients les extrêmes
opposés de l’intempérance et de la faim.
    II . Dans les siècles de simplicités rustique et
martiale, un peuple de soldats et de laboureurs, s’est dispersé sur la vaste
étendue d’un pays qu’ils ont cultivé, et il a fallu sans doute du temps pour
assembler la jeunesse guerrière de la Grèce ou de l’Italie sous les mêmes
drapeaux, soit pour défendre leurs propres frontières, soit pour attaquer
celles de leurs voisins. Le progrès des manufactures et du commerce rassemble
peu à peu un grand nombre d’hommes dans les murs d’une ville ; mais ces
citoyens ne sont plus des soldats, et les arts qui perfectionnent la société
civile, anéantissent l’esprit militaire. Les mœurs pastorales des Scythes
semblent réunir les différents avantages de la simplicité et de la
civilisation. Les individus de la même tribu sont constamment rassemblés ; mais
ils sont rassemblés dans un camp, et le courage naturel de ces intrépides
pasteurs est anime par un secours et une émulation réciproques. Les maisons des
Tartares ne sont que de petites tentes d’une forme ovale, demeure froide et
malpropre, qu’habitent ensemble sans distinction les jeunes gens des deux
sexes. Les palais des riches consistent dans des huttes de bois d’une grandeur
assez médiocre peut-être facilement transportées sur de grands chariots,
attelés peut-être de vingt ou trente bœufs. Les troupeaux, après avoir brouté
tout le jour dans les pâturages voisins, se retirent à l’approche de la nuit
dans l’enceinte du camp. La nécessité d’éviter une confusion dangereuse dans ce
concours perpétuel d’hommes et d’animaux, doit introduire par degrés, dans la
distribution, l’ordre et la garde des différents campements, une sorte de
régularité, milita ire. Dès que le fourrage d’un district, est consommé, la
tribu ou plutôt l’armée des pasteurs marche en bon ordre vers de nouveaux
pâturages, et acquiert par ce moyen, dans les occupations ordinaires de sa vie,
la connaissance pratique de l’une des plus importantes et des plus difficiles
opérations de la guerre la différence des saisons règle le choix des
campements. Dans

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