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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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plaça dans la Thrace une nombreuse colonie de
Visigoths, et l’on transporta les restes des Ostrogoths dans la Phrygie et dans
la Lydie. Ils reçurent tous, pour subvenir aux besoins présents, une
distribution de bétail et de grains, et l’on encouragea leur industrie par
l’exemption de tout tribut durant un certain nombre d’années. Les Barbares
auraient mérité d’être les victimes de la politique perfide de la cour
impériale, s’ils avaient souffert qu’on les dispersât dans différentes
provinces ; mais ils demandèrent et obtinrent la possession entière des
villages et des districts choisis pour le lien de leur résidence ; ils
conservèrent et propagèrent leurs mœurs et leur langage, assurèrent dans le
sein du despotisme l’indépendance de leur gouvernement particulier, et
reconnurent la souveraineté de l’empereur sans se soumettre à la juridiction
inférieure des lois et des magistrats romains. Les tribus et les familles,
continuèrent d’être, commandées, soit en temps de paix, soit en temps de
guerre, par leurs chefs héréditaires ; mais la dignité royale fut abolie, et
l’empereur pouvait à son gré nommer et destituer les généraux de la nation. Il
entretenait un corps de quarante mille Goths pour la défense de l’empire
d’Orient, et ces troupes audacieuses, qui prenaient le nom de fœderati ou alliés, étaient distinguées par leurs colliers d’or, une paye considérable,
et des privilèges dont l’étendue allait jusqu’à la licence. Ils ajoutèrent à
leur courage national l’usage des armés et l’esprit de la discipline ; et,
tandis que les forces suspectes des Barbares gardaient ou menaçaient l’empire,
les dernières étincelles du génie militaire s’éteignaient dans l’âme des
Romains [3129] .
Théodose eut l’adresse de persuader à ses alliés, que les conditions de paix
arrachées à sa prudence par la nécessité étaient l’expression sincère de son
amitié pour la nation des Goths [3130]  ;
mais il faisait une réponse bien opposée aux plaintes du peuple, qui blâmait
hautement ces concessions humiliantes et dangereuses [3131] . Ses ministres
peignaient de la manière la plus pathétique les calamités de la guerre, et ils
exagéraient les premiers symptômes du retour de l’ordre, de l’abondance et de
la sûreté publique. Les défenseurs de Théodose pouvaient affirmer, avec une
apparence de vérité et de raison, qu’il était impossible d’extirper un si grand
nombre de tribus guerrières réduites au désespoir par la perte de leur pays
natal, et que les provinces puisées se trouveraient recrutées .de soldats et de
laboureurs. Les Barbares conservaient toujours leur air féroce et menaçant ;
mais l’expérience du passé pouvait faire espérer qu’ils prendraient l’habitude
de l’obéissance et de l’industrie, que leurs mœurs s’adouciraient par
l’influence de l’éducation et de la religion chrétienne, et que leur postérité
se confondrait insensiblement avec le peuple romain [3132] .
    Malgré ces arguments spécieux et ces brillantes espérances,
il était bien facile de prévoir que les Goths seraient encore longtemps les
ennemis des Romains, et qu’ils deviendraient peut-être bientôt les conquérants
de leur empire. Ils montraient dans toutes les occasions, le plus insolent
mépris pour les citoyens et les habitants, des provinces, qu’ils insultaient
impunément [3133] .
Théodose était redevable à la valeur des Barbares du succès de ses armes ; mais
on ne pouvait pas compter sur les secours d’une nation perfide, qui abandonnait
ses drapeaux dans le moment où l’on avait le plus grand besoin de ses services,
et l’empereur en fit plusieurs fois la fâcheuse expérience. Durant la rébellion
de Maxime, un grand nombre de déserteurs goths se retirèrent dans les marais de
la Macédoine, dévastèrent les environs, et obligèrent l’intrépide monarque à
hasarder sa personne polir étouffer le feu de cette révolte naissante [3134] . L’alarme
publique était d’autant plus vive, qu’on soupçonnait fortement ces différentes
révoltes d’être l’effet ; non pas d’un mouvement passager de fureur ou de
caprice, mais plutôt d’un dessein profond et prémédité. On croyait que les
Goths avaient apporté à la signature du traité de paix des dispositions
hostiles et perfides ; que leurs chefs s’étaient engages d’avance, par un
serment secret, à regarder toujours comme nuls tous

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