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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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ceux qu’ils feraient aux
Romains, et, sous les plus belles apparences d’amitié et de fidélité, à saisir
toutes les occasions de pillage, de conquête à de vengeance : mais les Barbares
n’étaient pas tous inaccessibles au sentiment de la reconnaissance, et
plusieurs de leur chefs se dévouèrent loyalement au service de l’empire, ou du
moins de l’empereur. Toute la nation se divisa insensiblement en deux factions
opposées, qui débattaient avec beaucoup de subtilité, dans leurs entretiens, la
préférence due à leurs premiers, ou à leurs seconds engagements. Ceux des Goths
qui se regardaient comme les défenseurs de la paix, de la justice et de Rome,
avaient pour chef le jeune et vaillant Fravitta, distingué de ses compatriotes
par l’urbanité de ses mœurs, par la générosité de ses sentiments, et par les
douces vertus de la vie sociale. Mais le farouche et perfide Priulf était à la
tête du parti le plus nombreux ; il animait les passions de ses compagnons
d’armes et soutenait leur indépendance. Invités, dans un jour de fête, à la
table de Théodose, les deux chefs, échauffés par le vin, oublièrent le respect
qu’ils devaient à l’empereur, et la discrétion qu’ils avaient coutume de
s’imposer, au point de trahir, devant Théodose, le fatal secret de leurs débats
particuliers. Théodose, désagréablement frappé d’une dispute si extraordinaire,
dissimula sa surprise, ses craintes et son ressentiment, et rompit, quelques
instants après, cette assemblée tumultueuse. Fravitta, alarmé et irrité de
l’insolence de son rival, dont le départ pouvait devenir le signal de la guerre
civile, suivit, audacieusement Priulf ; et, lui plongeant son épée dans le
sein, l’étendit mort à ses pieds. Les compagnons des deux chefs coururent aux
armes, et le fidèle Fravitta aurait succombé sans le secours des gardes impériales [3135] . Telles étaient
les sauvages fureurs qui, déshonoraient le palais et la table de l’empereur
romain ; et comme il fallait toute la fermeté et tonte la modération de
Théodose pour contenir l’indocilité des Goths [3136] , la sûreté
publique semblait dépendre de la vie et des talents d’un seul homme.

Chapitre XXVII
Mort de Gratien. Destruction de l’arianisme. Saint Ambroise. Première guerre
civile contre Maxime. Caractère, administration et pénitence de Théodose. Mort
de Valentinien II. Seconde guerre civile contre Eugène. Mort de Théodose.
    AVANT d’avoir accompli sa vingtième année, Gratien jouissait
d’une réputation égale à celle des princes les plus célèbres. Sa douceur et sa
bonté le rendaient cher à ses amis ; une affabilité remplie de grâce lui avait
gagné l’affection du peuple ; les gens de lettres qui jouissaient de ses
libéralités célébraient son goût et son éloquence ; les soldats applaudissaient
à sa valeur et à son adresse dans tous les exercices militaires, et le clergé
regardait l’humble piété de Gratien, comme la première et la plus utile de ses
vertus. La victoire de Colmar avait délivré l’Occident d’une invasion
formidable, et les provinces reconnaissantes de l’Orient rapportaient tout le
mérite de Théodose à celui qui, en l’élevant sur le trône, avait été le premier
auteur du salut de l’empire. Gratien ne survécu que quatre où cinq ans à ces
événements mémorables mais il survécut à sa gloire ; et quand il tomba victime
de la rébellion, il avait déjà perdu en grande partie le respect et la confiance
du monde romain.  
    On ne peut attribuer le changement remarquable qui s’opéra
dans sa conduite et son caractère, ni aux artifices des flatteurs dont il avait
toujours été également environné depuis son enfance, ni à l’impétuosité des
passions dont la douce modération de ce prince paraît l’avoir garanti. Un
examen plus approfondi de la vie de Gratien nous fera peut-être découvrir la
causé qui anéantit les espérances du peuple. Ses vertus apparentes : n’étaient
point de ces jets vigoureux que produisent l’expérience et l’adversité,
c’étaient les fruits précoces d’une éducation de prince. La tendre sollicitude
de son père s’était occupée sans relâche à lui procurer des talents qu’il
estimait peut-être d’autant plus, qu’il en sentait la privation ; et les plus habiles
maîtres dans les sciences et dans les arts avaient contribué à former et à
embellir l’esprit et le corps du jeune Gratien [3137] : on

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