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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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de Saphrax et d’Alathæus avait déjà
délivré les provinces du Danube de l’oppression des Grunthungiens ou
Ostrogoths. L’esprit inquiet et turbulent de ces deux chefs leur fit chercher
dans d’autres climats une nouvelle scène de gloire et de brigandage. Leur
course destructive se dirigea vers l’occident, mais nous n’avons qu’une
connaissance très obscure et très imparfaite de leurs expéditions. Les
Ostrogoths repoussèrent plusieurs tribus des Germains jusque dans les provinces
de la Gaule ; ils conclurent un traité avec l’empereur. Gratien, et ne
tardèrent pas à le violer ; ils s’avancèrent dans des régions inconnues du
Nord, et revinrent, après un intervalle de plus de quatre ans, avec des forces
plus nombreuses, sur les rives du Bas-Danube. Ils avaient recruté leur armée
des plus terribles guerriers de la Scythie et de la Germanie et les soldats, ou
du moins les historiens de l’empire, ne reconnurent plus le nom ni la
contenance de leurs anciens ennemis [3124] .
Le général qui commandait les forces navales et militaires de la frontière de
Thrace, présuma que la supériorité de ses forces pourrait être désavantageuse
au bien du service, et que les Barbares, effrayés du spectacle imposant de la
flotte et des légions, différeraient le passage du fleuve jusqu’a l’hiver.
    L’adresse des espions qu’il envoya dans leur camp, attira
les Ostrogoths dans un piège. Ils leur persuadèrent que par une irruption
soudaine ils pourraient surprendre, dans l’obscurité de la nuit, l’armée
romaine endormie, et cette multitude crédule s’embarqua, précipitamment dans
trois mille canots [3125] .
Les plus braves des Ostrogoths formaient l’avant-garde. Le corps de la flotte
portait le reste des hommes et des soldats, et les femmes avec les enfants
suivaient sans crainte à l’arrière-garde. Ils avaient choisi pour l’exécution
de leur dessein une nuit très obscure, et ils étaient au moment d’arriver à la
rive méridionale du Danube, dans la ferme confiance qu’ils débarqueraient sans
peine et surprendraient facilement un camp mal gardé ; mais un obstacle
inattendu leur coupa le passage ; un triple rang de vaisseaux solidement liés
l’un avec l’autre, formait une chaîne impénétrable de deux milles et demi le
long de la rivière. Tandis que par un combat très inégal ils tâchaient de se
faire un chemin ; leur aile droite fait écrasée par l’attaque irrésistible d’une
flotte de galères qui descendait le fleuve par la double impulsion des rames et
du courant. Le poids et la rapidité de ces bâtiments de guerre brisèrent,
coulèrent a fond et dispersèrent les faibles canots des Barbares, et leur
valeur ne leur fut d’aucun secours. Alathæus, roi ou général des Ostrogoths,
périt avec les plus braves de ses soldats, ou dans les eaux du fleuve, ou par
l’épée des Romains. La dernière division de cette malheureuse flotte aurait pu
regagner le rivage d’où elle était partie ; mais la terreur et le désordre ne
laissaient aux vaincus ni la faculté d’agir ni la liberté de penser ; ils se
rendirent à discrétion, en implorant la clémence des vainqueurs. Dans cette
occasion, comme dans beaucoup d’autres, il n’est pas facile de concilier les
passions et les préjugés des écrivains du siècle de Théodose. Ceux qui se
plaisent à blâmer ou à défigurer toutes les actions de son règne, affirment que
le lieutenant Promotus avait assuré la déroute des Barbares par sa valeur et
son intelligence, avant que l’empereur hasardât de paraître sur le champ de
bataille [3126] .
Le poète complaisant, qui célébrait à la cour d’Honorius la gloire du père et
celle du fils, attribue tout l’honneur de la victoire à l’intrépidité de
Théodose, et fait presque entendre qu’il tua dans le combat le roi des
Ostrogoths [3127] .
La vérité de l’histoire se trouverait peut-être en adoptant un juste milieu
entre ces doux récits opposés.
    L’original du traité qui fixa l’établissement des Goths,
assura leurs privilèges et stipula leurs obligations, éclaircirait l’histoire
de Théodose et celle de ses successeurs, où l’on ne trouvé que très
imparfaitement l’esprit ou la substance de cette singulière convention [3128] . Les ravages de
la guerre et de la tyrannie avaient laissé beaucoup de terres fertiles, mais
incultes, à la disposition de ceux des Barbares qui ne dédaignaient pas les
travaux de l’agriculture. On

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