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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Le crédule Gratien accorda sa confiance à des
protestations, de fidélité suspectes et aux promesses d’un secours qui ne
pouvait être qu’insuffisant. L’arrivée d’Andragathius, général à la cavalerie
de Maxime, le tira de son erreur. Cet audacieux officier exécuta sans remords
les ordres, ou les intentions de l’usurpateur. On livra Gratien, au sortir de
son souper, entre les mains de l’assassin, et son corps même fut refusé aux
pieuses et pressantes instances de son frère Valentin [3150] . La mort de
l’empereur fut bientôt suivie de celle de son puissant général Mellobaudes, roi
des Francs, qui conserva jusqu’à la fin de sa vie une réputation équivoque,
juste récompense de sa politique intrigante et ténébreuse [3151] . Ces exécutions
pouvaient être nécessaires la tranquillité publique ; mais l’heureux
usurpateur, dont l’autorité, était reconnue par toutes les provinces de
l’Occident, eut le mérite et la satisfaction de se vanter qu’excepté ceux qui
périrent par le hasard des combats, son triomphe n’avait coûté la vie à aucun
de ses sujets [3152] .
    Cette révolution avait été terminée avec tant de rapidité,
que Théodose apprit la défaite et la mort de son bienfaiteur avant qu’il lui
fût possible de marcher à son secours. Le temps destiné aux regrets sincères à
la douleur ou à l’étiquette du deuil, n’était point encore expiré lorsqu’on vit
arriver le première chambellan de Maxime ; et le choix d’un vieillard vénérable
pour un poste ordinairement occupé par un eunuque, annonça à Constantinople les
mœurs graves et sévères de l’usurpateur. L’ambassadeur daigna justifier ou
excuser la conduite de son maître, et protester, dans un langage spécieux, que
le meurtre de Gratien avait été commis à son insu et contré son intention, par
le zèle indiscret des soldats ; mais il ajouta, d’un ton ferme et tranquille,
que Maxime offrait à Théodose le choix de la paix ou de la guerre ; et il
acheva son discours en déclarant que quoique son maître préférât, comme Romain
et comme père de ses sujets, d’employer ses forces militaires à la défense
commune, il était cependant prêt à disputer l’empire dans une bataille
décisive, si Théodose rejetait ses propositions de paix et d’amitié. Maxime
exigeait une réponse prompte et claire ; mais dans cette circonstance, il était
difficile à Théodose de satisfaire les sentiments de son âme ou l’attente du
public. La voix de la reconnaissance et de l’honneur criait vengeance. Il
devait le diadème à la libéralité de Gratien ; la patience de Théodose pouvait
faire, présumer qu’il serait plus sensible aux anciennes injures qu’aux
services récents ; mais accepter l’amitié d’un assassin était en quelque sorte
partager son crime. Laisser Maxime impuni était d’ailleurs donner une atteinte
funeste aux lois de la justice et à l’intérêt de la société ; et le succès d’un
usurpateur tendait à détruire l’édifice artificiel du gouvernement, et à
replonger l’empire dans-les calamités du siècle précédent : mais les sentiments
d’honneur et de reconnaissance qui doivent régler invariablement la conduite
des citoyens sont quelquefois contraintsk1e céder dans l’âme d’un monarque à
des devoirs supérieurs ; les lois de la justice et de l’humanité tolèrent
l’impunité du crime, même le plus atroce, lorsque sa punition entraînerait
inévitablement la perte d’un grand nombre d’innocents. L’assassin de Gratien
avait sans doute usurpé le gouvernement des provinces les plus belliqueuses de
l’empire, mais ces provinces se trouvaient réellement en sa possession.
L’Orient était épuisé par les revers et même par le succès de la guerre des
Goths ; il avait lieu de craindre qu’après avoir consumé le reste des forces de
la république dans une guerre destructive et douteuse, le vainqueur affaibli ne
devînt bientôt la proie des Barbares du Nord. Ces puissantes considérations
forcèrent Théodose à dissimuler son ressentiment et à accepter l’alliance de
Maxime ; mais il stipula que le nouvel empereur se contenterait des provinces
au-delà des Alpes, et que le frère de Gratien conserverait la souveraineté de
l’Italie, de l’Attique et de l’Illyrie occidentale. On inséra dans le traité
quelques conditions honorables en faveur de la mémoire et des lois du dernier
empereur [3153] .
Les portraits des trois

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