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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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augustes collègues furent exposés, selon la coutume, à
la vénération des peuples, et on ne doit pas supposer légèrement qu’au moment
de cette réconciliation solennelle, Théodose méditât secrètement des projets de
vengeance et de perfidie [3154] .
    Le mépris de Gratien pour les troupes romaines l’avait
exposé aux funestes effets de leur ressentiment ; mais sa profonde vénération
pour le clergé chrétien reçut sa récompense dans les louanges d’un ordre
puissant, qui a réclamé dans tous les siècles le privilège de distribuer les
honneurs sur la terre et dans le ciel [3155] .
Les évêques orthodoxes déplorèrent sa mort et leur perte irréparable ; ils s’en
consolèrent bientôt en découvrant que Gratien avait confié le sceptre de
l’Orient à un prince dont la foi docile et le zèle ardent étaient soutenus par
un génie plus vaste et un caractère plus vigoureux. Parmi les bienfaiteurs de
l’Eglise, la gloire de Théodose a rivalisé avec celle de Constantin. Si
Constantin eut l’avantage d’élever l’étendard de la croix, son successeur et
son émule subjugua l’hérésie arienne et détruisit le culte des idoles dans tout
le monde romain. Théodose fut le premier des empereurs baptisés dans la foi
orthodoxe de la Trinité. Quoique né dans une famille chrétienne, il retarda,
selon les maximes ou l’usage du siècle, la cérémonie de son initiation jusqu’au
moment où une maladie, qui menaça ses jours sur la fin de la première année de
son règne, lui fit sentir le danger du retard. Avant de rentrer en campagne contre
les Goths, il reçut le sacrement du baptême [3156] d’Acholius,
évêque orthodoxe de Thessalonique [3157] ; et en sortant des fonts sacrés, tout brûlant encore du pieux sentiment de sa
régénération, l’empereur dicta un édit qui publiait les règles de sa foi et
fixait la religion de ses sujets. C’est notre bon plaisir (tel est le
style impérial) que tous les peuples gouvernés par notre clémence et notre
modération, adhèrent strictement à la religion enseignée par saint Pierre aux
romains, fidèlement conservée par la tradition, et professée aujourd’hui par le
pontife Damase, et par Pierre, évêque d’Alexandrie, nommé d’une sainteté
apostolique. Conformément à la discipline des apôtres et à la doctrine de
l’Évangile, nous devons croire à la seule divinité du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, sous une majesté égale et une pieuse Trinité. Nous autorisons les
disciples de cette doctrine à prendre le titre de chrétiens catholiques ; et
comme nous jugeons que tous les autres sont des aveugles et des insensés, bous
les flétrissons du nom,odieux d’hérétiques ; et nous défendons à leurs
assemblées d’usurper désormais le respectable nom d’églises. Indépendamment de
la condamnation divine, ils doivent s’attendre à souffrir les châtiments
sévères que notre autorité, guidée par la sagesse céleste, jugera à propos de
leur infliger [3158] .
La croyance d’un soldat est plus communément le fruit de l’instruction qu’il a
reçue, que celui de son propre examen ; mais comme l’empereur se renfermait
dans les bornes de l’orthodoxie qu’il avait prudemment fixées, ses opinions
religieuses ne frirent jamais ébranlées par les textes spécieux, les arguments
subtils ou les symboles équivoques des docteurs ariens. Il montra une seule
fois un faible désir de s’entretenir avec le savant et éloquent Eunomius, qui habitait
une retraite dans les environs de Constantinople ; mais les instances de
l’impératrice Flacilla, qui tremblait pour le salut de son époux, prévinrent
cette dangereuse entrevue, et l’empereur fait irrévocablement confirmé dails
son opinion par un argument à la portée de l’intelligence la plus grossière. Il
avait récemment revêtu Arcadius, son fils aîné, de la pourpre et du titre
d’Auguste ; les deux princes, placés sur un trône magnifique, recevaient
l’hommage de leurs sujets. Amphilochius, évêque d’Iconium, s’approcha des
empereurs, et après avoir salué Théodose avec le respect dû à un souverain ; il
aborda Arcadius avec les caresses familières qu’il aurait pu employer envers
l’enfant d’un plébéien. Irrité de cette insolence, le monarque ordonna que ce
prêtre campagnard fut à l’instant chassé de sa présence ; mais tandis que les
gardes l’entraînaient à la porte, l’adroit théologien eut le temps d’exécuter
son

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