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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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cathédrale de Constantinople. Mais ce saint, qui n’était
point encore dépouillé de toutes les faiblesses de l’humanité, vit avec douleur
que son entrée dans le sacré bercail ressemblait plus à celle d’un loup qu’à
celle d’un pasteur ; qu’il ne devait la sûreté de sa vie qu’à l’éclat des armes
qui l’environnaient, et qu’il était personnellement l’objet des imprécations
d’un parti nombreux de sectaires, qui, comme hommes et comme citoyens, ne
pouvaient lui paraître méprisables. Les rues, les fenêtres, et jusqu’aux toits
des maisons, étaient couverts d’une multitude des deux sexes et de tous les
âges. On n’entendait de tous côtés que des cris d’étonnement, de fureur et de
désespoir ; enfin, saint Grégoire avoue de bonne foi qu’au jour mémorable de
son installation, la capitale de l’Orient offrait le spectacle affreux d’une
ville prise d’assaut, par une armée de Barbares [3174] . Environ six
semaines après, Théodose annonça la résolution d’expulser de toutes les églises
de son royaume les évêques et les ecclésiastiques qui refuseraient de croire,
ou du moins de professer la doctrine du concile de Nicée. Il chargea de cette
commission Sapor, son lieutenant, qui, armé de tous les pouvoirs que pouvaient
lui donner une loi générale et une commission spéciale, et suivi d’un corps de
troupes nombreux [3175] ,
conduisit cette révolution ecclésiastique avec tant de sagesse et de
modération, que la religion de l’empereur, sans tumulte et sans effusion de
sang, se trouva établie dans toutes les provinces de l’Orient. Si on eût laissé
subsister les écrits des ariens [3176] ,
nous y trouverions sans doute la relation lamentable de la persécution de
l’Église sous le règne de l’impie Théodose, et les souffrances de leurs saints
confesseurs exciteraient peut-être la compassion de quelque lecteur impartial.
Il y a cependant lieu de présumer que le défaut de résistance offrit peu d’exercice
au zélé et à la vengeance, et que dans leur adversité les ariens déployèrent
beaucoup moins de fermeté que le parti orthodoxe n’en avait montré sous les
règnes de Constance et de Valens. C’est d’ans les mêmes passions sans doute,
c’est -de même dans les effets de l’esprit religieux qu’il faut chercher le
principe de la conduite et du caractère moral des sectaires des deux partis ;
mais on peut découvrir, dans leurs opinions théologiques, une différence
importante qui pouvait apporter quelque inégalité dans les degrés de leur foi.
Dans l’école et dans l’église, l’un et l’autre reconnaissaient et adoraient la
majesté du Christ ; mais comme les hommes sont toujours disposés. à supposer à
la Divinité leurs sentiments et leurs passions, il devait paraître plus prudent
et plus respectueux d’exagérer que de restreindre les perfections adorables du
Fils de Dieu. Le disciple de saint Athanase fondait son orgueil sur une
parfaite confiance d’avoir mérité la faveur divine, et celui d’Arius était
peut-être tourmenté par la crainte secrète de commettre une offense
impardonnable, en retranchant ainsi sur les louanges et les honneurs dus au
juge et au Sauveur du monde. Les préceptes de l’arianisme pouvaient satisfaire
une imagination froide et contemplative ; mais la doctrine du symbole de Nicée,
empreinte d’une foi et d’une dévotion plus vives, devait obtenir la préférence
dans un siècle de ferveur religieuse.
    L’empereur, persuadé que l’assemblée du clergé orthodoxe
serait animée de l’esprit de sagesse et de vérité, convoqua dans sa capitale un
synode, composé de cent cinquante prélats, qui, complétèrent, sans beaucoup de
difficulté et sans délai, le système théologique précédemment établi par le
concile de Nicée. Les disputes violentes du quatrième siècle avaient eu principalement
pour objet la nature du Fils de Dieu ; et les différentes opinions adoptées
relativement à la seconde personne de la Trinité, s’étaient naturellement
étendues par analogie à la troisième [3177] .
Cependant les adversaires victorieux de l’arianisme jugèrent à propos
d’expliquer le langage équivoque de quelques docteurs, de confirmer la foi des
catholiques, et de condamner la doctrine peu goûtée d’une secte de macédoniens,
qui, en admettant que le Fils était consubstantiel avec le Père, craignaient s’ils
poussaient plus loin la complaisance, qu’on ne les

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