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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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projet, en s’écriant d’une voix forte : Tel est le traitement, ô
empereur ! que, le roi du ciel réserve, aux hommes impies qui feignent d’adorer
le Père en refusant de reconnaître la majesté divine et égale de son fils .
L’empereur embrassa tendrement l’évêque d’Iconium, et n’oublia jamais
l’importante leçon qu’il lui avait donnée par cette parabole dramatique [3159] .
    Constantinople était le siége principal de l’arianisme, et
les écoles orthodoxes de Rome et à Alexandrie avaient constamment rejeté,
durant l’espace de quarante ans [3160] ,
la foi des princes et des évêques qui gouvernaient la capitale de l’Orient. Le
siége archiépiscopal de Macédonius, souillé d’une si grande quantité de sang
chrétien, avait été successivement occupé par Enclose et par Damophile. Les
vides et les erreurs de toutes les provinces de l’empire affluaient librement
dans leur diocèse ; l’ardeur des controverses religieuses offrait une
occupation de plais à l’oisiveté turbulente de la métropole, et nous pouvons en
croire l’observateur intelligent qui décrit, sur le ton de la plaisanterie, les
effets de leur zèle verbeux : Cette ville , dit-il, est pleine
d’esclaves et de gens de métier qui sont tous de profonds théologiens, et qui
prêchent dans les boutiques et dans les rues. Priez un homme de vous changer
une pièce d’argent, il vous apprendra en quoi le fils diffère du Père. Demandez
à un autre le prix d’un pain, il vous répondra que le Fils est inférieur au
Père. Informez-vous si le bain est prêt, on vous dira que le Fils a été créé de
rien [3161] .
Les hérétiques de toutes les dénominations vivaient en paix sous la protection
des ariens de Constantinople, qui tâchaient de s’affectionner ces sectes
obscures, tandis qu’ils abusaient avec la plus violente sévérité de leur
victoire sur les partisans du concile de Nicée. Durant les règnes de Constance
et de Valens, les faibles restes des homoousiens furent privés de l’exercice
public et particulier de leur religion ; et l’on a observé, en style
pathétique, que ce troupeau dispersé sans berger dans les montagnes, était
abandonné à la voracité des loups [3162] ; mais comme leur zèle, loin de se laisser vaincre par la tyrannie, semblait en
recevoir une nouvelle vigueur, ils saisirent le premier instant de liberté
imparfaite que leur procura la mort de Valens, pour former une congrégation
régulière sous la conduite d’un évêque. Saint Basile et saint Grégoire de Nazianze,
tous deux nés en Cappadoce [3163] ,
se distinguaient de tous leurs contemporains [3164] par l’union,
rare alors, de l’éloquence profane et de la piété orthodoxe. Ces orateurs, qui
ont été comparés, quelquefois. Par eux-mêmes, et quelquefois par le public, aux
plus célèbres des anciens Grecs, étaient liés parles nœuds de la plus étroite
amitié ; ils avaient suivi avec la même ardeur les mêmes études dans les écoles
d’Athènes ; ils s’étaient retirés ensemble, avec une dévotion égale, dans les
déserts du Pont ; et les âmes pures de saint Basile et de saint Grégoire
paraissaient également incapables de tout mouvement d’envie ou de jalousie ;
mais l’exaltation de saint Basile sur le siégé archiépiscopal de Césarée
découvrit au public, et peut-être au prélat lui-même, l’orgueil de son
caractère ; et saint Grégoire, dans la première faveur qu’il reçut- de son ami,
crut voir, non peut-être sans quelque raison, l’intention d’une cruelle insulte [3165] . Au lieu
d’employer les talents supérieurs de Grégoire dans un poste utile et brillant,
l’orgueilleux Basile choisit dans le nombre de cinquante évêchés, dépendants de
son vaste diocèse, le misérable village de Sasima [3166] , sans eaux,
sans verdure, sans société, et placé à la jonction de trois grands chemins, qui
n’y amenaient d’autres voyageurs que des rouliers grossiers et bruyants. Saint
Grégoire se soumit, quoique avec répugnance, à cet humiliant exil, et fut
ordonné évêque de Sasima ; mais il proteste solennellement qu’il ne consomma
jamais son mariage spirituel avec cette désagréable épouse. Il consenti ensuite
à gouverner l’église de Nazianze, sa ville natale [3167] , dont son père
avait été évêque durant plus de quarante-cinq ans ; mais il se sentait digne
d’un autre théâtre et d’un autre auditoire ; une ambition légitime le porta à
accepter

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