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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Constantinople. Théodose ne leur avait pas
permis de partager la gloire et les dangers de la guerre civile [3259] ; mais des que
l’empereur eut triomphé de ses rivaux, Honorius, son second fils, vint jouir du
fruit de la victoire et recevoir le sceptre de l’Occident Viles mains de son
père expirant. On célébra l’arrivée d’Honorius à Milan par une magnifique
représentation des jeux du cirque, où Théodose, quoique accablé par la maladie,
voulut contribuer, par sa présence, à la joie publique, mais l’effort pénible
qu’il fit pour assister aux jeux du matin épuisa le reste de ses forces.
Honorius tint sa place pendant le reste de la journée, et l’empereur expira
dans la nuit suivante. Les animosités d’une guerre civile récente n’empêchèrent
point qu’il ne fût unanimement regretté. Les Barbares qu’il avait vaincus et le
clergé dont il subissait respectueusement, là loi lui prodiguèrent à l’envi des
louangés, et célébrèrent chacun les vertus auxquelles ils donnaient la
préférence. Les dangers d’une administration faible et divisée épouvantaient
les Romains, et chaque événement fâcheux des règnes malheureux d’Arcadius et
d’Honorius leur rappela la perte irréparable du grand Théodose.
    Dans le tableau fidèle des vertus de cet empereur, nous
n’avons point dissimulé ses imperfections, son indolence habituelle, et le
trait de cruauté qui a imprimé une tache ineffaçable sur la gloire d’un des
plus grands d’entre les princes romains. Un historien acharné, à déchirer sa
mémoire, a exagéré ses vices et leurs suites pernicieuses. Il assure, que les
sujets de toutes les classes imitèrent les manières efféminées de leur
souverain ; qu’ils se livraient à toutes sortes de débauchés, et que les lois
affaiblies de l’ordre et de la décence ne suffisaient point, pour arrêter les
progrès de cette corruption de mœurs, qui sacrifiait sans rougir toute
considération de devoir pu d’intérêt à une basse complaisance pour des goûts
énervés ou déréglés [3260] .
Les complaintes des auteurs contemporains qui déplorent les progrès du luxe et
la dépravation des mœurs, ne peignent communément que leur situation
personnelle et leur caractère : Peu d’observateurs se sont fait une idée juste
et claire, des révolutions de la société ; peu d’entre eux sont capables de
découvrir les ressorts secrets et délicats qui donnent une direction uniforme
aux passions aveugles et capricieuses d’une multitude d’individus. S’il est
vrai qu’on puisse affirmer avec une apparence de raison que le luxe des Romains
ait été plus impudent et plus effréné soude règne de Théodose que du temps de
Constantin ou d’Auguste, ce changement ne put provenir d’une augmentation
d’opulence nationale. Une longue suite de pertes à de calamités avait arrêté
l’industrie et diminué l’aisance des peuples. Leurs profusions étaient sans
doute le résultat de ce désespoir indolent qui jouit dû moment et craint de
penser à l’avenir. L’incertitude de la propriété décourageait les sujets de
Théodose et les détournait des entreprises utiles qui exigeaient de la dépense
et des travaux pénibles ; et qui n’offraient qu’une perspective d’avantages
éloignés. Les exemples fréquents de ruine et de désolation les engageaient à ne
pas ménager les restes d’un patrimoine qui pouvait à tout instant devenir la
proie des Barbares ; et la prodigalité extravagante à laquelle les hommes se
livrent dans la confusion d’un naufrage ou dans une ville assiégée, peut
expliquer les progrès du luxe au milieu des alarmes d’un peuple qui prévoyait
sa prochaine destruction.
    Les villes adoptèrent le luxe efféminé de la cour ; il s’introduisit
jusque dans le camp des légions. Un écrivain militaire qui, a soigneusement,
étudié les premiers principes de l’ancienne discipline des Romains, marque les
progrès de leur corruption. Végèce observe que, depuis la fondation de Rome
jusqu’au règne de Gratien, l’infanterie romaine avait toujours été couverte
d’une armure. Dés qu’on eut laissé perdre aux soldats l’esprit de discipline et
l’habitude des exercices, ils furent moins propres et moins disposés à
supporter les fatigues du service. Les légions se plaignaient du poids
insupportable d’une armure qu’elles portaient rarement, et elles obtinrent
successivement la permission de quitter leurs casques et leurs

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