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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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une si grande hauteur, que le parti
mécontent se flatta d’être vengé par un déluge, jusqu’au moment où la rivière
se réduisit paisiblement au degré ordinaire des seize coudées nécessaires à la
fertilité [3313] .
    Les temples de l’empire romain étaient déserts ou abattus ;
mais l’ingénieuse superstition des païens tachait à éluder les lois sévères par
lesquelles Théodose avait défendu toutes sortes de sacrifices. Les habitants de
la campagne, dont la conduite était moins exposée aux regards de la curiosité
malveillante, déguisaient leurs assemblées religieuses sous l’apparence
d’assemblées de plaisirs. Aux jours de fêtes solennelles, ils se réunissaient
en grand nombre sous le feuillage épais des arbres consacrés ; ils tuaient et
rôtissaient des bœufs et des brebis ; des hymnes chantés en l’honneur de leurs
divinités sanctifiaient cette champêtre réjouissance ; mais comme on ne faisait
d’offrande d’aucune partie des animaux, comme il n’y avait ni autel pour
recevoir le sang des victimes, ni oblations préliminaires de gâteaux salés, et
que la cérémonie finale des libations était soigneusement supprimée, ils se
prétendaient à l’abri de tout reproche et des peines portées contre ceux qui
participeraient aux sacrifices défendus par la loi : mais quoi qu’on pût penser
de la vérité des faits ou de la solidité des distinctions alléguées en leur
faveur [3314] ,
le dernier édit de Théodose anéantit la ressource de ces vains subterfuges, et
porta un coup mortel aux superstitions du paganisme. Cette loi prohibitive
s’exprime dans les termes les plus clairs et les plus absolus [3315] . C’est notre
plaisir, et notre volonté , dit l’empereur [3316] , de défendre
à tous nos sujets, soit magistrats ou citoyens, depuis la première classe
jusqu’à la dernière inclusivement, d’immoler désormais, soit dans une ville,
soit dans tout autre endroit, aucune victime innocente en l’honneur d’une idole
inanimée . L’acte du sacrifice et la pratique de la divination par les
entrailles des victimes sont déclarés, quel qu’en soit le motif, des crimes de
haute trahison contre l’État, qui ne peuvent s’expier que par la mort du
coupable. On abolit celles des cérémonies païennes qui pouvaient paraître moins
cruelles et moins odieuses, comme injurieuses à l’honneur de la seule et
véritable religion. L’édit défend nommément les luminaires, les guirlandes, les
encensements, les libations de vin, et comprend dans l’arrêt de proscription
jusqu’au culte des génies domestiques et des dieux pénates. Celui qui se
rendait coupable de quelqu’une de ces cérémonies profanes, perdait la propriété
de la maison ou du terrain où elle avait été exécutée ; et si, pour éluder la
confiscation, il faisait de la propriété, d’un autre le théâtre de son impiété,
l’édit le condamnait à payer sur-le-champ une amende de vingt-cinq livres d’or,
environ mille livres sterling. Il punissait par la même amende la connivence
des ennemis secrets de la religion, qui se rendaient coupables de négligence
dans le devoir qui leur était imposé, selon la différence de leur situation, de
révéler ou de punir le crime de l’idolâtrie. Tel était l’esprit persécuteur des
lois de Théodose, que ses fils et ses petits-fils exercèrent souvent, avec
rigueur et avec les applaudissements unanimes du monde chrétien [3317] .
    Sous les règnes sanguinaires de Dèce et de Dioclétien, le
christianisme avait été proscrit comme ne révolte contre l’ancienne religion et
le culte héréditaire de l’empire. L’union inséparable de l’Église catholique et
la rapidité de ses conquêtes appuyaient en quelque sorte les injustes soupçons
qui la représentaient comme une faction dangereuse et criminelle : mais
les empereurs chrétiens qui violèrent les lois de l’Évangile et de l’humanité,
ne pouvaient alléguer ni l’excuse de la crainte ni celle de l’ignorance. La
faiblesse et la folie du paganisme étaient prouvées par l’expérience de
plusieurs siècles ; les lumières de la raison et de la foi avaient déjà
démontré à la plus grande partie du genre humain l’impuissance et le ridicule
des idoles ; et on pouvait accorder sans inquiétude aux gestes de cette secte
expirante la permission de suivre en paix et dans l’obscurité les coutumes
religieuses de leurs ancêtres. Si les païens eussent été animés par le

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