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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les ruines du fameux temple de Sérapis à Alexandrie [3296] . Sérapis ne
parait pas être du nombre des dieux ou des monstres enfantés par la fertile
superstition des Égyptiens [3297] .
Le premier des Ptolémées avait reçu en songe l’ordre d’apporter ce mystérieux
étranger de la côte du Pont, où les habitants de Sinope l’adoraient depuis
longtemps, mais son règne et ses attributs étaient si obscurs, que l’on disputa
longtemps pour savoir s’il représenterait la brillante lumière du jour ou le
monarque ténébreux des régions souterraines [3298] . Les Égyptiens,
inviolablement attachés à la religion de leurs ancêtres, refusèrent d’admettre
dans l’enceinte de leur ville cette divinité étrangère [3299] ; mais les
prêtres dociles, séduits par la libéralité de Ptolémée, se soumirent sans
résistance au pouvoir de la divinité du Pont. On lui fit une généalogie
honorable et nationale, et cet heureux usurpateur prit sa place sur le trône et
dans le lit d’Osiris [3300] ,
le mari d’Isis et le monarque céleste de l’Égypte. Alexandrie, qui était
particulièrement sous sa protection, se fit gloire du nom de la ville de
Sérapis. Son temple [3301] ,
qui, pour l’orgueil et la magnificence, le disputait au Capitole, s’élevait,
sur le vaste sommet d’une montagne artificielle qui dominait toute la ville. On
montait cent marches pour y arriver, et la cavité intérieure, soutenue
fortement par un grand nombre d’arches, formait différentes voûtes et des
appartements souterrains. Un portique quadrangulaire environnait les bâtiments
consacrés ; la magnificence des salles et des statues déployait le triomphe des
arts, et la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, sortie de ses cendres avec une
nouvelle splendeur, recélait les trésors de l’érudition ancienne [3302] . Quoique les
édits de Théodose eussent déjà défendu sévèrement toute espèce de sacrifices,
on les tolérait encore dans le temple de Sérapis, et on donnait imprudemment
pour motif de cette singulière indulgence les terreurs superstitieuses des
chrétiens. Ils semblaient craindre eux-mêmes d’abolir des cérémonies anciennes
qui pouvaient seules assurer les inondations régulières du Nil, les moissons de
l’Égypte, et la subsistance de Constantinople [3303] .
    Un homme audacieux et pervers [3304] , l’ennemi perpétuel
de la paix et de la vertu, dont les mains se souillaient alternativement d’or
et de sang, Théophile occupait alors le siége archiépiscopal d’Alexandrie [3305] . Les honneurs
du dieu Sérapis excitèrent sa pieuse indignation ; et les insultes qu’il fit à
l’ancienne chapelle de Bacchus, avertirent les païens de l’entreprise plus
importante qu’il méditait. Dans la tumultueuse cité d’Alexandrie, le sujet le
plus léger suffisait pour donner lieu à une guerre civile. Les adorateurs de
Sérapis, fort inférieurs en nombre, et en force à leurs adversaires, prirent
les armes à l’instigation du philosophe Olympius [3306] , qui les
exhortait à mourir pour la défense des autels de leurs dieux. Ces païens
fanatiques se retranchèrent dans le temple ou plutôt dans la forteresse de
Sérapis, repoussèrent les assiégeants par d’audacieuses sorties, par une
défense vigoureuse, et jouirent au moins dans leur désespoir de la consolation
d’exercer sur leurs prisonniers chrétiens les plus horribles cruautés. Les
efforts prudents des magistrats obtinrent enfin une trêve jusqu’au moment où
les ordres de Théodose auraient décidé du destin de Sérapis. Les deux partis
s’assemblèrent sans armes dans la place principale de la ville, on l’on lut à
haute voix le mandat de l’empereur. Des que la sentence de destruction fut
prononcée contre les idoles d’Alexandrie, les chrétiens firent entendre un cri
de joie et de triomphe, tandis que, gardant un profond silence, les malheureux
païens, dont la fureur s’était changée en consternation, se retirèrent précipitamment
pour échapper, par la fuite ou par leur obscurité, aux effets du ressentiment
de leurs, ennemis, Théophile exécuta la démolition du temple, sans autre
difficulté que celles que lui opposèrent le poids et la solidité des matériaux
; mais cet obstacle insurmontable obligea l’archevêque à laisser subsister les
fondements, et à se contenter d’avoir fait du bâtiment un vaste amas de ruines.
On en déblaya dans la suite une partie, pour construire sur le terrain

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