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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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prolongea comme un mercenaire mécontent ses opérations
languissantes en Épire et dans la Thessalie, et revint promptement demander des
récompenses extravagantes pour des services imaginaires. De son camp près
d’Œmone, sur les frontières de l’Italie [3515] ,
il fit passer à l’empereur de l’Occident une longue liste de promesses, de
dépenses et de demandes, exigea une prompte satisfaction sur ces objets, et ne
dissimula point le danger du refus. Cependant, si sa conduite était celle d’un
ennemi, ses expressions étaient décentes et respectueuses. Alaric se déclarait
modestement l’ami de Stilichon le soldat d’Honorius ; il offrait de marcher
sans délai, à la tête de toutes ses troupes, contre l’usurpateur de la Gaule,
et sollicitait, pour y établir à demeure sa nation, quelque canton vacant dans
les provinces de l’Occident.
    Les négociations de deux habiles politiques qui cherchaient
à se tromper réciproquement et à en imposer au monde, seraient peut-être
restées enveloppées d’un voile impénétrable et enterrées dans le secret du
cabinet, si les débats d’une assemblée populaire n’avaient jeté quelques rayons
de lumière sur la correspondance d’Alaric et de Stilichon. La nécessite de
soutenir par quelque expédient artificiel un gouvernement qui, à raison non pas
de sa modération mais de sa faiblesse, se trouvait réduit à traiter avec ses
propres sujets, avait ranimé insensiblement l’autorité du sénat de Rome ; et le
ministre d’Honorius consulta respectueusement le conseil législatif de la
république. Stilichon assembla les sénateurs dans le palais des Césars,
représenta, dans un discours étudié, l’état actuel des affaires, exposa les
propositions du roi des Goths, et soumit à leur décision le choix de la paix ou
de la guerre. Les pères conscrits, comme s’ils se fussent réveillés, d’une
léthargie de quatre cents ans, parurent inspirés, dans cette importante
occasion, plutôt par le courage que par la sagesse de leurs prédécesseurs ; ils
déclarèrent hautement, soit par des discours, prononcés avec calme, soit par
des acclamations tumultueuses, qu’il était indigne de la majesté de Rome
d’acheter une trêve honteuse d’un roi barbare, et qu’un peuple magnanime devait
toujours préférer le hasard de sa destruction à la certitude du déshonneur. Le
ministre, dont les intentions pacifiques, n’étaient approuvées que par
quelques-unes de ses vénales et serviles créatures, essaya de calmer la
fermentation générale par l’apologie suivante de sa propre conduite et même des
demandes d’Alaric. Le paiement du subside, qui semble exciter l’indignation
des Romains, ne devait pas être considéré , disait-il, sous le jour
odieux d’un tribu ou d’une rançon arrachée par les menaces d’un ennemi barbare.
Alaric avait fidèlement soutenu les justes prétentions de la république sur les
provinces usurpées par les Grecs de Constantinople ; il ne demandait qu’à
stipuler une récompense de ses services ; et s’il s’était désisté de poursuivre
son entreprise, sa retraite était une nouvelle preuve de son obéissance aux
ordres particuliers de l’empereur lui-même. San, chercher à dissimuler les
erreurs de ce qui lui était cher. Stilichon avouait que ces ordres
contradictoires avaient été obtenus par l’intercession de Sérène. La discorde
des deux augustes frères, les fils de son père adoptif, avait affecté trop
vivement peut-être la sensibilité de sa femme, et les sentiments de la nature
l’avaient emporté trop facilement sans doute sur la loi sévère de l’intérêt
public . L’autorité de Stilichon appuya des raisons spécieuses qui
déguisaient faiblement les intrigues obscures de la cour de Ravenne ; et, après
un long débat, il obtint du sénat ne sanction accordée avec répugnance. La voix
du courage et de la liberté garda le silence, et l’on vota, sous le nom de
subside, une somme de quatre mille livres d’or, pour assurer la paix de
l’Italie et conserver l’alliance du roi des Goths. Le seul Lampadius, un des
plus illustres membres de l’assemblée, persista dans son refus ; et après
s’être écrié avec véhémence : Ceci n’est point un traité de paix, mais un
pacte d’esclavage [3516] ,
il évita le danger d’une si audacieuse opposition par une retraite précipitée
dans le sanctuaire d’une église chrétienne.
    Mais le règne de Stilichon tirait à sa fin, et

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