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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Bologne, un conseil des chefs confédérés attachés à sa personne,
et qui devaient craindre de se trouver enveloppés dans sa ruine. Aux armes !
à la vengeance ! furent les premiers cris que fit entendre cette impétueuse
assemblée : ils voulaient marcher sans délai sous les étendards d’un héros qui
les avait si souvent conduits à la victoire ; surprendre, saisir et exterminer
le perfide Olympius et ses méprisables Romains, et peut-être assurer le diadème
sur la tête de leur général outragé. Au lieu d’exécuter une résolution qui
pouvait être justifiée par le succès, Stilichon hésita jusqu’au moment où sa
perte devint inévitable. Il ignorait encore le sort de l’empereur, se méfiait
de son propre parti, et considérait, avec horreur le danger d’armer une
multitude de Barbares indisciplinables contre les soldats et les peuples de
l’Italie. Les chefs, irrités de ses doutes et de ses délais, se retirèrent
frappés de crainte et enflammés d’indignation. A minuit, Sarrus, guerrier de la
nation des Goths, et renommé, même parmi eux, pour sa force et son intrépidité,
entra tout à coup à main armée dans le camp de son bienfaiteur, pilla le
bagage, tailla en pièces les fidèles Huns qui lui servaient de gardes, et
pénétra jusque dans la tente où le ministre inquiet et pensif réfléchissait aux
dangers de sa situation. Stilichon échappa avec difficulté à la fureur des
assassins, et, après avoir fait publier un généreux et dernier avis à toutes
les villes d’Italie de fermer leurs portes aux Barbares, sa confiance ou son
désespoir le conduisit à Ravenne, déjà occupée par ses ennemis. Olympius, qui
exerçait déjà toute l’autorité de l’empereur, apprit bientôt que son rival
s’était réfugié dans l’église de Ravenne. Bas et cruel, l’hypocrite Olympius
était également incapable de remords et de compassion, mais voulant conserver
une apparence de piété, il tâcha d’éluder les privilèges d’un asile qu’il
feignait de respecter. Le comte Héraclien, suivi d’une troupe de soldats, parut
au point du jour devant les portes de l’église de Ravenne ; et un serment
solennel persuada à l’évêque que l’empereur avait seulement ordonné de
s’assurer de la personne de Stilichon ; mais dès que l’infortuné ministre eut
passé le seuil consacré, le commandant perfide montra la sentence qui le
condamnait à mourir sur-le-champ. Stilichon souffrit avec tranquillité les noms
injurieux de traître et de parricide, réprima le zèle inutile de sa suite prête
à mourir pour le sauver, et tendit le cou au glaive avec une fermeté digne du
dernier général des Romains [3519] .
    La foule servile du palais, qui avait si longtemps adoré la
fortune de Stilichon, affecta d’insulter à son malheur, et la liaison la plus
éloignée avec le grand-maître de l’Occident, considérée peu de jours avant
comme un moyen de parvenir aux honneurs et aux richesses, fut désormais
désavouée avec soin et punie avec rigueur. Sa famille, unie par une triple
alliance à celle de Théodose, se voyait réduite à envier le sort des derniers
habitants des campagnes. Son fils Eucherius fut arrêté dans sa fuite, et la
mort de ce jeune homme innocent suivit de prés le divorce de Thermantia, qui
avait pris la place de sa sœur Marie, et avait conservé, comme elle, sa
virginité dans le lit impérial [3520] .
L’implacable Olympius persécuta tous ceux des amis de Stilichon qui avaient
échappé au massacre de Pavie, et employa les plus cruelles tortures pour leur
arracher l’aveu d’une conspiration sacrilège. Ils moururent en silence. Leur
fermeté justifie le choix [3521] de leur protecteur, et prouve peut-être son innocence ; le despotisme qui,
après lui avoir ôté la vie sans examen, a flétri sa mémoire sans preuves, n’a
aucun pouvoir sur le suffrage impartial de la postérité [3522] . Les services
de Stilichon sont grands et manifestes ; ses crimes, vaguement énoncés par la
voix de la haine ou de l’adulation, sont pour le moins douteux et
invraisemblables. Quatre mois environ après sa mort, un édit publié au nom
d’Honorius, rétablit entre les deux empires la communication si longtemps
interrompue par l’ennemi public [3523] .
On accusait le ministre, dont la gloire et la fortune étaient liées avec la
prospérité publique, d’avoir livré l’Italie aux Barbares qu’il avait vaincus
successivement à Pollentia, à Vérone et

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