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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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été capables de se sauver elles-mêmes ou de protéger leurs crédules
prosélytes [3633] .
    C’est avec justice qu’on applaudit à de rares et extraordinaires
exemples de vertus donnés par les Barbares dans le sac de Rome ; mais
l’enceinte sacrée du Vatican et les églises des apôtres ne pouvaient contenir
qu’une petite portion du peuple romain. Des milliers de soldats, et
principalement les Huns qui suivaient les drapeaux d’Alaric, ne connaissaient
ni la foi ni peut-être le nom du Christ ; et nous pouvons même présumer, sans
manquer à la charité ou à la bonne foi, que dans ces moments de licence et de
désordre, où les passions enflammées avaient la force de se satisfaire les
Goths chrétiens ne se conduisirent pas tous selon les préceptes de l’Évangile.
Les écrivains les plus disposés à exagérer leur clémence, avouent qu’un grand
nombre de Romains furent massacrés [3634] ,
et que les rues étaient remplies de cadavres que la consternation générale
laissait sans sépulture. Le désespoir des citoyens se changeait quelquefois en
fureur ; et lorsque les Barbares éprouvaient la moindre résistance, le
châtiment s’étendait jusque sur le faible et sur l’innocent désarmé. Quarante
mille esclaves, exercèrent, sans pitié et sans remords, leur vengeance
personnelle ; et les traitements ignominieux qu’ils avaient reçus furent expiés
par le sang des familles les plus coupables ou les plus accusées de cruauté
envers eux. Les matrones et les vierges de Rome essuyèrent des insultes plus
affreuses pour la chasteté que la mort même ; et l’historien ecclésiastique
nous a conservé d’une d’entre elles un exemple de vertu qu’il offre à
l’admiration de la postérité [3635] .
Une dame romaine, d’une grande beauté et d’une piété orthodoxe, avait enflammé
par sa vue les désirs impétueux d’un jeune barbare, que Sozomène a grand soin
de nous faire connaître pour un arien. Irrité de sa résistance, il tira son
épée, et, avec la colère d’un amant, lui fit au cou une blessure légère.
L’héroïne vit couler son sang, mais n’en continua pas moins à braver le
ressentiment et à repousser les entreprises de son ravisseur, qui renonçant
enfin à d’inutiles efforts, la conduisit respectueusement dans le sanctuaire du
Vatican : il donna même six pièces d’or aux gardes de l’église, à condition
qu’ils la rendraient à son mari sans lui faire la moindre insulte. Ces traits
de courage et de générosité ne se multiplièrent pas à un certain point. La
brutale lubricité des soldats consulta peu les devoirs et l’inclination de
leurs captives, et les casuistes agitèrent sérieusement une question assez
singulière. Il s’agissait de décider si les victimes violées, malgré leurs
efforts pour s’en défendre, avaient perdu, par un crime commis sans leur
consentement, la glorieuse couronne de la virginité [3636] . Les Romains
essuyèrent des pertes d’un genre moins arbitraire et d’un intérêt plus général.
On ne peut supposer que tous les Barbares fussent continuellement disposés au
crime du viol ; et le manque de jeunesse, de beauté ou de chasteté, mettait
beaucoup de Romaines à l’abri de la violence : mais l’avarice est une passion
universelle et insatiable, dont les succès peuvent procurer toutes les sortes
de jouissances que les hommes sont capables de désirer. Dans le pillage de
Rome, l’or et les diamants obtinrent une juste préférence, comme offrant une
plus grande valeur que tous les autres objets sous un volume et un poids
beaucoup moins considérables ; mais lorsque les plus diligents eurent enlevé
ces richesses portatives, on en vint bientôt à dépouiller brutalement les
palais de leurs magnifiques et coûteux ameublements. L’argenterie et les robes
de pourpre et de soie étaient jetées en tas dans les chariots qui suivaient
l’armée des Goths ; les plus parfaits chefs-d’œuvre de l’art étaient brisés par
maladresse ou détruits par plaisir. On fondit des statues pour en retirer le
métal ; et plus d’une fois, dans le partage du butin, des vases furent mis en
morceaux d’un coup de hache d’armes. L’acquisition de ces richesses ne servit
qu’à enflammer l’avidité des Barbares, et ils employaient les menaces, les
mauvais traitements et les fortunes, pour forcer les citoyens à découvrir
l’endroit qui recélait leurs trésors [3637] .
L’apparence du luxe et de la dépensé leur

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