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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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adoucit l’infortune des
exilés et des captifs ; mais la famille même de Proba ne fut point à l’abri de
l’avide oppression du comte Héraclien, qui, par un honteux trafic, prostituait
aux désirs ou aux vues intéressées des marchands de Syrie l’alliance des plus
nobles filles des familles romaines. Les Italiens fugitifs se dispersèrent dans
les provinces le long des côtes de l’Égypte et de l’Asie, jusqu’à
Constantinople et Jérusalem ; et la ville de Bethléem, la résidence solitaire
de saint Jérôme et de ses nouvelles converties, se trouva rempli d’illustres
mendiants, des deux sexes et de tous les âges, qui excitaient la compassion par
le souvenir de leur ancienne opulence [3647] .
L’affreuse catastrophe de Rome répandit dans tout l’empire la crainte et la
douleur. Le contraste touchant de la grandeur et de la misère disposait le
peuple à exagérer le malheur de la reine des cités. Le clergé, qui appliquait
aux événements récents les métaphores orientales des prophètes, était
quelquefois tenté de confondre la destruction de la capitale avec la
dissolution du globe.
    Il existe chez tous les hommes un penchant à se grossir les
malheurs du temps où ils vivent, et à en dissimuler les avantages. Cependant,
lorsque le calme fut un peu rétabli, les plus savants et les plus judicieux des
écrivains contemporains furent obligés d’avouer que le dommage réel occasionné
par les Goths était fort au-dessous de celui que Rome avait souffert dans son
enfance [3648] ,
lorsque les Gaulois s’en étaient emparés. L’expérience de onze siècles a fourni
à la postérité un parallèle bien plus singulier ; et elle peut affirmer avec
confiance que les ravages des Barbares, qu’Alaric conduisit des bords du Danube
en Italie, furent bien moins funestes à la ville de Rome que les hostilités
exercées dans cette même ville par les troupes de Charles-Quint, qui
s’intitulait prince catholique et empereur des Romains [3649] . Les Goths
évacuèrent la ville au bout  de six jours ; mais Rome, fut, durant neuf mois,
la victime des impériaux, et chaque jour, chaque heure était marquée par
quelque acte abominable de cruauté, de débauche ou de rapine. L’autorité
d’Alaric mettait quelques bornes à la licence de cette multitude farouche qui
le reconnaissait pour son chef et son monarque ; mais le connétable de Bourbon
avait glorieusement perdu la vie à l’attaque des murs, et la mort du général ne
laissait plus aucun frein ni aucune discipline dans une armée composée de trois
nations différentes, d’Italiens, d’Allemands et d’Espagnols. Dans le
commencement du seizième siècle les mœurs de l’Italie présentaient le modèle le
plus accompli de la dépravation humaine, et la réunion des crimes sanguinaires
des nations sauvages aux vices qui naissent parmi les nations civilisées de
l’abus du luxe et des arts. Les aventuriers qui, oubliant tous les sentiments
du patriotisme et les préjugés de la superstition, assaillirent le palais du
pontife romain, doivent être considérés comme les plus scélérats des Italiens.
A cette époque, les Espagnols étaient la terreur de l’Ancien et du Nouveau
Monde : mais un orgueil farouche, une avide rapacité, une cruauté implacable
ternissaient l’éclat de leur haute valeur. Infatigables à la poursuite de l’or
et de la renommée, ils avaient perfectionné, par la pratique, les méthodes les
plus féroces de torturer leurs prisonniers. Parmi les Castillans qui pillèrent
Rome, il se trouvait sans doute des familiers de l’inquisition, et peut-être
quelques volontaires nouvellement arrivés du Mexique. Les Allemands étaient
moins corrompus que les Italiens, moins cruels que les Espagnols et l’aspect
rustique ou même sauvage de ces guerriers ultramontains déguisait souvent un caractère
facile et compatissant : mais, dans la première ferveur d’une réformation
récente, ils avaient adopté l’esprit aussi bien que les principes de Luther.
Ils se plaisaient à insulter les catholiques et à détruite les objets consacrés
aux cérémonies de leur religion ; ils se livraient sans remords et sans pitié à
leur pieuse haine contre le clergé de toutes les classes et de toutes les
dénominations, qui compose la plus grande partie des habitants de Rome moderne,
et leur zèle fanatique aspirait peut-être à renverser le trône de l’antéchrist,
pour purifier par le feu et par le sang les abominations de la

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