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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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faisait supposer une grande fortune,
et ils attribuaient l’apparence de la pauvreté à l’avarice ou à l’économie.
L’obstination avec laquelle quelques Romains avaient souffert les traitements
les plus cruels avant de trahir le dépôt de leurs richesses, devint funeste à
des malheureux que les Barbares faisaient expirer sous les coups de fouet pour
les forcer à déclarer des trésors imaginaires. Les Goths détruisirent ou
mutilèrent quelques édifices de Rome, mais le dommage a été fort exagéré. En
entrant par la porte Salarienne, ils mirent le feu aux premières maisons pour
éclairer leur marche et distraire l’attention des citoyens. Les flammes, que
personne ne s’occupait d’éteindre, consumèrent pendant la nuit des bâtiments
publics et particuliers ; et les ruines du palais de Salluste [3638] offraient
encore, du temps de Justinien, un vaste monument des fureurs et de l’incendie
des Goths [3639] .
Cependant un historien de ce siècle a observé que le feu pouvait difficilement
consumer des couvertures et des poutres de cuivre massif, et que les efforts
des hommes étaient insuffisants pour détruire les fondements des anciens
édifices. Peut-être sa dévote assertion n’est-elle pas tout à fait dénuée de
vérité, lorsqu’il affirme que la colère du ciel suppléa à la faiblesse des
Barbares, et que la foudre réduisit en poussière le Forum de Rome et les
statues des dieux et des héros dont il était décoré [3640] .
    Quel que puisse être le nombre des plébéiens ou des membres
de l’ordre équestre, qui perdirent la vie dans les massacres de Rome, on assure
qu’un seul sénateur périt par le fer des Barbares [3641]  ; mais il
n’est pas aisé de calculer la multitude de ceux qui, d’un état aisé et
honorable, furent réduits en un instant à la situation cruelle de captifs et
d’exilés : Comme l’argent était pour les Barbares d’un usage beaucoup plus
utile que les esclaves, ils fixèrent la rançon de leurs prisonniers indigents à
un prix modique, souvent payé par leurs amis ou par la bienfaisance des
étrangers [3642] .
Les captifs vendus en plein marché ou par convention particulière, auraient pu
reprendre légalement leur liberté, qu’un citoyen ne pouvait ni perdre ni
aliéner [3643] ; mais on sentit bientôt qu’en usant de ce droit, les Romains courraient risque
de leur vie, et que les Goths, en perdant l’espoir de vendre des prisonniers
qui leur étaient inutiles, pourraient être tentés de les massacrer. Un
règlement sage dans la circonstance avait déjà modifié la jurisprudence civile,
en ordonnant qu’ils seraient esclaves durant cinq ans pour acquitter, par leurs
travaux, le prix de leur rançon [3644] .
Les nations qui envahirent l’empire romain avaient chassé devant elles, en
Italie, une multitude d’habitants de provinces affamés et tremblants, et
redoutant plus la famine que l’esclavage. Les calamités de Rome et de l’Italie,
firent chercher à leurs habitants les refuges les plus sûrs, les plus éloignés
et les plus solitaires. Tandis que la cavalerie des Goths répandait la terreur
et la dévastation sur les côtes de la Campanie et de la Toscane, la petite île
d’Igilium, séparée par un canal étroit du promontoire Argentarien, repoussa ou
éluda leurs attaques ; et à une si petite distance de Rome, une foule de
citoyens trouvèrent leur sûreté dans les forêts de ce canton écarté [3645] . Les vastes
patrimoines qu’un grand nombre de sénateurs possédaient en Afrique, offrirent
un asile à ceux qui eurent le temps et la prudence de fuir la désolation de
leur patrie. Parmi ces fugitifs, on remarqua surtout, la noble et pieuse Proba [3646] , veuve du
préfet Petronius. Après la mort de son mari, le plus puissant des sujets de
Rome, elle était demeurée à la tête de la famille Anicienne, et avait défrayé
de sa fortune particulière les dépendes des consulats de ses trois fils.
Lorsque les Goths assiégèrent et emportèrent la capitale, Proba, supportant
avec une résignation chrétienne la perte de ses immenses richesses, s’embarqua
dans un petit vaisseau, d’où elle vit, en naviguant, les flammes qui
consumaient son magnifique palais. Elle se réfugia sur les côtes d’Afrique,
accompagnée de sa fille Læta et de sa petite-fille, vierge célèbre, connue sous
le nom de Demetrias. La générosité avec laquelle cette respectable matrone
distribua les revenus et le prix de ses domaines,

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