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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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temples de Phénicie et l’extinction de l’hérésie dans l’île
de Chypre, étendit son attention pastorale aux missions de Perse et de Scythie
; négocia, par des ambassadeurs, avec le pontife romain et avec l’empereur
Honorius, et appela d’un synode partial au tribunal suprême d’un concile libre
et général. Le génie de cet illustre exilé conservait son indépendance ; mais
son corps était à la merci de ses persécuteurs, qui ne cessaient point
d’exercer leur vengeance en abusant du nom et de l’autorité d’Arcadius [3779] . On expédia un
nouvel ordre de transférer sans délai saint Chrysostome au fond du désert de
Pityus ; et ses gardes obéirent si fidèlement à leurs cruelles instructions,
qu’avant, d’atteindre la côte de l’Euxin, il mourut à Comana, ville du Pont,
dans la soixantième année de son âge (24 septembre 407). La génération suivante
reconnut son mérite et son innocence. La fermeté du pontife romain disposa les
archevêques de l’Orient, honteux sans doute d’avoir succédé aux ennemis de
saint Chrysostome, à réhabiliter la mémoire de ce nom vénérable [3780] . Trente ans
après la mort de saint Chrysostome, à la réquisition du peuple et du clergé de
Constantinople, ses reliques furent transportées de leur obscur sépulcre dans
la ville impériale [3781] .
L’empereur Théodose alla les recevoir, jusqu’à Chalcédoine, et, se prosternant
sur le cercueil, il implora, au nom de ses coupables parents Arcadius et
Eudoxie, le pardon du saint qu’ils avaient persécuté [3782] .
    On peut cependant douter qu’Arcadius eût transmis à son
successeur la tache d’un crime héréditaire. Eudoxie, jeune et belle, méprisait
son mari, et se livrait sans contrainte à ses passions. Le comte Jean jouissait
au moins de la confiance intime de l’impératrice, et le public le nommait le
père du jeune Théodose [3783] .
Le pieux empereur n’en accepta pas moins la naissance d’un fils comme
l’événement le plus heureux et le plus honorable pour lui, pour sa famille et
pour l’empire ; et l’auguste enfant, par une faveur sans exemple, fût revêtu,
dès sa naissance, des titres de César et d’Auguste. Environ quatre ans après
les suites d’une fausse couche enlevèrent Eudoxie dans son printemps, et sa
mort déconcerta la prophétie d’un saint évêque [3784] , qui, au milieu
de la joie et des fêtes publiques, avait hasardé de prédire que l’impératrice
serait témoin du règne long et glorieux de son fils Théodose. Les catholiques
applaudirent à la justice du ciel qui vengeait la persécution de saint
Chrysostome ; et l’empereur fût peut-être le seul qui regretta sincèrement
l’avide et impérieuse Eudoxie. Cette perte particulière l’affecta. Plus que
toutes les calamités publiques [3785]  :
les insolentes excursions des brigands isauriens qui ravageaient depuis le Pont
jusqu’à la Palestine, et dont l’impunité accusait la faiblesse du gouvernement
; les incendies, les tremblements de terre, les sauterelles [3786] et la famine,
fléaux que le mécontentement général était presque tenté d’imputer à
l’incapacité du monarque. Enfin ; dans la trente et unième année de son âge, et
après avoir régné, si l’on peut abuser ainsi de cette expression, l’espace de
treize ans trois mois et quinze jours. Arcadius mourut à Constantinople. Il est
impossible de tracer son caractère, puisque, dans un temps abondant en matériaux
historiques, on ne découvre pas une seule action qui appartienne
personnellement au fils du grand Théodose.
    L’historien Procope [3787] fait briller, à la vérité, dans l’esprit du monarque expirant, un rayon de
prudence humaine ou de prévoyance céleste. Arcadius considérait avec inquiétude
la situation dangereuse dans laquelle il laissait son fils Théodose, âgé de
sept ans, les factions d’une minorité et le caractère ambitieux de Jezdegerd,
roi de Perse. Au lieu de s’exposer à tenter la fidélité de quelque sujet
ambitieux en lui confiant le pouvoir suprême, il osa réclamer la générosité
d’un roi, et mit, par un testament solennel, le sceptre de l’Orient entre les
mains de Jezdegerd lui-même. Jezdegerd accepta, et remplît avec une fidélité
sans exemple, les devoirs de tuteur de Théodose. La sagesse et les armes du roi
de Perse protégèrent l’enfance de l’empereur romain. Tel est l’étrange récit de
Procope ; et Agathias [3788] n’en conteste point

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