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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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donné un moment à Boniface le désir de
se retirer du monde. Le peuple estimait son intégrité, et les soldats
craignaient l’inflexibilité de sa justice, dont nous pouvons citer un exemple
assez bizarre. Un paysan accusa sa femme, au tribunal de Boniface, d’un
commerce criminel avec un soldat barbare : on le remit a l’audience du
lendemain. Dans l’après-midi, le comte, qui s’était soigneusement informé de
l’heure et du lieu du rendez-vous, fit rapidement un trajet de dix milles,
surprit les coupables, punit sur-le-champ le soldat de mort, et imposa le
lendemain silence au mari, en lui présentant la tête de celui qui l’avait
offensé. Placidie aurait pu employer utilement les talents d’Ætius et de
Boniface dans des expéditions séparées ; mais l’expérience de leur conduite
passée aurait du lui indiquer celui des deux qui méritait réellement sa confiance.
Durant le temps de son exil et de ses malheurs, le seul Boniface avait soutenu
sa cause avec une inébranlable fidélité, et avait efficacement employé les
troupes et les trésors de l’Afrique à l’extinction de la révolte. Ætius avait
fomenté cette révolte, et l’usurpateur était redevable à son zèle du secours de
soixante mille Huns accourus des bords du Danube aux frontières de l’Italie. La
prompte mort de Jean le força d’accepter un traité avantageux ; mais ses
nouveaux engagements avec Valentinien ne l’empêchèrent point d’entretenir une
correspondance suspecte et peut-être criminelle avec les Barbares ses alliés,
dont on n’avait obtenu la retraite que par des présents considérables et des
promesses encore plus brillantes. Mais Ætius jouissait d’un avantage précieux
sous le règne d’une femme ; il était présent, ses flatteries artificieuses
assiégeaient assidûment la cour de Ravenne, et, déguisant ses desseins perfides
sous le masque de l’attachement et de la fidélité, il parvint à tromper à la
fois et sa maîtresse présente et son rival absent, par une double trahison
qu’une femme faible et un brave homme ne pouvaient pas aisément soupçonnés.
Ætius engagea secrètement Placidie [3822] à rappeler Boniface de son gouvernement d’Afrique, et conseilla secrètement à Boniface
de désobéir aux ordres de l’impératrice. Il faisait considérer à Boniface son
rappel comme une sentence de mort et peignait à Placidie la désobéissance du
gouverneur comme l’indice certain d’une révolte. Lorsque le crédule et confiant
Boniface eut armé pour défendre sa vie, Ætius se fit un mérite, vis-à-vis de
l’impératrice, d’avoir prévu un événement amené par sa propre perfidie. En
cherchant modérément à s’expliquer avec Boniface sur les motifs de sa conduite,
on aurait ramené à son devoir et rendu à l’État un serviteur fidèle : mais les
artifices d’Ætius s’opposèrent à cette explication, il continua de trahir et
d’irriter ; et le comte, poussé à bout, prit une résolution violente que lui
inspira son désespoir. Le succès avec lequel il évita ou repoussa les premières
attaques, ne l’aveugla point sur l’impossibilité de résister avec quelques
Africains indisciplinés aux forces de l’Occident commandées par un rival dont
il connaissait les talents militaires. Après quelques irrésolutions, derniers
efforts du devoir et de la prudence, Boniface envoya à la cour ou plutôt au
camp de Gonderic, roi des Vandales, un ami sûr, chargé de lui proposer une
alliance, et de lui offrir un établissement avantageux et solide.
    Après la retraite des Goths, Honorius avait repris la
possession précaire de l’Espagne ; en exceptant toutefois la province de la
Galice, où les Suèves et les Vandales s’étaient fortifiés séparément et se
faisaient encore la guerre. Les Vandales étaient victorieux, ils tenaient leurs
rivaux assiégés dans les collines Nervasiennes entre Léon et Oviedo, lorsque
l’approche du comte Asterius força ou plutôt engagea les Barbares à transporter
la scène de la guerre dans les plaines de la Bétique. Il fallut bientôt de plus
puissants secours pour s’opposer aux rapides progrès des Vandales ; et le
général Castinus s’avança contre eux avec une nombreuse armée de Goths et de
Romains. Vaincu en bataille rangée par un ennemi inférieur, Castinus s’enfuit
honteusement jusqu’à Tarragone : cette défaite mémorable a été représentée
comme la punition de son imprudente présomption ; il est

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