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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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perte considérable. Les Barbares victorieux se
répandirent dans les pays découverts ; et Carthage, Hippo-Regius et Cirta,
furent les seules villes qu’on vit se conserver intactes au milieu de
l’inondation.
    L’espace étroit qui s’étend le long de la côte d’Afrique
était couvert des monuments de l’art et de la magnificence des Romains, et l’on
pouvait calculer avec justesse le degré de la civilisation d’un canton par la
distance où il se trouvait de Carthage et de la Méditerranée. Une simple
réflexion suffira pour donner au lecteur une idée de la culture et de la
fertilité de cette province. Le pays était très peuplé ; les habitants se
réservaient une subsistance abondante et ils exportaient tous les ans une si
grande quantité de grains, et particulièrement de froment, que l’Afrique mérita
le surnom de grenier de Rome et de l’univers. En un instant l’armée des
Vandales couvrit les sept fertiles provinces qui s’étendent depuis Tanger
jusqu’à Tripoli. Peut être leurs ravages ont-ils été exagérés par le zèle
religieux, le ressentiment populaire et l’extravagance des déclamations ; mais
si la guerre même la plus loyale entraîne inévitablement la violation presque
continuelle de la justice et de l’humanité, on peut penser quelles doivent être
les hostilités d’un peuple barbare, toujours accompagnées des fureurs de ce
caractère ingouvernable, qui, même dans les temps de paix, trouble
continuellement l’intérieur de leur société. Les Vandales faisaient rarement
quartier où ils trouvaient de la résistance ; la mort de leurs compatriotes
était toujours vengée par la destruction des villes devant lesquelles ils
avaient perdu la vie. Leurs avides soldats faisaient subir à leurs captifs,
sans  distinction de sexe, d’âge ou de rang, toutes sortes de tortures et
d’indignités, pour en arracher la découverte de leurs trésors cachés. La
cruelle politique de Genseric autorisait à ses yeux de fréquentes exécutions
militaires. Emporté par la violence de ses passions, il ne pouvait pas toujours
s’opposer à celles des autres, et les calamités de la guerre étaient augmentées
par la férocité des Maures et par le fanatisme des donatistes. Cependant j’ai
peine à croire que les Vandales aient arraché tous les oliviers et les autres
arbres à fruit d’un pays où ils avaient l’intention de se fixer. Je ne puis pas
non plus me persuader que le stratagème ordinaire fût de massacrer un grand
nombre de prisonniers, au pied des murs des villes qu’ils assiégeaient, dans
l’intention d’infecter l’air et de produire une maladie pestilentielle dont ils
auraient été les premières victimes [3836] .
    Le cœur généreux du comte Boniface était déchiré du
spectacle douloureux des maux qu’il avait causés et dont il ne pouvait plus
arrêter les rapides progrès. Après sa défaite il se retira dans la ville
d’Hippo-Regius où il fut immédiatement assiégé par les vainqueurs, qui le
regardaient comme le véritable rempart de l’Afrique. La colonie d’Hippo ou
Hippone [3837] ,
éloignée d’environ deux cents milles à l’occident de Carthage, avait du le
surnom de Regius à la résidence des rois de Numidie ; et la ville
d’Afrique actuellement connue sous la dénomination corrompue de Bonne conserve
encore quelques restes du commerce et de la population d’Hippone. La
conversation édifiante de saint Augustin [3838] adoucissait les chagrins de son ami Boniface, et l’encourageait dans ses
travaux militaires ; mais cet évêque, le flambeau et l’appui de l’Église
catholique, était alors dans la soixante-seizième année de son âge, et,
expirant doucement le troisième mois du siège, il échappa aux calamités prêtes
à fondre sur sa patrie (28 août 430). La jeunesse d’Augustin, comme il l’a si
ingénument confessé lui-même, n’avait pas été exempte de vices et d’erreurs ;
mais depuis sa conversion jusqu’à sa mort, ses mœurs furent toujours pures et
austères ; il se distingua par son zèle ardent contre les hérésies de
toutes les dénominations, particulièrement celles des manichéens, des pélagiens
et des donatistes, contre lesquels il soutint de perpétuelles controverses.
Lorsque les Vandales brûlèrent la ville quelques mois après la mort de saint
Augustin, on sauva heureusement la bibliothèque qui contenait ses volumineux
écrits ; deux cent trente-deux livres ou traités sur

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