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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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beaucoup plus probable
qu’elle en fut la suite [3823] .
Séville et Carthagène devinrent la récompense ou plutôt la proie de ces féroces
vainqueurs ; et les vaisseaux qu’ils trouvèrent dans le port de Carthagène
auraient pu les transporter facilement aux îles de Majorque et de Minorque, où
les Espagnols fugitifs s’étaient inutilement réfugiés avec leurs familles et
leurs trésors. Le danger de la navigation, et peut-être la vue rapprochée de l’Afrique,
fit accepter aux Vandales les propositions de Boniface ; et la mort de Gonderic
ne fit que rendre cette audacieuse entreprise et plus prompte et plus vive. Au
lieu d’un prince dont la force et les talents n’avaient rien de remarquable,
ils eurent pour chef son frère illégitime, le terrible Genseric [3824] , dont le nom
mérite d’être placé auprès de ceux d’Alaric et d’Attila dans l’histoire de la
destruction de l’empire romain. On représente le roi des Vandales comme étant
d’une taille médiocre, et boiteux d’une jambe par les suites d’une chute de
cheval. Sa manière de s’exprimer, lente et circonspecte, laissait rarement
pénétrer la profondeur de ses desseins. Genséric dédaignait d’imiter le luxe
des nations qu’il avait vaincues ; mais il s’abandonnait à des passions plus
cruelles ; la colère et la vengeance. Son ambition ne connaissait ni bornes ni
scrupules ; guerrier courageux, il n’en savait pas moins faire jouer les plus
secrets ressorts de la politique, soit pour se procurer des alliés utiles, ou
pour semer la haine et la division chez ses ennemis. Presque au moment de son
départ, il apprit qu’Hermanric, roi des Suèves, avait osé ravager ses
possessions en Espagne qu’il se déterminait à abandonner. Irrité de cette
insulte, Genséric poursuivit les Suèves fugitifs jusqu’à Merida, précipita leur
chef et leur armée dans la rivière d’Anas, et revint tranquillement sur le
rivage de la mer embarquer ses troupes victorieuses. Les vaisseaux dans
lesquels les Vandales traversèrent le détroit de Gibraltar, large d’environ
douze milles, furent équipés par les Espagnols qui désiraient ardemment leur
départ, et par le gouverneur d’Afrique qui avait imploré leur redoutable
secours [3825] .
    Notre imagination, accoutumée depuis si longtemps à exagérer
et à multiplier ces essaims guerriers de Barbares que le Nord semblait répandre
avec tant l’abondance, sera étonnée sans doute du petit nombre de combattants
que Genseric débarqua sur les côtes de la Mauritanie. Les Vandales, qui, dans
le cours de vingt ans, avaient pénétré de l’Elbe au mont Atlas, se trouvaient
réunis sous le commandement de leur roi. Son autorité s’étendait sur les
Alains, dont une même génération avait passé des régions glacées de la Scythie
dans le climat brûlant de l’Afrique. Les espérances que présentait cette entreprise
hasardeuse attiraient sous ses drapeaux une foule de braves aventuriers goths,
et des habitants de la province que le désespoir poussait à réparer leur
fortune par les moyens qui l’avaient détruite. Cependant cette réunion de
soldats de différentes nations ne composait que cinquante mille hommes
effectifs et quoiqu’il tâchât d’en augmenter l’apparence en nommant
quatre-vingts chiliarques ou commandants de mille soldats, le supplément
illusoire des vieillards, des enfants et des esclaves, aurait à peine suffi
pour porter la totalité à quatre-vingt mille hommes [3826] ; mais,
l’adresse du général et les troubles de l’Afrique lui procurèrent bientôt une
multitude d’alliés. Les cantons de la Mauritanie limitrophes au grand désert et
à l’océan Atlantique, étaient habités par une race d’hommes farouches et
intraitables, dont le caractère sauvage avait été plus aigri que corrigé par la
terreur des armes romaines. Ces Maures [3827] errants hasardèrent peu à peu de s’approcher du bord de la mer et du camp des
Vandales ; ils durent considérer avec surprise les armes, les vêtements, l’air
martial et la discipline de ces étrangers inconnus qui débarquaient sur leurs
côtes. Le teint blanc et les yeux bleus des guerriers germains devaient, à la
vérité former un contraste bien frappant avec la couleur olivâtre ou noire que
contractent les peuples habitant dans le voisinage de la zone torride. Lorsque
les Vandales eurent vaincu les premières difficultés, qui naissent de
l’ignorance mutuelle d’un langage inconnu, les

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